Coronavirus : à Toulouse, le médiateur des entreprises voit les demandes affluer
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Coronavirus : à Toulouse, le médiateur des entreprises voit les demandes affluer

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Créé en 2010 pour rééquilibrer les relations entre clients et fournisseurs dans l'industrie, le dispositif de médiation des entreprises trouve une nouvelle actualité avec la crise du Covid-19. Olivier Renne, médiateur pour l'Occitanie Ouest en témoigne.

Au niveau national, le médiateur des entreprises et le médiateur du crédit viennent de mettre en place un comité de crise commun pour répondre aux cas de cessation et de retards de paiement qui se multiplient avec la crise du Covid-19. — Photo : © DR

Encore peu connue du monde entrepreneurial, la médiation des entreprises a été créée en 2010 à la suite des États généraux de l’industrie, avec l’objectif de remettre de l’équilibre dans les relations entre clients et fournisseurs. Piloté par Bercy, le dispositif s’appuie sur une quarantaine de médiateurs nationaux et un réseau de médiateurs régionaux rattachés à la Direccte et tous bénévoles. Depuis la semaine dernière, le téléphone a sonné bien plus souvent que d’habitude.

« Habituellement nous traitons 30 à 35 dossiers par an sur le périmètre de l’ancienne région Midi-Pyrénées : rien que ces trois derniers jours, j’ai été sollicité par une demi-douzaine de dirigeants, indique Olivier Renne, médiateur des entreprises pour l’Occitanie Ouest, et responsable du secteur aéronautique au sein du service économique de la Direccte. La plupart des demandes viennent de TPE et de petites PME, et concernent des reports d’échéances de crédit et des impayés. »

« Effet cascade »

Avec la crise du coronavirus, un nombre croissant d’entreprises repoussent le règlement des factures. Au niveau national, le médiateur des entreprises et le médiateur du crédit viennent d’ailleurs de mettre en place un comité de crise commun pour répondre aux cas de cessation et de retards de paiement. À Toulouse, si Olivier Renne pointe certaines dérives, il constate surtout un « effet cascade » préjudiciable aux plus petites entreprises : « Les grands groupes tardent à payer leurs fournisseurs qui eux-mêmes décalent le règlement aux TPE et PME, pour qui le règlement d’une facture de quelques milliers d’euros peut être vital. Notre rôle n’est pas d’assurer le recouvrement mais de renouer le dialogue entre les parties prenantes pour purger le différent et trouver une solution viable pour tous. »

Impatience face aux mesures gouvernementales

Le médiateur des entreprises constate des tensions croissantes dans les trésoreries, notamment dans le secteur industriel, et craint que la situation ne s’aggrave dans les prochains jours. Sa priorité : maintenir la confiance entre les acteurs, notamment ceux qui entretiennent des relations commerciales régulières. En temps normal, les médiations aboutissent à 75 % à des solutions à l’amiable. Si Olivier Renne s’attend à être très sollicité dans les prochaines semaines, il reste confiant dans la capacité à établir des compromis. « Beaucoup de dirigeants ont pris connaissance des mesures gouvernementales et s’inquiètent de ne pas les voir appliquer. C’est souvent le cas pour les reports d’échéances : les organismes de crédit sont en train de les mettre en place, mais pas assez vite pour les entreprises qui aimeraient en bénéficier. »

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