Chausséa : Prendre pied sur le marché en ligne

Chausséa : Prendre pied sur le marché en ligne

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Depuis les étals des marchés lorrains jusqu'aux 216 magasins ouverts à travers la France, l'histoire de Chausséa ressemble bien à une «success story». L'entreprise, qui vient de fêter ses 25 ans, veut écrire un nouveau chapitre en ligne, en vendant ses collections sur internet. Jean-François Michel
— Photo : Le Journal des Entreprises

«C'était vraiment dur», lâche Gaëtan Grieco, président de la société Chausséa, en évoquant ces débuts, à 17 ans, sur les marchés autour de Valleroy, en Meurthe-et-Moselle. «Joeuf, Longwy, Villerupt... On faisait jusqu'à trois tournées.» Incité «par hasard» à se lancer dans la chaussure par un fournisseur italien, Gaëtan Grieco fait immédiatement preuve d'un sens aigu des affaires. Premier magasin, premier entrepôt, le succès est au rendez-vous. «Le tournant, c'est en 1987 que nous l'avons pris», détaille Gaëtan Grieco. «Nous avons acheté une première cellule à Fameck. Il a fallu emprunter 50.000francs au banquier et mon père s'est porté caution.» Les éléments qui feront le succès de l'enseigne Chausséa sont déjà là: un positionnement «premier prix», un magasin à proximité des grands centres commerciaux. La concurrence est déjà installée, avec des enseignes comme la Halle aux Chaussures ou encore Distri'Chauss. En 99, l'entreprise a l'occasion de gagner une dimension supplémentaire: elle ne manquera pas cette opportunité. «Certains de nos concurrents, alors qu'ils étaient déjà présents en périphérie, ne croyaient pas trop au concept», précise Gaëtan Grieco. Pourtant, il est porteur: en 2000, Chausséa, qui s'appelle encore Groupe VGM, rachète les onze magasins du groupe Reno. Étape suivante en 2003, avec le rachat des 20 magasins de l'enseigne Fallay, puis en 2006, avec l'absorption des 83 magasins Multichaussures, du groupe belge Euroshoes.




Développement rapide

«Nous sommes passés très rapidement d'une vingtaine de magasins à plus de 80», détaille Michel Grieco, directeur général de Chausséa. Derrière, la logistique doit suivre: en 2006, Chausséa installe ses stocks dans les 23.000m² de la plateforme logistique d'Ennery. Capable de traiter jusqu'à 20.000 colis par jour, l'entrepôt affiche une organisation au millimètre: «Nous avons commencé de manière très rudimentaire, en étiquetant à la main», explique Mario, le responsable de la plateforme. Aujourd'hui, le suivi est entièrement informatisé, la gestion des espaces de stockage et le réassort des 216 magasins sont gérés en temps réel par informatique. «Nous livrons l'ensemble de nos magasins deux fois par semaine», précise le responsable de la plateforme. Une trieuse à «six chutes» permet de préparer six livraisons en même temps: automatiquement, des cellules lisent les codes barres et orientent les colis vers le bon camion.




Du croquis au produit

Changement d'ambiance au siège, à Valleroy. Dans une odeur de cuir, face à de larges écrans, une petite cellule est chargée de suivre les tendances et de dessiner les modèles qui déclencheront l'irrépressible envie d'achat. «Les marques propres de Chausséa sont Coba, orienté sport, et Free Code, plutôt urbanwear», explique Paul Vigouroux, designer chez Chausséa. Après un premier croquis sur papier, le dessin de la chaussure est affiné par ordinateur, en tenant compte des contraintes techniques. En 2010, Chausséa va relever un nouveau défi: la vente en ligne. «Il y a encore trois ans, je ne voulais pas en entendre parler», assure Gaëtan Grieco. «Mais il faut maintenant y aller». Quand exactement? «Courant 2010, c'est sûr», tranche le président. Pour s'adapter, il faudra réorganiser 8.000m² d'entrepôt et «réinventer beaucoup de choses», confirme Michel Grieco. Pour assurer le succès, la méthode Chausséa est finalement la «même depuis le début», assure Michel Grieco. «S'adapter, toujours et encore s'adapter».