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À Toulouse, la filière des biocarburants aéronautiques prend son envol
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À Toulouse, la filière des biocarburants aéronautiques prend son envol

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Le gouvernement a choisi le siège d'Airbus à Toulouse pour lancer un appel à manifestation d'intérêt sur les biocarburants aéronautiques. Objectif : réduire l'empreinte carbone du transport aérien, en créant une filière pérenne de valorisation de la biomasse.

Parmi les acteurs mobilisés sur les biocarburants aéronautiques, le PDG d'Airbus Guillaume Faury (à gauche) et à ses côtés la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne — Photo : © Airbus / P Masclet

En déplacement au siège d’Airbus le 27 janvier, la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne a donné le coup d’envoi d’un appel à manifestation d’intérêt sur les biocarburants aéronautiques. Le projet s’inscrit dans la feuille de route définie par le gouvernement pour substituer une part croissante de kérosène par des carburants issus de la valorisation de déchets. Les objectifs de court terme peuvent sembler modestes (2 % d’incorporation en 2025, 5 % en 2030), mais la filière part de loin : moins de 0,1 % des vols inclut aujourd’hui l’utilisation de biocarburants.

Jusqu’à 50 % de biocarburants dans les mélanges

« Depuis 2016, nous avons assuré 75 vols de livraison avec un mélange comprenant des biocarburants, au départ de nos sites de Toulouse, Mobile (États-Unis) et Hambourg (Allemagne), souligne Guillaume Faury, PDG d’Airbus. L’enjeu principal reste le prix élevé de ces carburants, pour lesquels nous devons encore développer une filière efficace en France. »

« À moyen terme, il nous faut faire émerger des solutions pour la transformation de produits issus de la biomasse forestière. »

Un premier jalon a été posé en décembre 2017 et la constitution d’un consortium unissant l’État et cinq industriels français : Airbus donc, Air France, Total, Suez sur le volet environnement et Safran comme motoriste aéronautique. Leurs recherches ont permis de certifier une utilisation jusqu’à 50 % de biocarburants dans les mélanges, et d’identifier les principales ressources d’approvisionnement. « Jusqu’à présent nous avons utilisé principalement des huiles végétales non consommables, pour un potentiel de 150 000 tonnes environ, pointe Fabrice Rossignol, directeur général délégué de Suez France. À moyen terme, il nous faudra faire émerger des solutions pour la transformation de produits issus de la biomasse forestière, pour lesquels les gisements se chiffrent en millions de tonnes. »

Vers des carburants de synthèse

Parmi les défis qui se posent à la filière, la viabilité économique reste le plus sensible. « Sans incitations, le biocarburant durable ne saurait être économiquement viable, plaide Paul Mannes, directeur en charge de l’aviation au sein du groupe Total. La mise en place d’une filière demande aussi de garantir la stabilité financière et fiscale des dispositifs. » Côté logistique, le groupe pétrolier va prochainement tester la fourniture de biocarburants dans les circuits traditionnels, y compris l’alimentation par oléoducs des aéroports parisiens.

Le développement de biocarburants issus de la valorisation des déchets n’est qu’une première étape dans la décarbonation de la filière aéronautique. « Les recherches actuelles préparent le terrain pour la mise au point de carburants synthétiques, qui partagent les mêmes caractéristiques », indique Stéphane Cueille, directeur R & T (recherche et technologie) et Innovation de Safran.

Le recours à l’hydrogène comme énergie alternative revient comme l’une des pistes les plus prometteuses. « On peut aussi envisager des carburants de synthèse, produits à partir du carbone capté dans l’environnement ou dans les industries », a rappelé Élisabeth Borne. Sur le long terme, la ministre a aussi plaidé pour un développement des nouveaux modes de propulsion, électrique et hybride.

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