Le groupe GO Sport placé en redressement judiciaire
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Le groupe GO Sport placé en redressement judiciaire

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Le tribunal de commerce de Grenoble a placé GO Sport en redressement judiciaire et nommé deux administrateurs et deux mandataires judiciaires pour une période d’observation de six mois. Le groupe accumule les ennuis puisque le parquet aurait également ouvert une enquête pour abus de biens sociaux.

Le siège de Go Sport à Sassenage — Photo : Marie-Amélie Mine

Le couperet du tribunal de Grenoble au sujet de la situation économique de GO Sport (2 160 salariés ; 300 M€ de CA), détenu par HPB, le groupe de l’homme d’affaires bordelais Michel Ohayon, est tombé ce matin. Le parquet a placé le groupe en redressement judiciaire et nommé deux administrateurs et deux mandataires pour une période d’observation de six mois. Objectif : gérer l’entreprise "dans le meilleur intérêt des salariés et des créanciers, sous le contrôle des juges et du tribunal", a déclaré le procureur de la République adjoint de Grenoble François Touret de Coucy. Du côté des syndicats, le placement en redressement judiciaire est "un moindre mal", puisque l’autre option était l’ouverture d’une procédure de conciliation, requise par HPB. "La situation dans laquelle nous nous trouvons est la moins mauvaise car c’est le tribunal qui va gérer notre société ; il va geler toutes les dettes antérieures à la date du redressement judiciaire. En cas de conciliation, HPB aurait continué à avoir la main", explique un délégué syndical CGT. "Nous avons bon espoir de trouver un ou plusieurs repreneurs et nous allons continuer à nous battre pour sauver notre société même si nous ne sommes pas à l’abri d’un peu de casse", poursuit-il.

Des stocks encore disponibles pour alimenter les magasins

Le tribunal de Grenoble a également précisé ce matin que "la société Go Sport France n’est pas déclarée en cessation des paiements, mais sa situation sera impactée par celle de sa société mère Groupe Go Sport ". La société Go Sport France comprend en effet tous les magasins intégrés du réseau Go Sport, soit 83 boutiques, le groupe étant quant à lui constitué du siège social de Sassenage (Isère) et d’une autre antenne à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). "Il va de soi que si le groupe est en cessation de paiements, les magasins vont également être placés en redressement judiciaire", poursuit le délégué syndical CGT. Les boutiques devraient malgré tout continuer à tourner, afin de faire entrer du chiffre d’affaires et maintenir Go Sport France à flots, au moins le temps d’être repris. Selon les syndicats, l’entreprise dispose encore de stocks suffisants au sein de son entrepôt de Hem, dans le Nord de la France. Par ailleurs, de nouveaux produits devraient bientôt rentrer pour la nouvelle collection.

Enquête pour abus de biens sociaux

Le groupe HPB n’a pas réagi après l’annonce du tribunal de Grenoble, mais avait déclaré début janvier, au moment de la nomination du nouveau président Patrick Puy, que ce dernier serait chargé de "renforcer la confiance des collaborateurs de Go Sport, notamment à la suite des informations erronées, infondées ou dénigrantes récemment diffusées ". À l’automne, les commissaires aux comptes de l’entreprise, KPMG et Ernst & Young, avaient effectivement envoyé à la direction de Go Sport un rapport spécial d’alerte, soulignant la dégradation de près de 10 % du chiffre d’affaires de l’enseigne par rapport au budget et des décaissements relatifs à des éléments non récurrents pour un montant de 36,3 millions d’euros. Or, selon les syndicats, cette somme de 36,3 millions aurait servi à verser une partie des salaires de Camaïeu, également détenu par HPB et placé en redressement judiciaire fin septembre. Selon les informations du quotidien national Libération, le parquet de Grenoble aurait d’ailleurs ouvert une information judiciaire pour "abus de biens sociaux", sur les mouvements financiers dans les comptes de l’entreprise. "S’il n’y avait pas eu ces remontées d’argent, nous ne serions pas dans la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, et les fournisseurs auraient été payés en temps et en heure", estime un autre représentant syndical. Selon lui, l’annonce du rachat de GAP par le Groupe GO Sport il y a quelques jours, serait une façon pour HPB de justifier les décaissements, dénoncés par les commissaires aux comptes. D’autres estiment plutôt que ce rachat permettrait à HPB de trouver plus facilement repreneur. La bataille juridique ne fait que commencer…

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