Les problématiques et les challenges, c’est le quotidien du dirigeant. Mais n’y a-t-il pas un défi que le chef d’entreprise redoute plus que les autres ? La course aux financements, la compétition commerciale, la protection des idées ? Loin de là. Son pire ennemi, c’est l’administratif. Parce que plonger dans un dossier de lois et de réglementations quand on n’y connaît rien peut être anxiogène.
Nicola Vento a connu cela. Le créateur du système innovant de gestion des effluents phytosanitaires EcoBang sort d’un combat éreintant contre le pouvoir administratif. Un combat chronophage, dans un contexte de réglementations changeantes et complexes, notamment dans le domaine de la protection de l’environnement et du traitement des déchets. Après huit années d’incompréhension et trois années de procédure judiciaire, l’entrepreneur sort tout juste la tête de l’eau. Le tribunal administratif de Toulouse lui a enfin donné raison. Depuis juin, son entreprise Vento-Sol (60 000 euros de CA en 2017), à Castres, est dégagée de l’obligation de reconnaissance de son système EcoBang par le ministère de l’Environnement. Tout simplement parce que son procédé innovant de traitement par évaporation ne rentre pas dans les cases des réglementations en cours.
Cette histoire, c’est celle d’un couac administratif. Un dialogue de sourds qui a empêché un patron d’avancer comme prévu, alors que son système a déjà été testé et approuvé par des clients de renom comme BASF Agro et d‘autres fournisseurs agricoles européens. L’affaire n’est pas terminée, le ministère peut encore faire appel et Nicola Vento persévère, jugeant les 150 800 euros de compensation obtenus par le tribunal administratif insuffisants : « Cela a été très dur moralement. J’ai perdu beaucoup de temps à expliquer mon problème. Cette procédure m’a aussi coûté en frais d’avocat. » Les réglementations sont souvent la bête noire des dirigeants. Mais quand on innove, surtout en France, c’est souvent un passage obligé. Et si ça tourne au cauchemar comme cela a été le cas pour Nicola Vento, pensez à lui, persévérez !
Ce billet a été publié en version courte dans Le Journal des Entreprises édition Toulouse n°374, septembre 2018.
