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Le groupe ETPO vise les grands lacs canadiens
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Le groupe ETPO vise les grands lacs canadiens

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Après l’annulation du projet d’aéroport Notre-Dame-des-Landes, ETPO diversifie ses activités et s’implante au Canada. Renforcement de son expertise dans les travaux maritimes, réorganisation interne, comment l’ETI nantaise compte sortir de la crise du secteur de TP et profiter de la reprise annoncée.

Démantèlement du pont Transbordeur sur le canal du Havre par le groupe ETPO — Photo : groupe ETPO

« C’est dommage que l’opération soit annulée », commente sobrement Mohamad Atoui, directeur général délégué du groupe ETPO. Le jour de l’annonce de l’annulation du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, ETPO, qui détient 5 % de la concession aux côtés de Vinci et de la CCI de Nantes Saint-Nazaire, a perdu l’équivalent de deux ans de travail pour son agence nantaise. « Sans compter tous les chantiers parallèles et liés à l’aéroport qui auraient pu se faire. Si on l’avait réalisé en 2015 et 2016, nous aurions pu éviter les soucis liés à la baisse d’activité pendant cette période », résume Mohamad Atoui.

Au lieu de cela, l’ETI nantaise centenaire a fait le dos rond et subi, comme ses concurrents, la crise du secteur des travaux publics. Fort de ses 650 collaborateurs, le groupe est arrivé, ces trois dernières années, à maintenir un chiffre d’affaires au-dessus des 150 millions d’euros. Il envisage une croissance lui permettant de doubler le volume de ses activités d’ici à 10 ans.

BIM et digitalisation

ETPO a commencé pour cela, par se réorganiser en interne. Ces trois dernières années, le groupe de TP a concentré ses efforts pour investir et revoir tous ses logiciels de gestion interne, du service RH à celui de la gestion de matériel. Il a aussi investi plus de 700 000 euros dans le BIM, le Building Information Modeling, ce process qui modélise en 3D les chantiers et qui permet de concevoir et suivre l’avancée des travaux avec tous les corps de métiers. Chez ETPO, une cellule de six personnes y est dédiée. Surtout, le groupe familial détenu par la holding Cife (la Compagnie Industrielle et Financière d'Entreprises) cotée sur Euronext, a adopté une organisation par métier : bâtiment et travaux maritimes, ses plus grosses activités, mais aussi ouvrages d’art ou de génie civil comme le Pont Tabarly à Nantes ou le futur pont Simone Veil à Bordeaux, sans oublier l’immobilier, les travaux spéciaux et les ouvrages liés à l’environnement (traitement de l’eau, etc.).

« Pour éviter une dépendance à l’économie européenne, il est important pour nous de s’implanter en Amérique du Nord »

À défaut de travaux neufs, son premier chantier pour se reconstruire, a été de renforcer ses positions dans les travaux d’entretien. Pour cela, ETPO a racheté il y a deux ans la société Technirep, spécialisée dans les travaux de confortemment, de réparation ou de reprise. Un nouveau métier qui représente désormais près de 8% de l'activité et que l'entreprise compte bien exporter dans ses autres filiales, aux Antilles, en Guyane mais aussi au Canada. ETPO se lance aussi dans un autre nouveau métier, celui du montage de projets immobiliers. Sa nouvelle filiale, ETPO Red, est dédiée au développement immobilier et notamment le montage d’opérations clés en main. « Il s’agit de développer des projets de A à Z pour des clients déterminés », explique Mohamad Atoui.

Exporter son savoir-faire au Canada

Mohamad Atoui, directeur général du groupe ETPO — Photo : groupe ETPO

Parallèlement, ETPO a travaillé ces deux dernières années pour renforcer ses positions sur un métier qui a fait sa renommée à sa création en 1913 et pour lequel il est toujours connu sur le marché national, celui des travaux maritimes et fluviaux. Il représente 25% de son activité. Et pourrait prendre plus d’ampleur grâce à sa dernière acquisition au Canada.

ETPO a en effet racheté, l’an dernier, des actifs de l’entreprise québécoise Géodex (60 salariés, 20 M$ canadiens de chiffre d’affaires), spécialisée dans la réalisation des fondations et de soutènements et apte à construire de structures portuaires comme des quais, des digues etc. Avec ce rachat ETPO veut se développer au Québec dans un premier temps et autour des grands lacs canadiens ensuite. ETPO Géodex y réalise en ce moment un duc d’Albe, une sorte de pilotis sur lesquels les bateaux peuvent accoster. « On peut apporter un certain savoir-faire », explique Mohamad Atoui. C’est la deuxième implantation du groupe ETPO au Canada après le rachat il y a deux ans de PSM Technologies (25 salariés, 3 millions de dollars de CA), une entreprise de travaux spéciaux.

« Pour éviter une dépendance à l’économie européenne, il est important pour nous de s’implanter Amérique du Nord », argumente le dirigeant du groupe ETPO. « L’objectif est de réaliser plus de 10% de notre chiffre d’affaires en Amérique du Nord d’ici à 2025 », poursuit-il. Ce sont les mêmes raisons qui poussent ETPO à revenir en Afrique d'où il était pourtant parti dans les années 80. Il y réalise quelques marchés ponctuels avec sa filiale Negri, spécialisée dans les travaux maritimes. Une manière de sortir d'une certaine dépendance aux commandes publiques françaises, lui qui réalise toujours 25% de son activité dans les DOM, en Guadeloupe, Martinique, Réunion et Guyane.

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