Les patrons d'Occitanie abordent la rentrée avec inquiétude
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Les patrons d'Occitanie abordent la rentrée avec inquiétude

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À Toulouse, la conférence de presse du Medef a mis en avant l’inquiétude des chefs d’entreprise, confrontés à la crise de l’aéronautique et au manque de visibilité des prochains mois.

Les représentants des branches professionnelles d'Occitanie réunis autour de Pierre-Marie Hanquiez, président du Medef Haute-Garonne (troisième en partant de la gauche) — Photo : © Paul Falzon / Le Journal des Entreprises

Organisée chaque année à l’occasion de la sortie de son Top Eco des plus grandes entreprises de la région, la conférence de presse du Medef Haute-Garonne a pris, en cette rentrée 2020, une tonalité plus sombre qu’à l’habitude. Le très bon exercice 2019, sur lequel se base le classement du Top Eco, est aujourd’hui « bien loin derrière nous », a résumé le président du syndicat patronal Pierre-Marie Hanquiez, avant de préciser : « Les chefs d’entreprise ne sont pas dans le pessimisme, mais dans l’inquiétude à cause du manque de visibilité. »

Le baromètre économique réalisé par le Medef Haute-Garonne auprès de 136 dirigeants confirme cette morosité. Ils sont 55 % à anticiper une baisse de chiffre d’affaires en fin d’année, dont la moitié avec des pertes supérieures à 25 % par rapport à 2019. Trois entreprises sur dix n’ont pas prévu d’investir au second semestre 2020, soit trois fois plus que l’an dernier. Un dirigeant sur trois prévoit de se séparer de collaborateurs au second semestre : pour 40 % des entreprises concernées, les suppressions de postes pourraient concerner plus de 10 % des effectifs.

Jusqu’à 10 000 postes supprimés dans la métallurgie ?

Dernier élément marquant de ce baromètre : les patrons d’Occitanie se disent « inquiets » à 58 % et « pessimistes » à 24 % concernant la situation économique régionale, que sa spécialisation sectorielle - tourisme, viticulture, et surtout aéronautique - expose particulièrement à la crise sanitaire en cours. Les représentants des branches industrielles présents autour de Pierre-Marie Hanquiez ont précisé les défis auxquels le territoire fait face.

Le représentant de l’UIMM, Bruno Bergoend, a rappelé que le rebond du transport aérien ne se ferait pas avant 2023 voire 2024, obligeant l’industrie aéronautique à « s’habituer à travailler à une activité de 30 à 40 % inférieure » à ce qu’elle connaissait. Hors Airbus, ce sont 4 000 à 5 000 emplois qui sont menacés, a estimé le représentant patronal, voire « 8 000 à 10 000 dans le pire des cas », sur un effectif approchant les 106 000 salariés dans l’industrie métallurgique occitane.

Le plan de relance, espoir pour le BTP

Pour Syntec Numérique, Luc Marta de Andrade a estimé, sur les 35 000 emplois que pèse la branche dans la région, 10 000 salariés sont actuellement inoccupés : autant de postes menacés. Le syndicat patronal a pris plusieurs initiatives pour relancer le marché, dont l’embauche d’un chargé de mission pour prospecter des marchés à l’international. Syntec Numérique a également proposé à Airbus de reprendre des projets de recherche abandonnés, avec une prise en charge des coûts à court terme par les ESN. À charge pour l’avionneur, qui doit donner sa réponse à la fin de mois, d’en récupérer le financement d’ici deux à trois ans.

Le délégué régional de Syntec Ingénierie Philippe Frey comme le président de la Fédération du BTP Haute-Garonne Émile Noyer ont tous deux estimé la baisse d’activité de leur secteur à 15 % sur l’année, avec des effets encore incertains sur l’emploi. « Nous avons l’espoir qu’avec le plan de relance, le secteur de la rénovation va redémarrer », a pointé Émile Noyer.

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