Sur les 8 000 m² de bâtiment dont disposent les Ateliers Cini à Tomblaine, dans la métropole du Grand Nancy, une petite cinquantaine de mètres carrés au fond de l’usine sont réservés à l’équipe d’Urbanloop. C’est là que la start-up nancéienne, qui développe un système de transport visant à faire circuler des capsules de deux places sur des rails interconnectés, va passer la phase de l’industrialisation.
Contrat de prestation
"La collaboration était évidente", estime Romain Cini, le dirigeant des Ateliers Cini, fabricant de gabarits de contrôle et d’outillages de production pour les secteurs de l’automobile et l’aéronautique. L’entreprise, qui emploie 50 salariés et pèse aujourd’hui environ 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, est liée avec la start-up Urbanloop depuis septembre 2022 par un "petit contrat de prestation", précise le dirigeant. "Nous fonctionnons un peu à la carte, selon leur taux de charge."
Après l’assemblage de la première capsule, les 20 salariés d’Urbanloop vont lancer la production de douze autres, qui équiperont une boucle de 2,2 km reliant le vélodrome olympique et la piste de BMX olympique au stade Nautique de l’île de loisirs de Montigny-le-Bretonneux (Yvelines) pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. "En 2023, nous prévoyons d’assembler un total de 40 capsules", détaille Jean-Philippe Mangeot, le président d’Urbanloop.
Levée de fonds en vue
Un peu d’espace, de l’énergie, des machines outils, mais surtout des échanges de savoir-faire et des conseils : "Nous allons gagner un an grâce à cette collaboration", estime Jean-Philippe Mangeot. "Mais le vrai gain est financier. Pour disposer d’un bâtiment nous permettant d’industrialiser notre prototype de capsule avec les machines outils nécessaires, c’était au minimum un ticket de 500 000 euros", souligne le dirigeant, qui prépare actuellement une levée de fonds de 3 millions d’euros pour compléter les deux millions d’euros rassemblés jusqu’ici, au cours de trois levées de fonds. Outre les business angels déjà impliqués, le président d’Urbanloop s’apprête notamment à accueillir au capital le fonds régional ILP.
"Nous avons inventé le coworking d’usine", s’amuse Jean-Philippe Mangeot, qui ne s’interdit rien dans la poursuite de la collaboration entre les deux entreprises. Même son de cloche du côté de Romain Cini : "Nous réalisons 80 % de notre chiffre d’affaires dans l’automobile et l’aéronautique. Finalement, avec Urbanloop, nous réalisons une petite diversification dans les mobilités de demain."
Le quotidien, dans l’atelier, ne dément pas l’enthousiasme des dirigeants. "Les deux équipes s’entendent très bien", se félicite Lionel Vuillaume, le responsable de la production des Ateliers Cini, qui évoque déjà la possibilité de réaménager l’espace pour permettre l’assemblage à venir des douze capsules. Au point de perturber la production des Ateliers Cini ? "Pas du tout, les équipes sont très fières de voir avancer le projet dans nos locaux", assure Lionel Villaume. Durement touchés par la crise du Covid-19, les Ateliers Cini retrouvent des couleurs sur leurs marchés et les échanges avec Urbanloop participent à ce renouveau. "Pour l’instant, tout le monde y trouve son intérêt", se félicite Romain Cini. "Et il n’y a aucune raison que ça s’arrête."
