Datys : L'usine d'emballage ferme.. : sur une série de polémiques
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Datys : L'usine d'emballage ferme.. : sur une série de polémiques

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IMPRIMERIE L'un des deux sites de New Packaging Solutions, l'usine Datys de Velluire, n'a pas été reprise au tribunal de commerce d'Angoulême. Son autre site basé en Charente, oui. Les salariés crient au scandale.
— Photo : Le Journal des Entreprises

Incompréhension après la fermeture de l'usine d'emballages de Velluire, près de Fontenay. Placé en dépôt de bilan en septembre 2015, New Packaging Solutions (NPS) et ses 85 salariés disposaient de deux sites : Datys en Vendée et Clair'Embal près d'Angoulême. Or seule l'unité charentaise a été conservée.




Pourquoi ce dépôt de bilan ?

« Datys était rentable ces dernières années alors que le site de Soyaux perdait de l'argent

, assure Éric Leys, directeur de Datys et par ailleurs président de la CGPME Vendée. Mon tort aura été de croire en Xavier Sinquin, le patron de NPS, qui n'a jamais été entrepreneur. Il est parti dans une course au volume, en oubliant de dégager des marges

». Les salariés insistent sur le « bon carnet de commande de Datys, encore de 500.000 à 600.000 euros par mois à l'automne, dix fois plus que chez Clair'Embal » Pour eux, la fusion des deux entités en 2015 illustre une stratégie d'aspirer les ressources du site de Velluire. « Pour vous donner un exemple : on nous a vendu une machine de Soyaux

de 15 ans d'âge pour 500.000 euros afin qu'ils puissent investir deux millions d'euros dans

un outil neuf »,



commente

l'un des 36 ex-employés

vendéens. « Début décembre, il y avait encore deux offres de reprise : d'un côté celle d'Éric Leys, accompagné de Philippe de Cambourg, dirigeant de l'imprimeur Placel Chupin, qui prévoyait le maintien de 35 salariés dont 23 en Vendée, avec une offre globale de 600.000 euros. De l'autre, celle de l'entrepreneur breton Jean-Ludovic Foubert qui conservait 31 salariés sur le seul site charentais, pour une offre de 105.000 euros », récapitule, le président de la communauté de commune de Fontenay, Michel Tapon.






Pourquoi l'usine de Velluire n'a pas été reprise ?

Verdict : le tribunal de commerce d'Angoulême a retenu la seconde offre, la seule encore en lice au moment du jugement, qui ne conserve qu'un seul employé sur Velluire, chargé de démonter les machines et de vider le site... Baptisé « le fossoyeur » par ses ex-collègues. Une offre déposée par le patron de deux PME finistériennes d'une trentaine de salariés chacune, fabricantes d'emballages : Argoat Plastiques et Foubert Papiers Plastiques. En cours de route, Éric Leys et Philippe de Cambourg retirent leur offre. En cause, la mise en délibéré du jugement du tribunal de commerce d'Angoulême, décalé du 10 au 17 décembre. Un nouveau délai, après la décision de l'administrateur judiciaire de reporter le dépôt des offres de reprise du 30 octobre à décembre... L'attente de trop pour Éric Leys, qui décide de jeter l'éponge. Ses clients n'attendront pas, assure-t-il. Parmi ses plus gros comptes figurent des fabricants de pâtes alsaciennes, l'industriel Pasquier et ses pitchs et les chocolats Cémoi. Plusieurs réclament ses films plastiques ou papiers en décembre afin de préparer le pic des ventes de Pâques. « Mes gros clients acceptaient de nous suivre à condition de relancer la machine dès le lendemain du jugement. Il faut rappeler que Datys était à l'arrêt depuis début décembre, et qu'on travaillait en général sur des délais de trois à quatre semaines avec l'agroalimentaire », ajoute Éric Leys. Ce dernier assure avoir expliqué, dès le dépôt de son offre en novembre, cette course contre la montre, en demandant à ce que la délibération ait lieu dans la foulée du jugement. Le report a donc été perçu comme une éviction. « Déjà, l'accueil avait été froid. Et après le dépôt de ma toute première offre, le président du tribunal de commerce m'avait fait comprendre en des termes fleuris que conserver un effectif important en Vendée ne suffisait pas, et qu'il fallait se positionner sur Soyaux... », lâche l'ex-directeur de Datys.




« Un choix politique »

Aujourd'hui, certains Vendéens accusent clairement le tribunal de commerce d'avoir privilégié l'emploi charentais. « Le tribunal n'a pas favorisé un projet économique, mais suivi une décision politique. Il y a peut-être eu des pressions, ou peut-être qu'il s'en est mise une lui-même... », se dit Éric Leys. Une accusation que récuse le vice-procureur d'Angoulême, Cyril Vidalie, qui indique ne pouvoir s'exprimer sur le fond, mais rappelle que « la mise en délibéré d'une décision pour donner au tribunal le temps de la réflexion, avant de rendre sa décision dans une affaire complexe, constitue un droit ».






Quid de la reconversion du site ?

Éric Leys s'inquiète aujourd'hui de l'avenir du site charentais, repris au 1e r janvier. « Je vois mal comment un client qui part chez un concurrent, investit au passage dans de nouveaux outillages chez ce dernier

, puisse revenir dans la foulée chez Clair'Embal... J'ajoute que les clients de Datys ne souhaitaient pas travailler le site de Soyaux... Difficile de les récupérer ». Contacté, Jean-Ludovic Foubert n'a pas souhaité s'exprimer.



Aux dernières nouvelles, le Breton aurait décidé d'après certains salariés, de vendre les 10.000 m² de l'usine vendéenne, acquise pour 15.000 euros, à un prix de 600.000 euros... Côté vendéen, reste un sentiment de gâchis, après la chute d'un petit groupe qui pesait 100 salariés en 2013 (pour 20 millions d'euros de CA à l'époque). Et pour ne rien arranger les ex-salariés ont été poussés à bloquer l'entrée au site de Velluire afin de réclamer le rétablissement de leur mutuelle ainsi que le paiement de l'intégralité des salaires de

décem

bre.





Florent Godard

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