
Les Pays de la Loire font partie des « poches de territoires à dynamique positive » et Nantes bénéficie d’un « positionnement géographique avantageux » mais, comme dans l’ensemble des territoires de France, 40 % des facteurs de réussite sont « inexpliqués ». Alors, « quelle est la part propre au génie local ? », s’est interrogé Vincent Charlet, directeur général du think tank « La Fabrique de l’industrie », en ouverture de l’édition 2020 des Nantes Industrie Awards. Le président de la cérémonie de remise des trophées a rappelé les grands enjeux auxquels les entreprises industrielles sont aujourd'hui confrontées : transition écologique et transition énergétique avec le renchérissement du prix du carbone, transition numérique, nouvelles formes de mondialisation, relations avec les territoires, nouveaux process de management et nécessité pour les entreprises de faire preuve de créativité pour recruter les compétences dont elles ont besoin.
Des thèmes qui raisonnaient en parfaite symbiose avec le palmarès des Nantes Industrie Awards, événement coorganisé par Le Journal des Entreprises et Exponantes. A l’honneur, des entreprises du grand Ouest innovantes et engagées, sélectionnées par les rédactions du magazine et primées par un jury d’acteurs économiques locaux.
Des acteurs engagés
Dans la catégorie « Industrie verte », c’est Odyssée Environnement, une PME sarthoise de 73 salariés (11,2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019), qui a remporté le prix qui lui a été remis par Mathieu Défresne, directeur régional Bpifrance Pays de la Loire. Spécialisée dans le traitement des eaux industrielles, l’entreprise a mis au point un actif à base de plantes, qui remplace les produits chimiques. « Notre objectif pour 2025 est d’arriver à zéro produits anti-tartre chimiques », a déclaré son directeur général Jérôme Mougel.
Le prix de « l’industrie de demain » a été remis par Bruno Dussourt, directeur général du Journal des Entreprises, à ABCM (82 salariés, CA 2019 : 16 M€). Après avoir investi 7 millions d’euros pour automatiser la production dans son usine de Coëx (Vendée), le directeur général d'ABCM, Landry Maillet, a désormais l'ambition de la "verdir" en réduisant l'impact de son entreprise sur l'environnement pour viser le "zéro déchet".
Pour le prix de l’ancrage territorial, c’est l’entreprise Les Côteaux Nantais (135 salariés pour un chiffre d’affaires d’environ 20 millions d’euros en 2019) qui voit son engagement valorisé par le trophée que lui a remis Nicolas Billard, directeur d’agences Actual Leader Group. Créée en 1943, l’entreprise qui cultive et transforme des pommes, poires et kiwis selon les principes de la biodynamie est bien connue dans la région. En plus de recruter ses saisonniers uniquement dans le département et de faire pousser ses fruits à moins de 150 km, Les Côteaux Nantais poursuit son engagement en soutenant des petites entreprises locales, explique son directeur général Benoît Van Ossel.
Enfin, Briogel (220 salariés, 32 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2019), entreprise vendéenne qui produit des pains et brioches surgelés, remporte le prix de l’entreprise solidaire remis par Valérie Drouault-Gourmel, gérante de la société IDEM 85, marraine du salon de l’industrie. Briogel a refusé toute aide de l’État pour le recrutement de la vingtaine de ses employés en situation de handicap. « Nous voulions évaluer notre capacité à proposer un travail en milieu ordinaire à ces salariés pour qu’ils puissent prendre leur complète autonomie et ne plus dépendre de l’État », explique son dirigeant Christophe Babarit. En outre 80 salariés ont été initiés à la langue des signes pour faciliter la communication avec leurs quatre collègues atteints de surdité.
Des entreprises innovantes
La cérémonie des Nantes Industrie Awards a également fait place à une séquence d’interactivité avec le public pour la remise du prix start-up. Les dirigeants de trois start-up nommées ont en effet pitché en direct sur la scène pour présenter leur projet, le public étant ensuite invité à voter en ligne via smartphone. Au final c’est le nantais E-cobot et son robot "Husky", un robot collaboratif conçu pour transporter de lourdes charges en milieu industriel, qui a remporté le trophée remis à son dirigeant Sébastien Ecault par Tony Lesaffre, président d’Exponantes Le Parc.
Le jury, représenté par Yves-Olivier Lenormand, délégué régional Airbus Développement, a par ailleurs attribué un prix « coup de cœur » à La Manufacture, filiale du groupe Éram, incarné par Jean-Olivier Michaux, directeur industriel du groupe, pour la création notamment d’une chaussure recyclable.
Enfin le Grand prix des Nantes Industrie Awards a été remis à l’entreprise Ciments Hoffmann, qui a inventé un ciment dont le processus de fabrication produit 5 fois moins de CO2 qu'un ciment traditionnel. Trophée que lui a remis le président de la cérémonie, Vincent Charlet. Cette entreprise vendéenne mise ainsi sur une innovation de rupture qu’elle a protégée par des brevets pour rendre la production de béton plus propre, et donc in fine réduire l’empreinte carbone du BTP, qui est l’un des secteurs les plus émetteurs de CO² en France. L’entreprise, qui a levé 74 millions d’euros en Bourse en 2019, investit dans la création d’une nouvelle usine pour multiplier sa production par 10 et atteindre un chiffre d’affaires de 120 millions d’euros dans les quatre ans, soit 3 % des parts du marché français.