Les Filatures du parc se démarquent grâce au fil recyclé
# Textile

Les Filatures du parc se démarquent grâce au fil recyclé

S'abonner

Entreprise familiale située dans le Tarn, les Filatures du parc fabriquent du fil cardé depuis 1975. Après plusieurs années difficiles, notamment dues à la concurrence asiatique, la société a su remonter la pente en démarrant la production de fil recyclé, un matériau au cœur des tendances vestimentaires actuelles.

Les Filatures du parc, dirigées par Fabrice Lodetti, revendiquent 500 clients tricoteurs et tisseurs qui fabriquent les vêtements pour de grandes marques comme Nike ou Patagonia — Photo : Fleur Olagnier/Le Journal des entreprises

Ils étaient une vingtaine, il n'en reste plus que quatre. Quatre filatures occitanes qui transforment laine, coton acrylique ou polyester bruts en fil. Mais une seule est spécialisée dans le fil cardé basique – des fibres longues enroulées ensembles – qui sert à la confection des vêtements épais : les Filatures du parc (48 collaborateurs ; CA 2018 : 4,5 M€), PME située à Brassac, dans le Tarn. « Nous travaillons environ 200 tonnes de laine par an depuis la création de l'entreprise par mon père en 1975, souligne Fabrice Lodetti, actuel gérant. Une grande partie de la matière première vient de l'étranger, notamment d'Australie, où la laine est garantie sans polypropylènes. Et 60 à 80 tonnes sont des matières françaises de grande qualité, comme les laines de Lacaune, d'Arles ou des Pyrénées. »

L'entreprise revendique aujourd'hui 500 clients, principalement des tricoteurs et tisseurs qui fabriquent les vêtements pour les grandes marques – Nike ou Patagonia, par exemple. Les Filatures du parc confectionnent 5 à 8 tonnes de fil par jour sur ses trois lignes de production, soit environ 600 tonnes par an. Mais la petite société n'a pas toujours été aussi prospère.

Le choix judicieux du fil recyclé

« La concurrence asiatique a fait beaucoup de mal à toute la profession. Il y a douze ans, nous avons donc fait le choix de nous lancer dans le fil recyclé, explique Éric Gunzlé, responsable commercial. Nous avons investi un million d'euros dans une machine à effilocher que nous avons customisée, afin qu'elle défibre la maille tricotée : cet appareil est aujourd'hui breveté. »

L'entreprise traite ainsi les chutes des tricoteurs et les vieux vêtements en provenance de collecteurs (Emmaüs, Le Relais...) ou directement des marques, comme Bonobo, qui donne ses jeans invendus à recycler, mais aussi Celio, Kaporal, Decathlon, Monoprix ou Zara...

Les préoccupations grandissantes des consommateurs à l'égard de l'économie circulaire a naturellement conduit les enseignes à se tourner vers le fil recyclé. La marque californienne Patagonia est le plus gros client des Filatures du parc pour cette gamme de produit responsable. Il a fait décoller le chiffre d'affaires de la petite PME tarnaise de 30 % en trois ans, et représente aujourd'hui 50 % de l'activité textile de l'entreprise.

Des ceintures pour Renault

Par ailleurs, la filature réalise environ 20 % de ses ventes dans le fil pour textile d'ameublement. La SNCF utilise sa production pour tisser la moquette des TGV et la Manufacture royale du parc – fournisseur d'Airbus – pour les moquettes d'avion.

Les Filatures du parc s'ouvrent aussi à de nouveaux secteurs comme l'automobile. Elle travaille avec Renault depuis trois ans pour concevoir des ceintures en fil recyclé qui équiperont bientôt les nouveaux modèles du véhicule électrique Zoé. « Nous développons également un mélange de recyclé et de fibres biosourcées d'amidon de maïs pour créer un fil 100 % biodégradable », confie Fabrice Lodetti. Toujours avoir une longueur d'avance, telle semble être la recette du succès pour les Filatures du parc.

# Textile