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Tawhid Chtioui : « Pour l'EM Lyon, je revois certaines priorités »
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Tawhid Chtioui directeur général d'EM Lyon business School Tawhid Chtioui : « Pour l'EM Lyon, je revois certaines priorités »

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Arrivé en avril dernier à la tête d’EM Lyon business School, le professeur Tawhid Chtioui, docteur en management de la performance, participera vendredi au premier conseil de surveillance de l’école depuis son passage de statut associatif à société anonyme. Il devra convaincre les représentants du fonds Qualium Investissement et de Bpifrance, qui mettent au total 100 millions d’euros sur la table. L’homme réaffirme son style et assume sa différence avec Bernard Belletante, qui fut directeur de l’école de 2014 à 2019. Interview.

Tawhid Chtioui, "je vais proposer au conseil de surveillance de rapatrier le Silex de la Part-Dieu à Ecully d’ici quelques mois" — Photo : Audrey Henrion

Le Journal des Entreprises : Qualium et Bpifrance viennent de signer le closing pour entrer à hauteur de 100 millions d’euros dans le capital d’EM à Lyon. Ils participeront, le 27 septembre, à leur premier conseil de surveillance. Doivent-ils s’attendre à des surprises de votre part ?

Tawhid Chtioui : Évidemment il peut y avoir des idées stratégiques nouvelles. Mais je ne parlerais pas de surprise. Je vois les nouveaux investisseurs depuis le tout premier jour des discussions. Depuis la signature du closing, intervenu début septembre, nous réfléchissons à la mise en œuvre de ma feuille de route. Il y a des sujets dont on discutera le 27 septembre, dans le cadre du processus classique de gouvernance. Certaines décisions dépendent du conseil de surveillance, mais son rôle est bien de valider, et non concevoir, les grandes orientations.

Lors de votre arrivée comme directeur général de l’école, vous avez annoncé vouloir transformer l’EM Lyon, lui donner davantage d'« impact ». Comment se concrétise votre vision ?

T.C. : J’annoncerai prochainement, et dans le détail, le déploiement du programme « Entrepreneurs dans la Ville », qui soutient de jeunes entrepreneurs issus des banlieues, en leur offrant 4 mois de formation à EM Lyon, puis deux ans au sein de l’incubateur. Ce programme va s’étendre à 15 villes en France, grâce à Bpifrance, qui va le financer à hauteur d’au moins 50 %. On passe d’un système reposant jusqu’alors sur des indicateurs chiffrés, à des notions plus larges, mesurant notre impact et la contribution sociétale d’EM Lyon. L’école doit chercher à être un acteur responsable et positif.

Votre prédécesseur Bernard Belletante avait conçu de grands programmes presque iconiques, quand vous misez sur des formations « sur-mesure ». Il a ouvert le Silex et l’on dit que vous voudriez le fermer. Êtes-vous en train d’amorcer un virage à 180° ?

T.C. : Non, pas à 180° ! Par exemple, on garde la globalisation, la digitalisation et le plan sur les nouvelles intelligences. Mais le chemin est différent, je revois certaines priorités. Je vais en effet proposer au conseil de surveillance de rapatrier le Silex de la Part-Dieu à Écully d’ici à quelques mois. Un silex sert à allumer le feu. Il est allumé, on va continuer à l’alimenter.

La bataille à laquelle se livrent les écoles de commerces en France est sans merci. Et on annonce l’arrivée d’antennes de grandes universités américaines dans la capitale. Comment résister à une telle concurrence quand on s’appelle EM Lyon ?

T.C. : En renforçant notre ancrage local. La valeur d’une institution tient dans la richesse de son écosystème - parties prenantes, entreprises, collectivités, associations. Je souhaite que l’on soit davantage impliqué auprès des entreprises locales, proches des préoccupations de nos environnements.

La valeur de l’expérience apprenante passe par là : parmi nos étudiants, un tiers est étranger. Ils exigent de nous une immersion dans une culture française, des interactions avec la ville. Les mettre dans une salle de classe, comme le feront sans doute ces annexes d’universités américaines, n’aurait pas de valeur. Nos étudiants veulent du sens, comprendre le pourquoi des choses.

Retour du Silex à Écully, ancrage local… doit-on s’attendre à un « repli » d’EM Lyon ?

T.C. : Absolument pas. C’est même tout le contraire. Nous allons annoncer, lors des Rencontres Africa (21 au 25 octobre à Casablanca puis à Dakar), l’arrivée d’EM Lyon business school dans 10 villes d’Afrique. Nous avons déjà recruté huit « country managers » pour animer des « mini-Silex » en Côte d’Ivoire, Sénégal, Gabon, Cameroun, Nigeria, Ghana, Éthiopie/Kenya, Tunisie et Madagascar. Il s’agit d’ouvrir des espaces (de 150 à 200 m²) de rencontre, d’apprentissage, d’orientation. Ouverts à nos 7 260 étudiants, ces hubs proposeront des prestations aux entrepreneurs locaux ou européens. Ces formations baptisées « Africa Booster » consisteront en des sortes d’accélérateurs pour entreprises, start-up ou managers. Ils constituent une formidable ouverture vers ce continent, où il y a tant à faire.

En parallèle, on continue d’avancer sur le projet d’ouverture d’un campus en Amérique du Sud. Avec l’arrivée de Bpifrance parmi nos actionnaires, et grâce à son grand réseau d’entrepreneurs dans le monde, nous espérons nous implanter rapidement sur place.

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