Le projet européen Interflex, doté de 23 millions d'euros de budget, est lancé. Il porte sur la création de cinq démonstrateurs interopérables, implantés dans cinq pays différents, pour expérimenter de nouvelles formes de flexibilités dans le but d’optimiser le système énergétique à l’échelle locale. L'un de ces démonstrateurs va être implanté à Nice. « C’est un pas de plus vers la transition énergétique qui se démarque de ses prédécesseurs dans la mesure où il doit nous amener, dans les 36 prochains mois, à développer des solutions pré-industriables et rentables », précise Bernard Mouret, directeur régional d’Enedis, à l’origine de ce projet qui associe quatre autres fournisseurs d’énergie européens (CEZ Distribuce en République tchèque, E.ON en Suède, Enexis aux Pays-Bas et Avacon en Allemagne) ainsi qu'une vingtaine de partenaires fabricants de matériels ou experts en smart grid. « Il s'agit de proposer des expériences variées dans des sites urbains ou ruraux, autour du véhicule électrique pour certains, de l’éolien pour d’autres, pour in fine faire converger nos études afin que chacun puisse bénéficier du travail de l'autre ».
La place niçoise en haut de l'échelle
Le démonstrateur français est doté de 5 millions d'euros de budget dont 70% portés par l'Europe. Installé sur la Métropole Nice Côte d'Azur, il testera à partir de cet été les flexibilités en appui au réseau, les systèmes de stockage et l’îlotage. Un choix qui ne doit évidemment rien au hasard. « Il y avait d’autres places intéressantes comme Nantes ou Lyon, mais Nice est aujourd’hui en haut de l’échelle en matière d’écosystème, de savoir-faire et de capacité à travailler sur ces projets », estime de directeur qui entend solliciter « dès que possible » le club smart grid de la CCI et les entreprises locales du secteur. « Enedis est une entreprise territorialisée, il est donc important pour nous que ce que l'on développe puisse aussi servir les territoires, faire monter en puissance l'écosystème afin d'être en mesure d'assurer un haut niveau de technologie dans les réseaux intelligents ».
Le précédent Nice Grid
De plus, le démonstrateur (bientôt rebaptisé) s’inscrit dans le prolongement de l’expérimentation Nice Grid, lancée en 2013 sur la ville de Carros et sa zone industrielle. Il visait à optimiser la production, la consommation et le stockage d'électricité avec une insertion importante d'électricité photovoltaïque intermittente sur le réseau basse tension « Ce fut un succès technologique. Il eût été dommage de ne pas rebondir sur cette avancée », sourit Bernard Mouret.
L'exemple des îles de Lérins
Et puis, Nice et les territoires alentours présentent des problématiques diversifiées, des quartiers tertiaires de Nice Méridia aux zones rurales de Guillaumes, des stations de ski de la Tinée jusqu'aux îles de Lérins. « Ces dernières sont alimentées par un câble d’alimentation de moyenne tension qui peut être soumis à des arrachages dus à l’exploitation commerciale de la zone. Pour en garantir la sécurité, il faudrait en tirer un autre. Or cela coûte très cher. Alors, comment sauvegarder les principaux usages de l’électricité de l’île en cas de perte d’alimentation ? Par du stockage, du photovoltaïque, de l’effacement ? Interflex nous permettra de répondre à ces questions ». L’objectif étant qu’en cas de pic de contraintes, le réseau s’auto-cicatrise en activant différentes flexibilités à distance pour permettre une alimentation minimum.
