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Comment l’industriel Wirquin se remet du Brexit
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Comment l’industriel Wirquin se remet du Brexit

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L’ETI de Carquefou s’offre, pour ses 40 ans, une nouvelle gamme de produits. Très impacté par le Brexit, le groupe international a revu sa stratégie pour faire d’une contrainte, une opportunité...

— Photo : Le Journal des Entreprises

Pour son anniversaire, Wirquin s’offre une nouvelle gamme. Cela faisait sept ans que ça n’était pas arrivé à l’ETI de Carquefou. Une innovation qui a nécessité deux ans de travail pour le fabricant d'accessoires sanitaires. Il s’agit d’un receveur de douche carrelé, utile pour monter rapidement le sol des douches italiennes. Plutôt surprenant pour une entreprise qui conçoit surtout du matériel pour les WC ou les lavabos. « Nos produits sont toujours cachés sous le lavabo ou la douche. On voulait lancer un produit qui se voie, pour se créer une renommée, un nom de marque », explique Grégory Le Coënt, vice-président de Wirquin. « La marque, c’est la pérennité à long terme du groupe », ajoute le dirigeant, qui espère aussi en retirer un bon chiffre d’affaires en le vendant une centaine d'euros. « D’habitude on lance plutôt des produits à quelques euros. Là, on verra tout de suite le résultat », prédit-il.

Une rentabilité à +11%

Outre ce lancement de gamme, Wirquin va commercialiser cette année 27 nouveaux produits. Presque la routine pour un groupe qui a l’habitude de présenter une vingtaine de nouveaux produits chaque année. « La nouveauté, c’est qu’une partie de ces produits est issue des remontées des commerciaux sur le terrain », explique Grégory Le Coënt. Depuis l’an dernier, la société de 1 400 salariés implantés dans six pays a en effet revu sa stratégie commerciale. Désormais les commerciaux travaillent par branche : particuliers ou professionnels. Une spécialisation qui leur permet d’être plus proche du terrain et de faire remonter les attentes de leurs clients. Un changement de management opéré l’an dernier dont les dirigeants espéraient voir les premiers résultats cette année. « Honnêtement, on est un peu déçu par nos résultats 2016 par rapport au changement qu’on avait amorcé, mais on est sûrement un peu impatients », analyse Gregory Le Coënt. Wirquin a augmenté son chiffre d’affaires de 4%, à 132 millions d’euros. Une performance alors que le marché n’augmente que de 1 ou 2%. La rentabilité, elle, augmente de 11%.

Changement de stratégie en Angleterre

Et elle aurait pu être trois fois plus importante si l’entreprise n’avait pas été sérieusement impactée par le Brexit. La sortie de l’Union européenne du Royaume-Uni, où Wirquin tient un site de production, à Doncaster, a eu un impact immédiat sur la stratégie du groupe. A la suite du référendum, les résultats de la deuxième unité du groupe ont chuté de 15%. « On a relocalisé au Royaume-Uni une partie de la production, ce qui représente un avantage compétitif sur nos concurrents », précise Grégory Le Coënt. La livre sterling étant faible, le groupe a assuré ses arrières en se couvrant à 90%. « Cela va nous servir d’enseignement pour la suite, quelle que soit la monnaie. On pourra changer de stratégie selon la monnaie dévaluée. Cela peut devenir un plan B de sourcing », analyse le dirigeant.

Prospection dans cinq pays

Un enseignement d’autant plus utile à l’heure où le groupe familial qui réalise 70% de son chiffre d’affaires hors d’Europe poursuit sa conquête à l’international. Wirquin a donné pour consigne à ses commerciaux installés aussi en Russie, Roumanie, Chine, Afrique du Sud, de prospecter dans les pays limitrophes de leur zone de couverture, en Namibie, Pays-Bas, Pologne, Turquie, Grèce. Dans quelques mois, la direction fera le bilan, et jugera si des implantations seraient envisageables. Sur le plus long terme, Wirquin aimerait se lancer en Inde et aux Etats-Unis.

Une transmission qui a duré sept ans

Une décision qui sera prise par les fils de Daniel Le Coënt. Depuis le début de l’année, la transmission du groupe familial à ses trois fils est effective. À 71 ans, Daniel Le Coënt reste P-dg mais ce sont bien ses trois fils qui détiennent à parts égales le capital et se partage la présidence. Cette transmission aura nécessité sept ans de procédure. « Que ce soit au niveau comptable ou juridique, une transmission c’est extrêmement long. C’est très compliqué. On aurait pu le faire en moins de temps mais je déconseille sur cette taille de société », conseille Grégory Le Coënt.

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