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Coronavirus : un mois après le début de la crise, les PME toulousaines de l'événementiel évaluent leurs pertes
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Coronavirus : un mois après le début de la crise, les PME toulousaines de l'événementiel évaluent leurs pertes

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Première filière à tirer la sonnette d'alarme début mars, avant le confinement lié à l'épidémie de coronavirus, le secteur événementiel s'est organisé à Toulouse autour du collectif SOS Events 31. Ses 212 membres anticipent une baisse de leur chiffre d'affaires de 83 % jusqu'au mois de juin inclus.

Rien que pour la région toulousaine, les pertes de la filière événementielle pourraient atteindre 136 millions d'euros entre mars et juin 2020, estime le collectif SOS Events 31 — Photo : © DigitalPlace

Lundi 9 mars. Dans les PME toulousaines de l’événementiel, les annulations et reports commencent à s’accumuler. Si la crise sanitaire est déjà bien installée en Italie, on ne parle pas encore de confinement pour la France, et à peine plus des répercussions économiques. « Nous avons été les premiers à voir la tempête arriver. En un jour, l’activité s’est totalement arrêtée », résume aujourd’hui Steve Gallais, fondateur et directeur général de l’agence Verywell (34 salariés, CA 2019 : 3,10 M€). Ce dernier est l’un des organisateurs d’une réunion d’urgence à laquelle participeront, le mardi 10 mars, une centaine de professionnels de l’agglomération toulousaine : le collectif SOS Events 31 est né.

Plus de 136 M€ de pertes, rien que pour la région toulousaine !

Très vite, la filière événementielle commence à chiffrer ses pertes. Les traiteurs et les loueurs de lieux sont en première ligne. Ce sont ensuite les organisateurs de salons, agences d’hôtesses, aménageurs, hôteliers, producteurs audiovisuels, qui voient leur chiffre d’affaires s’écrouler. Fin mars, le collectif SOS Events 31 demande à ses 212 membres (dont 94 hôtels) d’établir une estimation de leurs pertes pour une période s’étalant jusqu’au mois de juin inclus. Les données sont destinées à informer les chambres consulaires et la Région Occitanie, qui prévoit 5 millions d’euros pour les TPE et PME touchées par la crise de l’événementiel dans son premier paquet d’aides de 60 millions d’euros.

Le Journal des Entreprises a eu accès à l’estimation établie par SOS Events 31 : elle prévoit une perte d’exploitation cumulée d’au moins 136 millions d’euros pour les professionnels de l’agglomération toulousaine, l’équivalent de 83,6 % du chiffre d’affaires moyen des dernières années. Parmi les commandes pour l’instant maintenues, près de 40 % présentent « un fort risque » d’annulation, précisent les professionnels toulousains de l’événementiel.

« Les assurances, grandes absentes »

« Les reports de cotisations et les fonds de solidarité ont aidé nos entreprises à passer le mois de mars, mais on s’attend à ce que des entreprises soient sur le carreau dès la fin avril, alerte aujourd’hui Jean-François Renac, directeur général de Miharu et cheville ouvrière du collectif SOS Events 31. Il y a eu une vraie mobilisation des acteurs publics, mais l’ampleur de la crise impose de trouver des solutions qui sortent du cadre. »

Jean-François Renac, président du club CIRT et dirigeant de Miharu — Photo : ©Gilles Vidal

Pour les quatre établissements que Miharu gère à Toulouse, Jean-François Renac prévoit une perte d’activité de 30 à 35 % sur l’année 2020. Bien plus que les 25 % de chiffre d’affaires couverts par le prêt garanti par l’État. « Les assurances sont les grandes absentes du débat : la crise sanitaire n’étant pas considérée comme un dommage, les entreprises ne peuvent pas faire jouer leurs garanties perte d’exploitation. Déclarer un état de catastrophe sanitaire contribuerait à débloquer cette situation », poursuit le dirigeant.

Les dépenses événementielles, premières sacrifiées

Un mois après l’arrêt brutal de l’activité, les PME de l’événementiel peinent encore à envisager la sortie de crise, particulièrement sur le segment du B to B. « Le redémarrage de l’activité économique se fera au mieux en septembre. Et on sait que, quand les trésoreries sont asséchées, l’événementiel et la communication sont les premiers postes de dépenses supprimés, constate Stéphane Gambier, président et cofondateur de la société Abaques Audiovisuel. La nature des manifestations risque aussi de changer : peu de regroupements importants dans un premier temps, et la mobilisation de moyens techniques plus limités. »

Sur les 45 collaborateurs d’Abaques (CA 2018 : 9,60 M€), 43 ont été placés en activité partielle : seuls travaillent aujourd’hui les deux associés, non salariés. « Nous avons sorti quelques salariés du chômage, pour des opérations très ponctuelles de maintenance d’équipements audiovisuels chez nos clients hospitaliers. Cette activité d’intégration sera peut-être un levier pour notre reprise : la crise sanitaire a généralisé le télétravail, les entreprises auront besoin d’outils pour gérer cette nouvelle organisation », espère Stéphane Gambier.

Pas de salons grand public avant octobre

La reprise pourrait être encore plus tardive sur les manifestations orientées B to C. Après un premier report de mars à juin, l’organisateur Top 7 a reculé l’organisation du salon Seniors Occitanie au 15 octobre. « Sur ce type de manifestations, il faut pouvoir communiquer auprès du grand public avec quatre à six semaines d’avance, rappelle Didier Vandanjon, gérant de Top 7. Notre société ne devrait pas trop souffrir de la crise car nous sous-traitons l’intégralité des prestations, mais on sait que ce sera dur pour certains partenaires. »

Au sein de l’agence Verywell, Steve Gallais a pour l’instant fait le choix de maintenir en activité les trois quarts de ses salariés. Ceux dont les plannings d’occupation sont vides ont le choix entre un chômage partiel (avec complément de salaire) et la préparation en amont de dossiers sur les autres activités de l’agence : publicité, communication et digital. « Nous essayons d’être force de proposition, d’aider nos clients à préparer l’avenir. Mais il nous faudra peut-être diversifier l’activité pour les sept salariés spécialisés sur l’événementiel », conclut le dirigeant.

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