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Vincent Gardeau (Celad) : « Une double diversification est un atout pour se relancer »
Interview Toulouse # Informatique

Vincent Gardeau président du groupe Celad Vincent Gardeau (Celad) : « Une double diversification est un atout pour se relancer »

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À la tête de Celad (1 280 collaborateurs dont 580 sous-traitants ; CA 2019 : 100 M€), groupe qui accompagne les entreprises dans leurs projets en informatique non embarquée et embarquée, Vincent Gardeau explique comment la société toulousaine a traversé la crise liée à l'épidémie de coronavirus et s'est relancée, notamment grâce à des marchés cibles et à la généralisation du télétravail.

Pour Vincent Gardeau, président du groupe Celad, les demandes de télétravail doivent être acceptées en fonction de la nature des projets et des individus. — Photo : Celad

Comment avez-vous ressenti les premiers impacts de la crise ?

Vincent Gardeau : Nous n’avons rien vu venir. En 2019, Celad a enregistré une croissance de + 12 % et nous étions bien partis pour battre notre record avec un excellent premier trimestre. Le carnet de commandes était plein et nos seules difficultés résidaient dans l’embauche d’informaticiens, très demandés sur le marché porteur du numérique. Les annonces de la première quinzaine de mars et du confinement ont été de grosses surprises.

Comment Celad s’est-il organisé pour continuer ses activités ?

Vincent Gardeau : Même en tant que spécialiste de l’informatique, la mise en place du télétravail n’a pas été évidente. D’abord, certaines activités ont dû cesser obligatoirement : une partie de la production pour suspension des projets à la demande des clients, le recrutement, l’intendance quotidienne de nos agences… En outre, certains projets ne se prêtent pas au télétravail. Parfois ce sont des sujets trop confidentiels qui nécessitent de travailler à partir de réseaux informatiques sécurisés, d’autres fois des thématiques sensibles et complexes qui requièrent un travail en équipe. Pour le reste, les huit membres de notre équipe d’informatique interne ont déployé une énergie énorme pour mettre à disposition de chaque salarié matériel, réseaux et logiciels. Finalement, nous sommes parvenus à mettre en place le télétravail en masse pour plus de 60 % des collaborateurs avant la fin mars.

Avez-vous eu recours à des aides de l’État ?

Vincent Gardeau : Nous avons eu recours au chômage partiel pour les 35 % de salariés qui ont dû arrêter de travailler à cause des suspensions de projets. Celad est dotée d’une trésorerie solide et le but n’était pas de profiter de la situation, donc nous avons payé tous nos loyers, et n’avons eu recours à aucun report fiscal, de l’URSSAF ou prêt garanti par l’État. De plus, nous avons une politique sociale très forte. Contrairement à d’autres confrères, nous nous sommes engagés à ne mettre un terme à aucune période d’essai. Celad a même choisi de maintenir l’arrivée de 35 ingénieurs informaticiens pour leur stage de fin d’études, un effort financier non négligeable puisqu’ils sont rémunérés en moyenne entre 1 000 et 1 500 euros par mois.

Quel conseil donneriez-vous aux entreprises pour repartir du bon pied ?

Vincent Gardeau : En premier lieu, en tant que président du club des nageurs du Toec, je suis de nature optimiste. Il est important de rester positif et de se relancer intelligemment, par exemple en s’appuyant sur les marchés les moins touchés par la crise. Nous possédons plus de 300 clients et notre objectif est de redoubler d’attention sur les affaires en cours avec les secteurs les moins impactés, voire ceux qui ont bénéficié de la crise, comme la banque, l’assurance, le spatial, la distribution ou l’e-commerce. Dans le même temps, il faut rester vigilant sur les autres marchés plus sévèrement touchés que nous adressons, notamment l’aéronautique ou l’automobile, mais ne pas négliger pour autant ces clients qui souffrent. Proposer des facilités de paiement ou de trésorerie à certains partenaires en difficulté est primordial, car l’activité va finir par reprendre, et il faut rester en bons termes avec eux pour garantir une pérennité du business dans le futur. Par ailleurs, nous sommes présents dans dix villes de France et à la Silicon Valley. Je suis convaincu qu’une double diversification, dans la clientèle et géographique, est un atout pour se relancer efficacement.

Que pensez-vous de cette généralisation de la mise en place du télétravail ?

Vincent Gardeau : Avant la crise, les salariés de Celad avaient déjà la possibilité de travailler de chez eux un jour par semaine. Environ 10 % des collaborateurs en avaient fait la demande. Je crois au télétravail, mais pas pour tous les projets et pas pour tout le monde. Certains travaux sont soumis à des mesures de confidentialité ou nécessitent une synergie d’équipe de par leur complexité. Surtout, j’ai remarqué au global une efficacité légèrement moindre pendant le confinement, à cause des conditions de connexion ou de calme des salariés chez eux, ou encore de la motivation de certains par le travail à distance. Mais surtout, le télétravail fait perdre toutes les interactions d’avant et d’après réunions, les échanges autour de la machine à café ou les discussions de couloir. Sur site, un salarié ne reste jamais bloqué sur un problème très longtemps puisqu’il peut interagir au besoin avec tous les autres collaborateurs, et pas seulement avec son chef de projet en visioconférence. Je suis favorable à davantage de télétravail et demain, il y aura sans aucun doute beaucoup plus de demandes. À mon sens, il faut accepter ces requêtes en fonction de la nature des projets et des individus.

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