« Jusqu'ici quand les start-up venaient nous voir, on leur disait qu'il était encore trop tôt et du coup on ne les voyait plus », constate Philippe Quelennec, directeur général de Sodero Gestion. Désormais la banque veut les prendre par la main dès le berceau et lance donc son propre incubateur. « Si on veut capter les futurs leaders régionaux, il faut qu'on fasse leur connaissance dès maintenant », justifie le responsable de la filiale de capital investissement de la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de la Loire.
« Leur donner les clés pour lever des fonds »
Baptisé NovaPuls, installé en plein centre-ville de Nantes, place Royale, il hébergera une quinzaine de start-up pendant un an. Le but : « leur donner les clés, le bon langage pour qu'elles parviennent à lever des fonds auprès de business angels ou chez nous », explique Philippe Quelennec. « On va les préparer à bien présenter ce qui fait leur valeur ajoutée », poursuit le directeur général de Sodero Gestion. Dès leur entrée, les start-up recevront chacune un accompagnement de 20.000 euros de la part de la banque. Les jeunes pousses seront sélectionnées par un jury composé de membres de la banque mais aussi de responsables d'ADN Booster, l'accélérateur créé récemment par ADN'Ouest, l'association des décideurs du numérique de la région nantaise. L'appel à candidature devrait être lancé au cours de l'été.
« Le but n'est pas de gagner de l'argent »
« Le but n'est pas de gagner de l'argent mais d'être à l'équilibre dans les deux ans à venir », précise Jean-Marc Carcelès, président du directoire de la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de la Loire. NovaPuls, dont les statuts viennent tout juste d'être déposés, est dotée d'un capital de 350 000 euros.
« On regarde avant tout la personnalité de l'entrepreneur »
Pour conquérir le coeur des start-up, la banque a aussi nommé trois chargés d'affaires dédiés aux entreprises innovantes. Ils seront installés à Nantes, Rennes et Angers. Un quatrième poste sera bientôt créé à Brest. Ils ont été formés pour accompagner spécifiquement les start-up. « L'idée est de ne pas regarder leurs tableaux Excel mais de voir si ce sont des chefs d?entreprise cohérents, capables de résister au stress et suffisamment en capacité de se remettre en question et de pivoter. On regarde avant tout le profil et la personnalité de l'entrepreneur », explique Jean-Marc Carcelès. Une offre de prêt spécifique vient d'être lancée destinée spécifiquement aux start-up. Ce « Prêt innovation » permet de financer les dépenses corporelles et incorporelles liées à l'innovation. Il bénéficie de la garantie du fonds d'investissement Européen à hauteur de 50 % du financement.
11 millions investis en près de 20 ans sur les start-up
En près de 20 ans, La Caisse d'Épargne Bretagne Pays de la Loire a investi 11 millions d'euros et a réalisé 120 opérations pour les start-up. Bilan des courses : « nous avons constaté 30 à 40 % d'échec, 20 à 28 % d'opérations où l'on ne perd pas d'argent, qui est compensé par les 30 à 40 % de réussites », constate Philippe Quelennec. La banque régionale a notamment investi chez Valneva (ex-Vivalis), Keosys, OSE Immunotherapeutics et plus récemment DirectoSanté. Implantée sur deux régions et neuf départements, la Caisse d'Épargne Bretagne Pays de la Loire peut compter sur 2,8 milliards d'euros de fonds propres. Elle compte 1,7 million de clients, 554.000 sociétaires, 420 agences et 16 centres d'affaires.
