Verteego est en train d’installer l’intelligence artificielle au cœur du fonctionnement des grands groupes et des ETI. Le logiciel de cette PME de 30 salariés installée à Paris et Nantes permet de prédire les ventes et la demande, et donc d’ajuster les stocks et d'améliorer la gestion des entrepôts. « En analysant toutes les données récoltées sur les marchandises et leur flux, nous sommes capables de dire ce qui va se passer dans les 10 à 30 jours à tous les niveaux de la chaîne de distribution », explique le Nantais Clément Guillon, cofondateur de Verteego avec Rupert Schiessl, qui lui pilote les bureaux parisiens. L’éditeur de logiciel qui ne précise pas son CA anticipe un doublement de son activité en 2019 et une production encore multipliée par deux en 2020.
En mode SaaS
Car la demande est là. Verteego travaille pour une filiale du groupe Casino et d’autres acteurs de l’agroalimentaire qui préfèrent rester discrets. Mais aussi avec de plus en plus des grands groupes industriels du textile, de l’ameublement, de la santé ou du luxe. « Ils ont la même problématique que dans la distribution avec beaucoup de références, de stocks à gérer, avec des cycles de production », poursuit Clément Guillon. Verteego compte ainsi une trentaine de clients et en gagne en ce moment cinq par mois. Elle leur vend une solution sur étagère, en mode SaaS. Cela fait trois ans que la PME s'est portée sur ce créneau de l'IA, après avoir travaillée pendant 7 ans sur un logiciel mesurant l'impact environnemental et social des entreprises.
Avec l’un de ces clients, Proservia, une filiale du groupe Manpower, Verteego a signé une joint-venture, non pas pour prédire les ventes cette fois, mais pour fluidifier le support IT et automatiser les demandes de maintenance émanant de la marque nantaise Proservia. « Quand un client appelle le service pour un problème de wifi, d’ordinateur, l'assistant cognitif se charge de trouver des ressources via le support IT », précise Clément Guillon.
Se différencier du géant Google
Service IT, agroalimentaire, industries, sur chacun de ces secteurs Verteego veut se spécialiser. « Plus on a de clients sur le même secteur, plus on accumulera de connaissances pour nos modèles et on pourra améliorer nos prévisions », explique Clément Guillon. C’est comme cela qu’il compte faire la différence face à la force de frappe des IA développées par le mastodonte IBM sans compter les 350 autres entreprises françaises qui travaillent aussi sur l'IA en France.
Sur le terrain, l’entreprise qui est engagée au sein de l’association NaonedIA pour développer des projets en open source sur l’IA de manière éthique, responsable et transparente, tente d’évangéliser les bonnes pratiques. C’est elle qui a travaillé, en collaboration avec d'autres acteurs nantais, sur un logiciel open source qui prédit l’évolution des prix de l’immobilier nantais. « On n’éduque pas assez les gens sur ce sujet de l’IA », remarque Clément Guillon. Lui le voit au quotidien : sur ce sujet, les PME ne semblent pas aussi matures que les grands groupes et les ETI. Il leur conseille de travailler sur « le patrimoine de leurs données » qui « est le carburant de l’algorithme »
