La présentation du 19e tableau de bord du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) du Grand Est a de quoi rassurer quant à la résilience de l’économie régionale en 2022. Tout d’abord, par un record des exportations, qui atteignent 72,5 milliards d’euros, du jamais vu. Un chiffre à analyser toutefois à l’aune de l’inflation. "Il y a incontestablement un effet prix qui joue, à l’import mais aussi à l’export", tempère Jean-Paul Nollet, président du groupe de travail conjoncture au Ceser Grand Est.
L’économiste en veut pour preuve la filière champagne, dont les ventes en volume chutent de 4 % mais prennent 20 % en valeur. Au global, le solde de la balance commerciale du Grand Est atteint 3,3 milliards d’euros, positive mais divisée par deux en un an. Sans surprise, l’automobile (8,9 milliards d’export en 2022) et le domaine pharmaceutique (6 milliards) trustent le palmarès des filières industrielles exportatrices.
La croissance de l’emploi perdure
Côté emploi, l’embellie régionale est nette avec un solde positif de 17 148 emplois en 2022. "Dans certains bassins d’emplois, notamment en Alsace, nous sommes presque au plein-emploi", souligne Nicolas Brizion, chargé de mission au Ceser Grand Est. Un retour à l’emploi marqué à l’est de la région, ce qui dessert le voisin allemand avec une décrue notable des travailleurs frontaliers (un millier de personnes en moins, soit une chute de 35 % depuis dix ans).
À une autre frontière plus au nord, la dynamique est tout autre. Le Luxembourg continue plus que jamais d’attirer les travailleurs du Grand Est. Sur les 15 000 emplois créés dans le Grand-duché chaque année, presque la moitié est accaparée par les Français, chiffre en augmentation depuis l’autorisation pour les non-nationaux de briguer des postes dans la fonction publique luxembourgeoise. "Nous allons vers les 210 000 frontaliers en 2023, et l’axe RER Nancy Luxembourg va simplifier la mobilité", appuie Jean-Paul Nollet.
Défaillances en hausse, créations d’entreprises stables
Côté santé des entreprises, si les défaillances sont en hausse, il s’agit plus d’une normalisation que d’une hécatombe, comme nous l’avions analysé dans nos colonnes début 2023. Nous assistons à un retour à des niveaux pré-Covid. "Bien qu’avec les hausses sur les intrants et sur l’énergie les marges, notamment dans les filières industrielles, se resserrent", pointe l'économiste.
Une autre donnée importante tient dans l’augmentation du nombre d’immatriculations de sociétés, dont la part relative augmente par rapport aux créations d’entreprises individuelles et de microentreprises. "C’est un signal positif pour l’avenir car les sociétés perdurent davantage dans le temps que les créations individuelles", souligne Jean-Paul Nollet. Selon lui, "l’économie du Grand Est montre une belle résistance face aux incertitudes et marque un cap positif."
