Annoncé pour le printemps 2023, c’est au premier trimestre 2024 que le projet Argilor sera mis en service sur le site de la cimenterie de Xeuilley, en Meurthe-et-Moselle. Le groupe Vicat (CA 2022 : 3,6 Md€ ; 10 000 salariés) va faire sortir de terre une unité de production d’argiles activées, soit des argiles qui auront été chauffées jusqu’à perdre toute leur eau. En se substituant aux argiles utilisées habituellement dans la fabrication du ciment, ces argiles activées vont permettre au groupe de réduire les émissions de CO2 de la cimenterie de Xeuilley de près de 50 000 tonnes chaque année, soit une baisse de 15 % des émissions totales du site.
"Le retard est dû essentiellement au génie civil", détaille Lionel Dondin, le directeur de l’usine Vicat de Xeuilley. Le projet Argilor va nécessiter un total d’investissement de 50 millions d’euros, dont 13,2 millions d’euros ont été apportés par le plan France Relance. Avec ce chantier, le cimentier prépare le futur : "Les yeux des cimentiers du monde entier sont braqués vers Xeuilley", assure Laurent Meurette, directeur industriel pour le groupe Vicat. En effet, l’industrie cimentière émet, à l’échelle de la planète, plus d’un milliard de tonnes de CO2 par an, soit 7 % des émissions mondiales.
Connu mais mal maîtrisé, le procédé de fabrication de ciment grâce aux argiles activées a été rendu possible par la découverte, dans une carrière déjà exploitée par Vicat, à proximité immédiate du site de Xeuilley, d’argiles compatibles avec ce procédé. Un des principaux obstacles à l’industrialisation a consisté à retrouver la couleur grise du ciment : "Au début, il était rose", précise Lionel Dondin.
100 % de substitution aux énergies fossiles
En parallèle au chantier lié à Argilor, l’équipe Vicat de Xeuilley a réussi à se passer entièrement des énergies fossiles pour alimenter le four de la cimenterie, outil de 60 mètres de long et de 4,8 mètres de diamètre nécessaire pour transformer la farine crue en clinker. Le procédé nécessite de créer une flamme à 2 000 °C de plus de 25 mètres, pour amener les matières dans le four à près de 1 450 °C.
Grâce notamment à un investissement de 500 000 euros dans un nouveau brûleur, opérationnel depuis mars 2023, la cimenterie valorise aujourd’hui un mélange de fines de bois, de farines animales ou encore de combustibles solides de récupération, les CSR. "En 2022, nous avons valorisé un total de 70 000 tonnes de déchets", précise Laurent Meurette.
Non content de réduire ses émissions directes de CO2, le groupe maintient ses engagements pour limiter les impacts liés au transport des 600 000 tonnes de ciment produites chaque année à Xeuilley. "De 120 000 à 140 000 tonnes sont expédiées par le train", souligne Lionel Dondin. Une option logistique pour laquelle le groupe vient de recevoir un coup de pouce du département de la Meurthe-et-Moselle. La collectivité vient en effet d’injecter un total d’un million d’euros dans la maintenance du faisceau reliant l’usine de Xeuilley au réseau ferré. "Cela nous permet d’éviter de mettre environ 8 000 camions sur la route et de livrer plus efficacement les chantiers liés à la construction du Grand Paris", précise Laurent Meurette. Un positionnement en phase avec celui du groupe : Vicat veut atteindre la neutralité carbone sur sa chaîne de valeur dès 2050.
