Loire-Atlantique
Benoît Van Ossel (Les Côteaux Nantais) : « La crise a fait exploser la demande pour les produits bio et locaux »
Interview Loire-Atlantique # Agroalimentaire # Conjoncture

Benoît Van Ossel PDG des Coteaux Nantais Benoît Van Ossel (Les Côteaux Nantais) : « La crise a fait exploser la demande pour les produits bio et locaux »

S'abonner

Acteur majeur de la production, de la transformation et de la distribution de fruits et légumes sous le label Demeter, le groupe Exobioterra- Les Côteaux Nantais (190 salariés, 44,4 M€ de CA), basé à Remouillé en Loire-Atlantique, a vu la demande pour ses produits bio exploser pendant la période de confinement. Pour son président Benoît Van Ossel, cela justifie la pertinence d’un modèle fondé sur la résilience alimentaire locale.

Benoît Van Ossel, président du groupe Exobioterra (Les Coteaux Nantais) — Photo : Les Coteaux Nantais

Quel impact a eu la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 sur la demande en produits bio ?

Benoît Van Ossel : Cette crise a accéléré la prise de conscience de la nécessité pour nos sociétés de devenir plus écologiques et plus humaines, d’une économie régénératrice, fondée sur l’optimisation des ressources naturelles et une chaîne de valeur plus juste. En amenant les gens à se poser des questions fondamentales sur la vie et la santé, elle a accentué l’évolution de nos modes de consommation vers une explosion de la demande en produits bio et locaux. Nous avons ainsi vu arriver sur le marché des consommateurs de plus de 50 ans privilégiant les produits locaux, puis bio, puis équitables. Ce « locavorisme » est pour moi la tendance la plus importante. Elle favorise un recentrage sur une agriculture plus humaine et plus proche du terroir. Elle justifie notre modèle de développement fondé sur la résilience alimentaire locale qu’illustre, par exemple, notre choix de recourir à une main d’œuvre saisonnière exclusivement recrutée dans les Pays de la Loire et en Bretagne. Grâce à ce parti pris local, nous n’avons aucun problème pour assurer nos récoltes, à la différence de certains confrères allemands privés de leurs saisonniers roumains ou bulgares.

Ce « locavorisme » est pour moi la tendance la plus importante.

Votre activité a-t-elle été impactée par ces changements dans les modes de consommation ?

Benoît Van Ossel : Toutes les sociétés du groupe ont enregistré une très forte hausse de leur activité, à l’exception de Kerbio, qui livre les restaurants et collectivités, et a perdu 70 % de son chiffre d’affaires. La demande pour les produits transformés bio (confitures, compotes…) de notre filiale Cototerra a augmenté de 35 %, celle pour les produits frais des Coteaux Nantais de plus de 25 %. Le réseau de magasins Biocoop a ainsi doublé ses commandes. Nous avons pu y répondre grâce aux partenariats noués avec des producteurs situés à moins de 150 km de Nantes et rassemblés dans l’association Les Vergers d’avenir. Là encore, on est dans le local et la résilience alimentaire. Sur le Min de Nantes, le chiffre d’affaires de Provinces Bio, distributeur de produits bio, a bondi de 44 % sur deux mois avec le gain de 27 nouveaux clients. Parmi ceux-ci, des clients ne travaillant pas en bio habituellement, mais recherchant des produits bio pour satisfaire la demande. Les Paniers de David, notre activité de livraison de paniers en B to C, est passée de 40 à 80-90 par semaine, multipliant le chiffre d’affaires par six ! Nous avons fait face à ce surcroît d’activité en recrutant, mais surtout grâce à la mobilisation des équipes : les commerciaux sont venus ainsi préparer les commandes de paniers…

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Benoît Van Ossel : Le confinement a révolutionné les modes de distribution avec l’essor du e-commerce. Nous allons aller plus loin dans ce sens en développant le click & collect, les drive fermiers, mais également des ventes à l’exploitation à Remouillé. Les consommateurs aiment voir dans quelles conditions sont cultivés les produits qu’ils mettent dans leur assiette. Nous allons également faire évoluer la composition de nos paniers bio vers un modèle plus complet, intégrant du pain, du poisson de la viande et même des plats cuisinés, en collaboration avec des restaurateurs locaux qui ont accepté de partir en bio avec nous. C’est la tendance actuellement, notamment dans les pays scandinaves où les familles se font livrer des paniers complets pour tous les repas de la semaine. Dans une ville comme Copenhague, il en est livré 34 700 par semaine. Ceci étant, tout n’est pas rose dans le monde de la bio, avec notamment la concurrence pour les petits magasins des produits bio en marque de distributeur ou encore la concurrence de certains pays, qui ne respectent pas un cahier des charges aussi strict que le nôtre.

Loire-Atlantique # Agroalimentaire # Conjoncture