La Laiterie de Montaigu est sur le point de prendre pied au Chili. Le fabricant de poudre de lait infantile haut de gamme est en train d'y négocier une alliance technique et commerciale avec une laiterie locale. Pourtant, le marché chilien n'occuperait que 10 % de la capacité de production de la nouvelle unité. Alors, pourquoi le Chili?
La Chine par le Chili
« Parce que ce pays d'Amérique du Sud possède plus de 60 accords de libre-échange dont un avec la Chine, qu'il est membre du Forum de coopération économique de l'Asie Pacifique, qu'il est plus ouvert que le Brésil et qu'il y a une vraie volonté de développer les produits transformés », résume Arnaud Leurent, directeur du développement international, Global Approach Consulting, et conseil de la Laiterie de La Montaigu. Le marché mondial de la poudre de lait infantile est en croissance de 11 % depuis plusieurs années, tirée par la demande des pays asiatiques, il est estimé à six milliards de dollars. Pour la PME vendéenne, le Chili sera comme un cheval de Troie pour l'Asie et l'Amérique du Sud!
L'expérience chinoise
La laiterie n'en est pas à son coup d'essai à l'export. En 2007, Isabelle Sablereau et Sophie Born, la troisième génération à la tête de la Laiterie de Montaigu, lancent une stratégie de développement à l'international, après avoir positionné la PME sur le marché de la poudre de lait infantile.Dans le même temps, la laiterie familiale est repérée par le distributeur chinois Biostime. En effet, l'entreprise vendéenne a acquis une notoriété internationale en développant, avec l'Inra de Rennes, un outil de modélisation des paramètres de séchage. Si bien qu'en 2007, Biostime choisit la laiterie vendéenne comme partenaire industriel exclusif pour fabriquer de la poudre de lait infantile.Éric Blanchard, directeur général de la Laiterie de Montaigu, raconte : « C'était une surprise! On m'avait dit : soit humble et ne juge pas. J'ai appliqué ces conseils. Le projet était très surprenant, à l'inverse des tendances du moment : Biostime, qui comptait à l'époque 100 personnes et huit ans d'existence, voulait des poudres de lait haut de gamme ».
L'effet booster
Quelques mois après ce partenariat, le scandale des laits mélaminés éclate en Chine. Cet épisode a des conséquences directes pour la Laiterie de Montaigu. L'accélération des ventes des poudres de lait est forte, les commandes affluent, les volumes doublent chaque mois jusqu'à saturer l'usine vendéenne. « En six mois, nous avions atteint les objectifs export que nous nous étions fixés à cinq ans », relate Éric Blanchard.Si cette première expérience internationale a été plus subie que choisie, la PME réalise depui 40 à 50 % de ses ventes dans une quinzaine de pays comme le Vietnam, le Brésil ou l'Indonésie. Grâce à l'international, elle est devenue une ETI de 200 personnes, réalisant 180 millions d'euros de chiffre d'affaires, a plus que triplé sa rentabilité et investit 30 millions d'euros pour porter la capacité de production de son usine de Montaigu de 15.000 à 25.000 tonnes par an.
Laiterie de Montaigu
(Montaigu)Dg : Éric Blanchard200 salariésCA : 180 M€02 51 45 65 00
