L a vague du numérique s'immisce toujours plus dans le quotidien. Dans ses usines de La Roche-sur-Yon, le groupe Atlantic (5.300 salariés) met au point des radiateurs intelligents, connectés entre eux et même pilotables à distance, depuis un smartphone. Cette dernière application sera disponible en juillet. « Concrètement, je peux allumer ou couper le chauffage à distance, connaître la température du foyer, visualiser les consommations du logement pièce par pièce etc. », présente Thierry de Roquemaurel, l'un des directeurs généraux. Dotés de détecteurs de présence, ces appareils de nouvelle génération baissent le niveau de chauffage ou s'éteignent d'eux-mêmes, lorsqu'ils constatent que la maison est vide ou qu'une fenêtre est ouverte.
Le radiateur s'adapte à votre rythme de vie
Grâce à la connectivité, si l'un des radiateurs capte la présence de quelqu'un dans un coin de la pièce, il communique l'information aux autres qui se déclenchent de concert. « Le système va même plus loin car il peut s'autoprogrammer en fonction des rythmes de vie de chacun, poursuit Thierry de Roquemaurel. S'il remarque que la maison vit en général entre midi et 14 h, le soir et le mercredi après-midi, il se déclenchera à ces moments précis. »
Numérique et économies d'énergies
« Ce système de chauffage permet une économie de 50 % par rapport aux anciens modèles », assure-t-on au sein de l'entreprise. Numérique, systèmes hybrides (comme les chauffe-eau thermodynamiques), économies d'énergie et qualité de l'air font partie des principaux axes d'innovation d'Atlantic.
1.000 salariés à La Roche-sur-Yon
À La Roche-sur-Yon, les usines d'Atlantic ont sorti l'an dernier 1,2 million de radiateurs et sèche-serviettes, plus quelque 700.000 chauffe-eau classiques ou thermodynamiques (c'est-à-dire couplés à une pompe à chaleur). Une unité voisine fabrique in situ les cartes électroniques et logiciels utilisés. « 60 à 80 % de la production sont intégrés selon le type d'appareil », indique le directeur industriel, Emmanuel Caille. Un pôle R & D ainsi qu'un centre d'appels, gérant 160.000 coups de fil par an, figurent également sur le site yonnais.
Mutation liée à la réglementation thermique
Discret, ce fleuron vendéen expose aujourd'hui davantage son savoir-faire. D'autant que l'industriel, connu pour ses marques Atlantic, Thermor ou encore Sauter, a vu son marché des appareils électriques fortement chuter avec l'entrée en vigueur de la réglementation thermique 2012, « favorisant le gaz et le bois ». La part du chauffage électrique dans le neuf est tombée de 50 % en 2009 à 20 % aujourd'hui. Elle est de 30 % dans la rénovation. « La réponse au problème passe notamment par une montée en gamme et les systèmes connectés », analyse Jean-Dominique Masseron, directeur développement durable chez Atlantic. Un choc en passe d'être amorti, à en croire les intéressés. Après avoir touché le fond l'an dernier, « le chauffage électrique démarre son rebond cette année », annonce Emmanuel Caille.
Habitué aux changements de réglementation
Habitué aux renversements de législations, le président du directoire, Pierre-Louis François relativise par ailleurs l'impact à long terme de la RT 2012 : « Le groupe a depuis longtemps diversifié ses sources d'énergie. Et ce n'est pas la première fois qu'on assiste à un virage réglementaire. À sa création en 1968, Atlantic a débuté avec le chauffage par convecteurs à eau chaude, puis a racheté un spécialiste du fioul et du charbon, l'entreprise Guillot... Avant de devoir fermer un de ses sites et de la mettre en demi-sommeil parce que le programme nucléaire français a lancé l'ère du chauffage électrique... raconte le dirigeant. La difficulté vient surtout de la rapidité avec laquelle les transitions énergétiques s'opèrent, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. »
Le groupe a doublé de taille en 10 ans
Grâce à la variété de ses produits (son catalogue va jusqu'à la climatisation et la ventilation) et grâce sa présence à l'international marquée par des croissances externes (voir encadré ci-dessous), le leader français du génie climatique reste donc en croissance. Au total, l'activité et les effectifs ont doublé en dix ans.
1,3 Md€ de CA en 2015
En Vendée, son principal point d'ancrage, le groupe emploie près de 1.000 personnes à La Roche-sur-Yon, dont 650 dans ses trois usines (contre 420 en 2005) et plus de 300 sur son siège du centre-ville. Fin 2015, le groupe devrait peser plus de 1,3 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Il occupera alors le rang de premier groupe vendéen, à peu près ex aequo avec le groupe Dubreuil.
CHAUFFAGE/CLIMATISATION Face à la baisse du marché des radiateurs et chauffe-eau électriques, l'industriel lance des appareils intelligents et connectés. Pilotables à distance via un smartphone, ils enregistrent les habitudes de vie pour ne se déclencher qu'en cas de besoin.
