Saint-Gobain PAM a eu des hauts et des bas ces dernières années. Affrontant des hausses de coût importantes, son directeur général Jérôme Lionet tirait début 2022 la sonnette d’alarme quand l’industriel indien Electrosteel bénéficiait d’une subvention publique de plusieurs millions d’euros pour s’installer en France alors même que le site Saint-Gobain PAM était en mesure d’accroître sa production.
Mais mi-2022 la température change pour le métallurgiste. Le site de production lorrain va de l’avant grâce à de nouveaux contrats dans le domaine de l’eau et l’assainissement. L’industriel annonce alors un plan de recrutement de 130 personnes en production pour répondre à la demande.
130 postes ouverts mais peu de candidats
Toutefois, il n’y a pas la foule des grands jours pour venir travailler chez Saint-Gobain PAM. Comme pour beaucoup d’employeurs, le recrutement n’est plus aussi simple qu’avant la crise sanitaire. Selon Pierre-Yves Boiffin, directeur départemental de l’emploi, du travail et des solidarités pour la préfecture de Meurthe-et-Moselle (DREETS), l’explication principale est à trouver dans le taux de chômage historiquement bas du département (6,9 % de chômage en Meurthe-et-Moselle en moyenne sur le troisième trimestre 2022 selon l’INSEE). "Le rapport au travail évolue également" précise-t-il.
Le recruteur s’est donc positionné différemment : dorénavant, une cellule spéciale Saint-Gobain PAM réunit les partenaires de l’emploi (Pôle Emploi, mission locale, OPCO, UIMM) pour relever le défi des recrutements de l’industriel lorrain. La mission locale du territoire coordonne les opérations et devient l’interlocuteur unique de la session de recrutement.
Centraliser les candidatures plutôt que multiplier les points d’entrée
La nouveauté ? Plutôt que d’avoir de multiples canaux pour les candidats il n’y a qu’un seul canal pour les demandeurs d’emploi. Un seul mail, un seul téléphone. Et de la réactivité. Un appel ? Le rendez-vous est pris dans la foulée. Et pour démarcher les candidats, en plus des moyens traditionnels, les bailleurs sociaux sont mis à contribution pour passer le mot à leurs locataires, tout comme les médiateurs de quartier. "Nous sommes allés chercher les gens là où ils sont", précise Bernard Burté, président de la mission locale du val de Lorraine qui pilote la cellule de recrutement.
S’ensuivent des visites collectives de l’usine, accompagnées d’informations collectives sur les opportunités d’emplois, qui aboutissent dans la même journée à des entretiens RH. L’employeur capitalise sur la présence sur site de demandeurs d’emploi pour aller le plus loin possible dans le processus de recrutement dès la porte de l’usine franchie. Quelques mois après le lancement de la cellule le verdict est sans appel : 110 recrutements bouclés. Pari réussi.
La préfecture promeut l’extension du dispositif
Début février 2023, les partenaires publics départementaux conviaient d’autres industriels du territoire dans les salons de la préfecture de Nancy pour convaincre de l’efficacité du dispositif et trouver les prochaines entreprises à pousser dans la voie de Saint-Gobain PAM. Les services du préfet rappellent que le besoin est plus que jamais présent : "sur un total de 25 500 salariés dans le secteur industriel du département, 2 500 à 3 000 postes sont ouverts dont 1 000 en maintenance et robotique", annonce Pierre-Yves Boiffin. Les partenaires de l’emploi sont prêts à repartir en mission pour l’industrie lorraine.
