Jean-Luc Rivière (Ixo PE) : « Notre rôle est de financer les entreprises mais aussi de les faire progresser »
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Jean-Luc Rivière directeur associé Ixo Private Equity Jean-Luc Rivière (Ixo PE) : « Notre rôle est de financer les entreprises mais aussi de les faire progresser »

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Quinze ans après sa création, la société toulousaine Ixo Private Equity (20 salariés, 700 millions d'euros sous gestion) s’est imposée comme le principal acteur indépendant du capital-investissement en Occitanie. La récente levée d’un fonds de 200 millions d’euros doit lui permettre de développer ses positions auprès des PME et ETI de la moitié sud de la France. Directeur associé en charge de l’Occitanie, Jean-Luc Rivière donne les clés du développement de la société.

Pour Jean-Luc Rivière, directeur associé de la société de capital-investissement Ixo Private Equity en charge de l’Occitanie, "le facteur temps devient de plus en plus décisif" dans les projets d'investissement des entreprises — Photo : Ixo Private Equity

Le Journal des Entreprises : Vous avez annoncé la levée d’un fonds de 200 M€ (Ixo 4) pour soutenir la croissance des PME et ETI du Grand Sud. Ce montant record va-t-il changer votre approche du marché ?

Jean-Luc Rivière : Nous entendons rester un acteur généraliste, avec une variété d’interventions comme c'était le cas pour nos précédents fonds. S’il est impossible de donner, à ce stade, des secteurs ou des zones géographiques prioritaires, le principe sera de concentrer nos opérations sur une quinzaine d’entreprises, pour pouvoir consacrer davantage de temps à l’accompagnement des équipes dirigeantes – un positionnement qui correspond aussi aux attentes des institutions qui nous confient leur argent.

Le métier du capital-investissement est un métier de contact. Nous avons adapté notre organisation en ce sens, puisque quatre des cinq directeurs associés d’Ixo PE sont chargés du suivi d’une région : Nouvelle-Aquitaine, Région Sud - Provence Alpes Côte-d'Azur, Auvergne Rhône-Alpes et Occitanie. Avoir un référent dans chacune de ces régions crée un point d’ancrage pour les entreprises que nous accompagnons.

Quelle est la différenciation d’Ixo PE sur le marché du capital-investissement ?

J.-L.R. : Notre première particularité est d’être une société totalement indépendante. Avec 700 M€ sous gestion, nous sommes le leader des acteurs indépendants sur le Sud-Ouest, et l’un des plus importants en France. Contrairement à la plupart des acteurs du marché, nous avons fait le choix de pouvoir investir en étant actionnaire minoritaire ou majoritaire.

« Aujourd'hui, le facteur temps devient de plus en plus décisif. Cette accélération du marché génère pour les entreprises des besoins qualitatifs supplémentaires. »

Notre autre différenciation est de pouvoir faire des opérations sur un spectre de tickets très large, de 2 à 20 millions d’euros en première intervention sur Ixo 4. Si les projets de l’entreprise le demandent, on peut même envisager une deuxième intervention, pour un investissement global de 30 millions d’euros : un montant pour lequel on aurait tendance à penser qu’il faut aller chercher les financements à Paris.

Malgré cette variété d’interventions, avez-vous aujourd’hui la taille critique sur votre marché ?

J.-L.R. : Pour des projets d’investissement qui se chiffrent en centaines de millions d’euros, nous ne pouvons certainement pas nous positionner comme principal investisseur. Mais sur les segments du small et du mid-cap, nous répondons à la plupart des besoins. D’autant que notre rôle n’est pas seulement de financer les entreprises, mais aussi de les faire progresser. Nous avons tissé un réseau de partenaires métiers qui peuvent aider les dirigeants sur leurs différents projets : développer de nouveaux produits, étendre leur zone géographique, trouver des modèles économiques innovants - par exemple sur le digital, définir leur stratégie d’acquisitions en synergie ou de diversification...

Souhaitez-vous développer votre couverture dans les prochaines années ?

J.-L.R. : Nous sommes nés en Midi-Pyrénées, avant de nous étendre en Aquitaine puis en Languedoc-Roussillon, en ex-Région Paca, et en Rhône-Alpes. La fusion des régions a encore agrandi notre cadre d’intervention avec l’intégration de l’Auvergne, du Limousin et du Poitou-Charentes. Nous allons rester dans ce périmètre Grand Sud pendant la durée d’Ixo 4, c’est-à-dire pour les quatre prochaines années. La priorité serait plutôt de renforcer nos équipes dans nos régions d’intervention, avec trois embauches en 2019, dont une pour nos fonds dédiés à l’innovation.

Justement, que représente l’innovation dans votre portefeuille ?

J.-L.R. : Environ 40 % de notre activité concerne des fonds de proximité, qui ont vocation à s’intéresser à des entreprises relativement jeunes, ce qui induit une prédilection pour l’innovation technologique. Nous levons sur ce type de véhicules environ 25 M€ par an sur tout le Grand Sud. Toulouse et sa région se montrent très dynamiques, puisqu’un gros tiers de cette activité se concentre dans l’ancienne région Midi-Pyrénées.

Votre société a été créée en 2003. Avez-vous vu une évolution des attentes des chefs d’entreprise dans leurs projets d’investissement ?

J.-L.R. : Nous constatons que le facteur temps devient de plus en plus décisif. Cette accélération du marché génère pour les entreprises des besoins qualitatifs - définir de nouveaux produits, de nouvelles géographies, anticiper l'investissement sur l'outil productif ou leurs opérations de croissance externe… Une fois que ces besoins ont été identifiés, on passe à une phase plus quantitative sur l’évaluation des moyens à mobiliser. C’est là que notre société a la capacité de faire gagner du temps à une équipe dirigeante en apportant les leviers financiers. À ce titre, l'indépendance d'Ixo PE et l’agilité de notre gouvernance constituent un réel avantage, en permettant une rapidité dans la prise de décision.

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