"On ne sait pas forcément par quelle corne prendre le taureau". Et pourtant, ce taureau de la transition écologique, il faudra s’y frotter tôt ou tard. Alexandre Baudry, dirigeant de l’entreprise Michel Gilberteau, une chaudronnerie qui emploie 15 personnes, en a conscience et mise sur l’anticipation pour réussir du mieux possible à dompter la bête. Pour ce faire, il participe au parcours d’une durée de six mois que vient de mettre en place l’agglomération Clisson Sèvre-et-Maine, accompagnée par l’Ademe. "Ce programme nous permet d’anticiper de futures normes, qui finiront de toutes façons, par arriver. Il ne faudra pas se retrouver sans alternative à ce moment-là", poursuit Alexandre Baudry. Ce programme vise à accompagner les entreprises dans leurs démarches de transition, et s’appuie en grande partie sur l’expertise de l’association nantaise Mission Change. "L’une des choses que l’on a comprise très vite, c’est que pour une entreprise, et ses salariés, il est difficile d’avancer seul", reconnaît Caroline Jolly, cofondatrice de l’association. "Le parcours sert à acquérir des connaissances, à être sensibilisé aux enjeux environnementaux, comme ceux de l’épuisement des ressources naturelles et le changement climatique, et d’ancrer l’idée que, pour se transformer, il faudra innover."
Déceler des solutions concrètes
La chaudronnerie est accompagnée par six autres PME volontaires dans ce programme : Altor Industrie (102 salariés, CA 18 M€), spécialisé dans la salle de bains préfabriquée, la PME Atout Composites (28 salariés en 2022, 2,2 M€ de CA), qui conçoit et fabrique des équipements sanitaires sur mesure en résine minérale et fibre de verre, Caliplast (26 salariés, 4,6 M€ de CA 2021) qui réalise des pièces en plastique, Définox (CA 2021 35 M€) qui s’illustre dans les vannes en inox, Echopositif qui fabrique des espaces de travail ergonomiques, et enfin La minoterie Girardeau. "Nous sommes dans le dur du rythme quotidien comme tout industriel, et ces temps de réflexion aident à prendre du recul et déceler des solutions à mettre en place, sans que cela ne constitue forcément de gros efforts financiers", détaille Isabelle Mateu, dirigeante d’Altor Industrie, qui a déjà réalisé un investissement récent dans un nouveau système d’aspiration des composés volatils.
Une dimension locale indispensable
La dimension locale semble essentielle à l’avancée du projet, notamment pour échanger sur leurs problématiques entre dirigeants. "Nous nous connaissons entre nous sur le territoire. Nous avions déjà échangé de manière informelle sur nos méthodes pour allier écologie et économie. Le cadre de cette formation pourra nous y aider", appuie Isabelle Mateu. Caroline Jolly abonde dans le même sens. "On tourne d’une entreprise à l’autre, pour qu’elles apprennent à se connaître et puissent se situer par rapport aux autres". Les industriels souhaitent en profiter pour creuser leurs réflexions sur l’aspect logistique, sur le comportement, sur les groupements d’achats, mais aussi sur les relations avec les clients. "On ne choisit pas nos clients, mais nous pouvons travailler plus étroitement, afin de parvenir à des procédés plus vertueux, en co-conception", imagine Alexandre Baudry.
