Tourisme : Toulouse dans la course à l'Unesco
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Tourisme : Toulouse dans la course à l'Unesco

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Afin de donner un atout supplémentaire à la ville, Jean-Luc Moudenc, maire et président de Toulouse Métropole, vient d'annoncer son intention de déposer une candidature d'inscription de Toulouse au patrimoine mondial de l'Unesco.
— Photo : Le Journal des Entreprises

C'est presque devenu un must, de plus en plus de villes en France mais aussi de par le monde, veulent profiter d'un label prestigieux, signe d'un patrimoine de grande qualité, l'inscription au patrimoine mondial de l'Unesco. Toulouse vient à son tour de se lancer et veut se joindre au peloton des impétrants.




Qu'inscrira-t-on ?
Le contenu du projet n'existe pour l'heure pas du tout. « Nous sommes tout en amont et nous devons trouver un fil rouge », indique Annette Laigneau, adjointe au maire déléguée à l'urbanisme qui ajoute : « Nous avons déjà le canal du Midi et même l'Hôtel Dieu inscrits au titre du Chemin de Saint-Jacques mais nous souhaitons proposer Toulouse. Dans notre démarche, l'ambition Unesco doit se traduire dans des actions de valorisation du patrimoine ». Une référence aux promesses de campagne, notamment les aménagements de Saint-Sernin, la mise en valeur du canal et la remise à plat du secteur sauvegardé, du candidat Jean-Luc Moudenc qui avait placé le patrimoine comme pilier de son mandat ; même si ces projets seront préalables au dossier Unesco lui-même. « Ce n'est pas un bien en tant que tel que nous inscrirons mais peut-être plutôt une histoire », souligne Annette Laigneau. Le storytelling cher aux communicants politiques et du marketing en quelque sorte. L'institution des Nations Unies veille quant à elle à ce que les projets soient réellement dans une dynamique de protection et de valorisation du patrimoine, même si, à l'Unesco à Paris, on concède que « les mentalités ont changé et que la notion de patrimoine s'est élargie. »




Un délai parfois très long
Un gros travail attend d'une part le groupe de travail qui sera constitué au sein de la municipalité, transversal, réunissant élus, personnels et personnalités mais aussi le comité scientifique à créer, réunissant scientifiques, universitaires... « Les sites doivent avoir une valeur universelle exceptionnelle en satisfaisant à au moins un parmi les dix critères de sélection » dit l'Unesco. La première phase du dossier sera l'admission sur la liste indicative de l'État français, seul habilité à déposer les demandes auprès de l'Unesco à raison de deux par an, d'où une intense guerre de lobbying entre les candidatures françaises elles-mêmes qui se bousculent (Martinique, Limoges, Fontainebleau, Toits de Paris ...). Bordeaux a mis quatre ans, le Havre ou Albi pas moins de dix ans, une partie des délais s'expliquant par l'exigence de l'Unesco demandant « un plan de gestion convaincant qui doit assurer la pérennité ». Quant aux coûts financiers d'une telle démarche, il est difficile de les estimer tant les dossiers diffèrent.




Un bonus économique mais des contraintes
Quid des bénéfices ? Un rapport de l'État britannique (2008) pose clairement la question du bien-fondé d'investissements considérables au regard des retombées. Pour les villes déjà inscrites, le son de cloche est plus positif : « On passe de "ville avec patrimoine" à "destination" » affirme Jacqueline Matha, présidente de l'office de tourisme d'Albi qui a accueilli 16 % de visiteurs en plus entre 2009 et 2014 et vu les visites de son site web exploser de 176 % ! Par ailleurs la part d'étrangers est passée à 30 % contre 15 % pour le reste du département du Tarn. À Bordeaux, entre 2007 et 2014, la taxe de séjour collectée a grimpé de 1,155 M€ par an à 2,070€ et l'aéroport a gagné plus d'un million de passagers. Carcassonne a bien perçu l'impact, + 13 % la première année (1998), qui perdure depuis (+ 50 % entre 1997 et 2007).

Une constante pour tous : la poussée des clientèles lointaines, chinoise, japonaise, brésilienne où la visibilité est très améliorée. Séduisant, mais l'inscription en soi ne suffit pas. D'où la question de Didier Vincent, président du Club Hôtelier toulousain : « C'est une bonne chose sur le fond mais comment se servir de ce label pour aller au-delà, être Unesco ne remplace pas des évènements majeurs ». Et de fait, à Albi comme à Bordeaux ou ailleurs, on travaille ce label avec notamment des jumelages avec d'autres lieux labellisés à l'autre bout du monde. En contrepoint, les exigences de l'Unesco ne sont pas à négliger qui peuvent brider les initiatives locales : Bordeaux s'est ainsi retrouvée « sous suivi renforcé » à cause de son projet de Pont Chaban-Delmas qui a dû être quelque peu adapté et l'on se souvient que la maladie des platanes du Canal du Midi a fait planer quelques craintes.

Assurément, donc, le début d'une saga qui se déroulera à cheval sur deux mandats municipaux, peut-être pas la meilleure chose pour réussir.

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