Quelles raisons vous ont incité à vendre Connexing, entreprise que vous aviez créée en 2009 ?
J’ai créé Connexing seul et j’ai vécu toutes les étapes de l’aventure entrepreneuriale. La création d’abord, une phase excitante et fatigante où le dirigeant fait tout. Puis, la phase de développement qui a été assez facile pour Connexing. Issus du secteur des télécoms, nous avons au fil des années élargi notre catalogue, des produits hardware aux ordinateurs fixes et portables, casques audio, etc. Tout au long de cette croissance, nous avons eu la volonté de limiter l’impact de notre activité sur l’environnement en luttant contre l’obsolescence programmée des matériels, via la réparation, le recyclage, le reconditionnement… Nous nous sommes également développés à l’export avec des filiales au Benelux et en Italie. Nous avions un projet en Espagne. Malheureusement, cette phase de maturité a coïncidé avec l’arrivée du Covid qui a radicalement changé notre marché.
Que s’est-il passé alors ?
Après une année 2020 euphorique grâce à l’essor du télétravail, nous avons vécu la pénurie de composants et de produits qui ont impacté notre promesse aux clients. Nous sommes entrés dans une phase de décroissance, subie les deux premières années, assumée ensuite avec un plan de départs volontaires qui a fait passer le nombre de nos collaborateurs de 35 à 22 en France. Nous avons maintenu nos effectifs en Belgique et en Italie où la croissance était plus forte. Au total, Connexing emploie une trentaine de salariés pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros. Au cours de cette phase de maturité, nous avons beaucoup expérimenté dans les domaines du management et de la RSE. Nous avons obtenu dès 2019 la labellisation B Corp et avons été les premiers à être immatriculés "entreprise à mission" à Nantes. Mais, ensuite, j’ai pris conscience que je n’avais pas la vision du coup d’après, que je n’avais plus l’énergie pour porter l’ambition de devenir la référence en Green IT d’ici 2025 et de passer à 100 % de matériels reconditionnés. Après réflexion, j’ai donc décidé de céder.
Comment avez-vous procédé ?
J’ai pris contact avec des cabinets de fusion-acquisition en leur demandant de prendre en considération, outre la rentabilité de l’entreprise, son goodwill, c’est-à-dire son capital humain à travers toutes les démarches dont je viens de parler. Ce qui n’a pas forcément été le cas. J’ai aussi été approché par un concurrent français. Mais j’ai préféré entamer un dialogue avec deux sous-traitants en qui je me reconnaissais : des patrons de PME, qui partageaient mes valeurs RSE et avaient de l’énergie pour développer Connexing. Finalement, cela a "matché" avec Sébastien Reverdy, le dirigeant de Betoobe (40 salariés, 5 M€ de CA), une entreprise en forte croissance installée à Saint-Rémy de Provence et présente à Paris, qui édite des logiciels et déploie des flottes de mobiles. Après avoir échangé pendant dix mois, nous avons signé en juin 2023. Il est prévu que j’accompagne la nouvelle entité pendant neuf mois, en tant que vice-président et directeur du développement et de la RSE. Dès juin 2024, le rapprochement de Connexing et de Betoobe devrait se traduire par une marque commune abritant un groupe de green IT. J’ai la satisfaction de voir que mon bébé est respecté.
