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Coronavirus - Spots d'Evasion : « Le problème, c'est la trésorerie »
Témoignage Nantes # Tourisme # Conjoncture

Coronavirus - Spots d'Evasion : « Le problème, c'est la trésorerie »

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Vols suspendus, frontières fermées, touristes bloqués à l'autre bout du monde..., l'activité de l'agence nantaise Spots d'Evasions, spécialisée dans les voyages plongée et sports nautiques, est bouleversée depuis janvier par l'épidémie de coronavirus. Ses deux dirigeants Jean-Marie Thuault et Jean-Philippe Camus témoignent des impacts de cette crise qui touche de plein fouet les professionnels du tourisme.

Les dirigeants de l'agence nantaise Spots d'évasion Jean-Marie Thuault (à gauche) et Jean-Philippe Camus (à droite) au Salon de la plongée à Paris — Photo : Spots d'Evasion

« Notre agence Spots d'Evasions (10 collaborateurs, 2 M€ de CA) a subi un premier choc avec le développement de l’épidémie de Covid-19 en Chine. Nous n’organisons pas de voyages dans ce pays mais utilisons les aéroports de Canton et Hong Kong. Dans un premier temps, nous avons donc mobilisé toute notre énergie pour faire partir nos clients français, belges et suisses vers leurs destinations en Asie, sans transiter par la Chine. Puis petit à petit, des pays se sont fermés avec une forte accélération ces dernières semaines. Aujourd’hui, nous sommes en phase de rapatriement des voyageurs. Un casse-tête quand les vols des compagnies évoluent tous les jours : Air France a supprimé 80 % de son programme, d’autres compagnies sont à l’arrêt. »

Opération d’exfiltration

« Nous avons également eu des appels au secours d’entreprises ayant des salariés bloqués à l’étranger. Par exemple, une société nantaise de merchandising nous a sollicités pour rapatrier 50 de ses collaborateurs en séminaire à Marrakech. En l’espace de trois heures, nous avons trouvé une solution en affrétant un avion privé, en gérant l’ensemble des intervenants et autorisations nécessaires, en restant en contact permanent avec le client… Cela ressemblait plus à une opération d’exfiltration qu’à un voyage ! Au bout du compte, l’ensemble de ces salariés a atterri à Nantes le samedi 21 mars.

Dans le même temps, nous faisons face à une diminution importante de notre activité. Depuis début mars, notre site connaît une baisse de fréquentation de 70 %. Nous enregistrons 3 demandes par jour contre 10 à 12 habituellement. Il y a certes de l’espoir car les réservations pour les mois d’octobre et novembre s’accumulent et . Mais il faut tenir jusque-là. »

« Des à-valoir à la place des remboursements »

« Lorsque nous avons repris l’entreprise il y a quatre ans, nous avons beaucoup investi dans les outils digitaux qui nous permettent aujourd’hui de travailler à distance. 50 % de nos effectifs sont en activité partielle par roulement. Le problème, c’est la trésorerie ! Nous avons choisi de régler nos fournisseurs pour que l’argent continue à circuler et ne pas bloquer toute l’économie. Le problème est que nous avons de la trésorerie dehors correspondant aux réservations effectuées pour le compte de nos clients. Nos prestataires ne nous remboursent pas ces sommes, alors que nous-mêmes sommes tenus par le code du tourisme de rembourser nos clients. En concertation avec nos organisations professionnelles, nous avons fait le choix de déroger à cette règle en faisant des à-valoir à la place des remboursements. Nous demandons maintenant au secrétaire d’État en charge du tourisme de faire passer une ordonnance opposable à cette disposition du code du tourisme. Sinon, c’est bien simple, nous mourons. Par ailleurs, nous constatons un vrai soutien des banques qui jouent clairement le jeu. Bpifrance est également très active pour répondre à nos besoins de trésorerie. En revanche, nous déplorons le fait que les assureurs nous opposent que la pandémie est une clause d’exclusion et le comportement voyou de certaines compagnies aériennes, dont Air France ne fait pas partie. »

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