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En pleine forme, l’emploi cadre devrait continuer à battre des records en 2023
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En pleine forme, l’emploi cadre devrait continuer à battre des records en 2023

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La ruée des entreprises sur les cadres ne se dément pas. Au contraire, elle s’intensifie : en 2022, la barre symbolique des 300 000 embauches annuelles a été franchie pour la première fois en France, affirme l’Apec. Et elle devrait encore l’être en 2023. À ceci près que, cette fois, tout le monde n’en profitera pas.

Les cadres peuvent avoir le sourire : les embauches n’ont jamais été aussi nombreuses en France qu’en 2022, selon l’Apec. Et ce boom des recrutements devrait encore se poursuivre cette année — Photo : Drobot Dean

Les entreprises s’arrachent les cadres comme jamais. L’an dernier, elles en ont recruté, au total, 308 300 en CDI et CDD de plus d’un an (+14,6 % sur un an), selon l’Apec. Autrement dit, le précédent record, de 2019, a été largement battu (+9,6 %). Une vraie bonne surprise, alors que l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) avait revu à la baisse ses prévisions pour 2022 dans la foulée de la guerre en Ukraine. Elle s’attendait alors à ce que le pic d’avant-Covid soit, au mieux, égalé, mais certainement pas pulvérisé.

Mieux, les signaux sont restés au vert dans toutes les régions, presque tous les secteurs (sauf la plasturgie et le bâtiment) et sur tous les indicateurs. Les créations de postes (80 200 au total) ont ainsi bondi de 26,3 % en un an (et +7,2 % par rapport à 2019). Dans un contexte de difficultés de recrutement persistantes, les entreprises ont aussi fortement recouru aux promotions internes : 63 600 non-cadres le sont devenus en 2022, du jamais-vu à ce niveau depuis 21 ans !

Vers un record confirmé, mais plus contrasté, en 2023

Et les bonnes nouvelles ne s’arrêtent pas là. D’après les 8 000 entreprises sondées du 14 novembre au 24 janvier avec l’aide de l’institut BVA Inférence, la dynamique de l’emploi cadre devrait se prolonger en 2023, avec un nouveau sommet en vue de 308 800 embauches (+0,2 %). La situation s’annonce toutefois bien plus contrastée, prévient l’Apec, avec, cette fois, des gagnants et des perdants de la conjoncture économique.

Ainsi, le marché sera exclusivement tiré par les "services à forte valeur ajoutée" en général (plus de 174 000 recrutements attendus, soit 3 % de plus qu’en 2022), les activités informatiques et télécoms en particulier (+4 %). Pas vraiment une surprise : "Acteurs centraux des dynamiques et des transformations structurelles en cours, ces secteurs semblent immunisés des aléas", explique l’étude. Cette santé de fer devrait rejaillir sur les deux locomotives traditionnelles de l’emploi cadre sur le territoire, à savoir l’Île-de-France (+3 %) et Auvergne-Rhône-Alpes (+2 %), mais aussi la Région Sud (+2 % également) et les Pays de la Loire (+1 %).

Stabilisation des embauches dans l’industrie

Le reste du secteur tertiaire devrait, quant à lui, échouer à stabiliser son haut niveau d’embauches (-1 %). Et pour cause : il est tiraillé entre la nette reprise du tourisme (+2 % pour l’hôtellerie-restauration et les loisirs) et la morosité ambiante de l’économie (-7 % pour les services aux entreprises, -5 % pour le transport-logistique).

Même écart dans l’industrie (stable sur un an, mais toujours en retrait de son niveau pré-pandémique) : cette fois, le redécollage de l’aéronautique (au bénéfice de l’Occitanie) devrait être annulé par les effets de l’inflation et de la crise énergétique sur de nombreuses filières (plasturgie, chimie, pharmaceutique).

Fortes inquiétudes pour la construction et le nord-est

Enfin, l’Apec se montre franchement pessimiste pour le commerce (-9 %) et la construction (-7 %), pour laquelle elle évoque tout bonnement "un retournement de tendance". Point commun de ces deux secteurs : ils sont en première ligne de la hausse des prix et des difficultés de pouvoir d’achat qui pénalisent la consommation des ménages.

Dans ces conditions, quatre régions devraient connaître une rechute des recrutements de cadres : victimes des difficultés de leur industrie et/ou du BTP, la Nouvelle-Aquitaine (-9 %), la Bourgogne-Franche-Comté (-7 %), les Hauts-de-France (-6 %) et le Grand Est (-3 %) pourraient ainsi retomber, fin 2023, sous le niveau d’embauches qu’ils avaient connu avant la crise sanitaire.

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