La créatrice
Priscille Charton, 39 ans, a travaillé pendant douze ans dans l’industrie cosmétique avant d’entreprendre. Diplômée d’une école de commerce à Grenoble, elle a d’abord travaillé pendant six ans dans l’innovation produit de marques internationales de maquillage du groupe Coty. Rattachée à l’équipe "global marketing", elle a participé à la conception de nouveaux produits, en relation avec les laboratoires et ingénieurs packaging.
Elle a ensuite pris une année sabbatique pour faire le tour de l’Atlantique en bateau avec son époux. "J’avais déjà une conscience écologique. Mais j’ai vu flotter tellement de choses au milieu de l’océan, que la dissonance a été très forte avec le monde de la cosmétique", raconte Priscille Charton.
Quand elle rentre à Paris, elle a bien envie de concevoir des produits plus écoresponsables, mais un grand groupe manque d’agilité… "L’arrivée de mes enfants a accéléré mon envie et l’urgence de faire les choses différemment", indique-t-elle. Après avoir définitivement quitté Coty, elle suit une formation à Cambridge portant sur la durabilité dans le business et imagine le concept d’Eclo : "sortir du paradigme de l’efficacité à tout prix pour des produits de maquillage sains, bons pour soi et sans toxicité pour la planète". Et qui soient en plus "pratiques à utiliser et à emporter."
Le projet
Eclo naît donc à Rennes en avril 2021, sous forme de société SAS. "J’ai choisi Rennes pour sa qualité de vie, parce que c’est aussi plus facile d’être encouragée en régions qu’à Paris, et parce que j’ai trouvé un laboratoire expert en textures et couleurs à Dinard, qui serait mon partenaire pour le développement et la fabrication", explique Priscille Charton.
À ses côtés au capital (elle en détient la moitié), deux associés : Julien Callede (non opérationnel) et Marin Susac (positionné sur les fonctions marketing-communication). Eclo a aussi eu le soutien de Bpifrance, des banques et de la Région, et réalisé deux levées de fonds de 350 000 et 200 000 euros en 2023. Elle crée d’abord quatre premiers produits (rouge à lèvres, fond de teint, blush et ombre à paupières) éco-conçus. "Ils sont 100 % naturels de la formulation à l’emballage, et certifiés bio Cosmos Organic. Le plus gros challenge, c’est le pack, qui est compostable", précise la créatrice. Les contenants (petits pots) sont, eux, réalisés à base de chutes de bois, de cellulose végétale et de résine naturelle. La marque a immédiatement rencontré le succès. Sa première campagne de financement participatif sur Ulule, en 2022, avait donné la couleur : les préventes avaient atteint un sore de 3 000 %.
Les perspectives
Depuis juillet 2022, 20 000 pots ont été écoulés, en e-commerce (30 % des ventes) et via une centaine de revendeurs (70 %) dans des concept-stores, pharmacies, magasins de beauté ou instituts de bien-être. Eclo a réalisé 280 000 euros de chiffre d’affaires en 2023 avec 7 collaborateurs, et table sur 700 000 euros en 2024 et la rentabilité. Depuis, la gamme Eclo s’est élargie, comptant 27 références. Priscille Charton imagine déjà 4 à 5 nouveautés par an. Pour continuer d’accélérer et recruter en commercial, elle vise une nouvelle levée de fonds pour fin 2024, entre 500 000 et un million d’euros.
