Numérique : La Vendée muscle son jeu
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Numérique : La Vendée muscle son jeu

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Construction prévue de 3.000 km de fibre optique, d'un réseau électrique intelligent, création de pépinières d'entreprises, candidature au labelFrench Tech... Question numérique, la Vendée muscle son jeu. D'aucuns disent qu'elle comble son retard. Il faut dire que son bassin économique rural et diffus complique un peu la tâche.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Près de 3.000 km de fibre optique, c'est ce que la Vendée s'apprête à construire entre 2016 et 2020, afin d'étendre l'internet très haut débit. Début avril, l'annonce a été faite conjointement par le Département et le SyDEV. 4.000 entreprises supplémentaires auront accès à ces nouveaux tuyaux. Sans compter celles de La Roche-sur-Yon et des Sables d'Olonne dont le raccordement se fera, en parallèle, directement par Orange.

90 M€ pour la fibre optique
Coût global du projet : plus de 90 millions d'euros, financés à plus de la moitié par le Département et les communautés de communes. La Région, l'État et l'Europe apportant le reste. Dans le détail, ce déploiement doit progressivement couvrir les 13 villes principales du département. À Challans, Montaigu, l'île d'Yeu et Fontenay-le-Comte, le début des travaux a été fixé à l'an prochain.

« 50 % des lignes éligibles au très haut débit en 2020 »
En incluant l'amélioration des infrastructures en cuivre, « entre 50 % et 60 % des lignes auront accès au très haut débit en 2020 », estime Sébastien Milcent, chargé de communication et de commercialisation chez Vendée Numérique, qui pilote le programme. Et les entreprises pourront « se voir garantir 30, 50 ou 100Mb voire peut-être même 1Gb avec une ligne dédiée, c'est-à-dire non mutualisée, un débit symétrique etc. », promettent les élus. Quid des futurs tarifs d'abonnement ? « L'idée sera d'atteindre des prix d'abonnements abordables, entre 250 et 400 euros par mois, selon les formules », précise Sébastien Milcent.

Terre de Smart Grid
De plus en plus, la Vendée cherche à muscler ses infrastructures numériques. Autre exemple, un vaste démonstrateur de réseau électrique connecté, lancé par ERDF et le SyDEV est en cours d'installation (28 M€ d'investissement), qui doit permettre d'adapter les consommations aux pics de production d'énergies renouvelables. La Vendée aura aussi un rôle moteur dans le lancement de son grand frère, le réseau Smile, qui va être déployé entre 2017 et 2019 en Bretagne et Pays de la Loire (300 millions d'euros d'investissement).

Création de pépinières
Là aussi, la Vendée monte en puissance. Déjà des hôtels d'entreprises ou pépinières font le plein, comme la « Loco Numérique » à La Roche-sur-Yon ou le pôle Greentech des Herbiers. Près de l'hôpital des Sables, le pôle Numerimer émerge autour du data center. La communauté de communes de Montaigu-Rocheservière réfléchit à un projet de tiers lieu (de type pépinière, fablab ou espace de coworking).

Entreprises impatientes
Progrès ou besoin rattraper son retard ? D'aucuns se posent toutefois la question. Côté professionnels beaucoup attendaient de pied ferme la montée en débit. Quand on lui demande des exemples, le député Alain Leboeuf sourit : « Je veux bien, mais on va y passer la nuit ! ».

Comme Monroc (42 salariés), fabricant d'essieux pour le machinisme agricole, basé à Saint-Etienne du Bois. « Faute de débit suffisant, impossible de mettre nos données sur le « cloud ». Du coup il faut s'équiper avec des serveurs en propre, dans une salle spécifique climatisée, etc. Or la différence de coût informatique varie presque du simple au double entre ces deux solutions, confie Olivier Croix, son dirigeant. Récemment, il a fallu racheter des serveurs neufs. On s'est demandé si on n'allait pas externaliser une partie de notre bureau d'études... Ou bien tirer nous-même la fibre à partir du noeud de réseau le plus proche, situé à 15 km ».



Besoin d'attirer des start-up
Pas du tout véhément, il concède que « ce qui fait la force de la Vendée, sa masse d'entreprises disséminée sur tout le territoire et non pas concentrées sur une métropole, devient une faiblesse quand il s'agit d'infrastructures, car il faut raccorder partout... ». Autre exemple, au Château du Boisniard, les maîtres des lieux, Louisianne et Jean-Michel Mousset ont envoyé un message tweeter au député vendéen Alain Leboeuf pour l'alerter sur l'insuffisance du débit.

Questionné sur l'essor du numérique en Vendée, le président du conseil de surveillance des transports Mousset attend plus. « Lors d'une récente réunion des élus de la CCI, on est arrivé à la conclusion qu'il y avait un manque de start-up, confie-t-il. Comparé aux grandes villes françaises. Mais quand on voit le poids de notre industrie, derrière on devrait aussi être à la pointe du numérique... Ne serait-ce que pour garder un coup d'avance sur la concurrence. »

Espérant qu'en cas d'obtention du label French Tech (voir notre article à ce sujet), les entreprises puissent se fédérer pour avancer, il fait d'ores et déjà des propositions. « Pourquoi ne pas incuber des start-up dans nos entreprises ? Moi-même j'y songe, suggère le Vendéen. Ou bien les héberger dans des lieux d'accueils spécifiques qu'on financerait à plusieurs entreprises, pour multiplier les Loco numériques». La Vendée, future terre des start-up à la campagne ?

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