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Equium veut climatiser les navires via l’énergie du son
Nantes # Production et distribution d'énergie # Innovation

Equium veut climatiser les navires via l’énergie du son

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La société nantaise Equium convertit la chaleur en froid en utilisant des ondes acoustiques. Un procédé qu’elle espère pouvoir employer pour climatiser des navires.

— Photo : Florent Godard

Un son peut produire de l’électricité, du froid, voire de la chaleur… Toute la technologie mise au point par le nantais Equium part de là. Dans le circuit, une vapeur ou un liquide chaud arrive à proximité d’un liquide froid. Entre les deux, l’écart de température génère une onde acoustique. Une fois amplifiée dans un gaz neutre, cette vibration peut alors être transformée. Notamment en froid positif ou négatif.

Cet amplificateur ou « moteur acoustique » développé par Equium ouvre une foule d’applications possibles. Pourquoi ne pas s’en servir pour climatiser des navires ? Par exemple. « Aujourd’hui, on utilise des groupes électrogènes pour alimenter les climatiseurs des bateaux, mais leur efficacité reste limitée. 30 % de l’énergie utilisée se dissipe sous forme de chaleur. L’enjeu consiste à récupérer cette chaleur, voire également celle des moteurs de propulsion, afin de s’en servir pour fabriquer du froid », synthétise Cédric François, le dirigeant d’Equium.

Produire du froid à partir de chaleur perdue, donc gratuite, permet de faire des économies d’argent mais aussi d’énergie et d’émissions de CO2. « Avec 100 kW de chaleur à 200 °C, on produit 50 kW de froid à 5 °C », indique l’entrepreneur.

Projet avec les Chantiers de l’Atlantique

Labellisé par le Pôle Mer Bretagne Atlantique, un projet réunit sur ce thème les Chantiers de l’Atlantique, Naval Group et l’École Nationale Supérieure Maritime, autour de la TPE nantaise (7 personnes). Baptisé Antarctica, ce projet collaboratif table sur un budget prévisionnel de 1,2 million d’euros.

Première étape, qui se déroule d’ici à juin : étudier l’intérêt économique du système, son impact écologique et les façons de l’implanter à bord. Une phase soutenue financièrement par la Région des Pays de la Loire. « Si l’étude s’avère concluante, elle débouchera sur la construction d’un prototype, testé sur banc d’essai puis à bord d’un bateau », annonce Cédric François, qui compte sur 18 mois de prototypage avant d’espérer une première vente à l’horizon 2022.

L’industrie minière ciblée aussi

Equium entend adapter pour les bateaux une solution qu’elle a déjà conçue pour produire du froid afin d’améliorer le rendement de groupes électrogènes. Sur cette application, la TPE espère livrer ses premiers produits en fin d’année, à destination de l’industrie, notamment minière, au Moyen-Orient et en Afrique. De quoi récompenser 14 ans de R & D.

L’histoire a en effet débuté au tournant des années 2000. Alors professeur à l’Université Paris-VI, Maurice-Xavier François mène des recherches en cryogénie dans un laboratoire affilié au CNRS et découvre le potentiel de l’énergie sonore. Plus tard, il lance la société Hekyom en Île-de-France, qui planche sur des applications possibles. Six brevets sont déposés et des démonstrateurs élaborés entre autres, pour Airbus. En 2017, le chercheur prend sa retraite et son fils prend le relais à la tête d'Equium. Diplômé de Sup de co Tours, le dirigeant de 50 ans a d'abord travaillé pour des grands groupes avant de fonder une agence d’innovation par le design. Après avoir déménagé l’essentiel de ses équipes à Saint-Herblain afin de se rapprocher des acteurs la navale, il s’apprête donc à mettre ses premiers produits sur le marché. Une activité qui pourrait générer 2 M€ de chiffre d’affaires d’ici 2022.

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