Groupe Rocher : « Une entreprise à mission doit conjuguer performance économique et prise en compte du bien commun »
Témoignage # Chimie # RSE

Groupe Rocher : « Une entreprise à mission doit conjuguer performance économique et prise en compte du bien commun »

S'abonner

A l’occasion du Forum économique breton, Bris Rocher, PDG du groupe Rocher (Yves Rocher, Dr Pierre Ricaud, Petit Bateau...), a détaillé les raisons qui ont conduit le géant de la cosmétique végétale (18 000 salariés, 2,5 Md€ de CA) basé dans le Morbihan à devenir une entreprise à mission, fin 2019.

En décembre 2019, Rocher, dirigé par Bris Rocher, est devenu le premier groupe international à adopter le statut d'entreprise à mission. — Photo : © Baptiste Coupin

« Pourquoi le groupe Rocher est devenu une entreprise à mission ? Nous n’avons fait que régulariser notre situation en quelque sorte. Tout entrepreneur, quand il crée une entreprise, à l’origine, c’est une entreprise à mission. Parce qu’il y a une volonté d’être utile aux yeux du public et de répondre à un besoin qui n’est pas adressé. Ce qui était le cas pour mon grand-père (Yves Rocher, fondateur de l’entreprise morbihannaise, NDLR), en 1959, lorsqu’il a créé la marque Yves Rocher. Il a voulu à la fois offrir une beauté naturelle à base de plantes et il voulait aussi rendre la beauté accessible au plus grand nombre de femmes, puisqu’elle n’était réservée qu’à une élite. Donc, à l’origine même de tout projet entrepreneurial, il y a cette volonté d’être utile au bien commun et donc de prendre part à un combat. Pour moi, une entreprise à mission va conjuguer performance économique et prise en compte du bien commun. Il est essentiel de répondre à cet enjeu sur l’utilité de l’entreprise, puisque c’est ce que le consommateur attend. Mais il est tout aussi important de bien valider son modèle d’affaires, sa rentabilité, la maîtrise de ses coûts… C’est ça qui va assurer la pérennité de l’entreprise à l’instant T.

« Rassurer le client »

Au début, lorsque la loi Pacte est sortie, j’étais un peu négatif en me disant qu’on se déchargeait encore sur les entreprises. Mais j’ai pris du recul et je me suis dit : « Mais à la fin, une entreprise est là pour répondre aux clients. Et qu’est-ce que veut le consommateur ? Il veut de l’authenticité, de la transparence. Il veut que les entreprises s’engagent ». Ne pas le faire, ça peut paraître confortable au début, mais c’est s’exposer davantage. Le monde de l’entreprise a fait preuve ces dernières années d’une grande opacité. Et ce n’est pas la meilleure manière de rassurer le client. Le meilleur moyen d’y répondre c’est probablement à travers l’entreprise à mission.

Photo : DR

Pour moi, on ne peut pas s’arrêter à la raison d’être, il faut aller jusqu’au statut de l’entreprise à mission. Des objectifs vont être fixés. Un comité de mission – sous l’égide du conseil d’administration – va être installé pour produire un rapport au regard de l’état d’avancement de la société. Et tout ça doit être certifié par un organisme tiers indépendant. C’est opposable juridiquement mais c’est ce que veut le client. Donc ne pas le faire, c’est le négliger, ce qui est encore pire de mon point de vue.

« Agir pour le respect de la planète »

Notre raison d’être, en une phrase, c’est de reconnecter les hommes et les femmes à la nature. C’est une raison d’être qu’on est allés puiser dans les racines de la société. Un de nos objectifs singuliers c’est de planter des arbres. On le fait avec nos collaborateurs, nos franchisés, nos fournisseurs, des ONG, des agriculteurs… Cela vous donne envie d’agir pour le respect de la planète. Est-ce que pour autant, ça doit nous dédouaner de diminuer nos émissions de CO² ? Non. Ça, c’est un objectif conventionnel qui doit adresser l’ensemble des entreprises. Un de nos autres objectifs singuliers, c’est de faire de l’ensemble nos sites des refuges de biodiversité à horizon 2030, et pas seulement en Bretagne. C’est un engagement qui est pris. »

# Chimie # RSE