Coronavirus : la filière viticole occitane limite la casse en optimisant la vente de ses stocks
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Coronavirus : la filière viticole occitane limite la casse en optimisant la vente de ses stocks

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Depuis le début du confinement lié à la crise sanitaire du coronavirus, la filière viticole tourne au ralenti en Occitanie. La baisse d'activité dans les caves coopératives est significative dans le secteur traditionnel notamment à cause de la fermeture des restaurants, en grande distribution et à l'export.

La coopérative viticole Vinovalie anticipe jusqu'à 40 % de baisse d'activité en avril. — Photo : Vinovalie

La Région Occitanie compte plus de 2 800 vignerons indépendants et 230 caves coopératives viticoles et unions. L’impact et les conséquences directes de la crise sanitaire du coronavirus sur les caves coopératives et unions révèlent une tendance qui n’épargne pas la majorité des exploitations. Pour La Coopération Agricole - ex Coop de France -, fédération qui représente 2 300 entreprises coopératives agricoles et agroalimentaires, la filière viticole subit une baisse d’activité globale. En découle une baisse en chiffre d’affaires, mais qui ne remet pas en cause la pérennité des exploitations qui tentent tout de même de limiter la casse en optimisant la commercialisation de leur stock vinifié à l’automne dernier.

Net impact de la fermeture des restaurants

D’après une étude réalisée par La Coopération Agricole auprès de plus 151 caves coopératives et unions occitanes, près de 97 % des entreprises viticoles sont impactées par une baisse d’activité sur le secteur traditionnel. Une baisse supérieure à 50 % pour plus des deux tiers d’entre eux. La fermeture des restaurants et de certains cavistes, les problèmes de livraisons et les mesures de protection des salariés ont entraîné la fermeture provisoire de 21 entreprises, dont plusieurs caveaux. Pour les autres, le ralentissement se traduit également dans la grande distribution (pour 41 % d’entre eux) et à l’export (71 % des caves touchées).

Le groupe Vinovalie (135 ETP ; CA 2019 : 48,7 M€) a par exemple enregistré une baisse de 16,5 % de son chiffre d’affaires lié simplement aux deux premières semaines de mars, et prévoit entre - 35 % et - 40 % d’activité en avril. « Nous avons constaté une baisse de 30 % du chiffre d’affaires sur la grande distribution entre le 15 et le 31 mars, explique Jacques Tranier, directeur général du groupe Vinovalie. Avec les problèmes de main-d’œuvre dus aux gardes d’enfants et les mesures de confinement, les grandes surfaces ont mobilisé tout leur personnel, réduit, sur la logistique des produits de première nécessité et non le vin ». Au total, Vinovalie s’attend à une perte de chiffre d’affaires de 5 millions d’euros sur l’exercice en cours.

Le groupe Vinovalie continue son activité d'embouteillage à 60 %. — Photo : Vinovalie

Regain à l’export

Côté export, le groupe (qui regroupe quatre caves coopératives, NDLR) défie les statistiques en affichant + 20 % de ventes en mars, alors que 54 % des caves ont subi une baisse d’activité supérieure ou égale à 50 %. Le groupe espère également « limiter la casse » à 10 % de baisse d’activité sur le mois d’avril, malgré les problèmes de logistique. L’étude de La Coopération Agricole Occitanie montre d’ailleurs une reprise ponctuelle sur le grand export vers la Chine et les États-Unis.

De plus, Vinovalie continue aujourd’hui à 60 % son activité d’embouteillage et a notamment entamé un partenariat avec Gaches Chimie pour le conditionnement de gel hydroalcoolique dans ses poches à vin. L’entreprise, qui récolte et vinifie en septembre-octobre, conditionne ainsi le vin produit à l’automne 2019. Pour l’instant, l’impact de la crise du Covid-19 concerne donc l’embouteillage et la commercialisation mais pas la fabrication.

Enfin, outre les problèmes d’approvisionnement par les fournisseurs et d’expédition de la marchandise, qui touchent respectivement 26 % et 33 % des caves coopératives, les soucis de conditionnement et d’emballage touchent près de 35 % d’entre elles. « Nous connaissons des problèmes de main-d’œuvre mais avons réussi à remplacer les personnes arrêtées par des volontaires au chômage partiel qui viennent travailler dans les vignes, souligne Jacques Tranier. Habituellement nous embauchons les saisonniers en août. Je reste optimiste et crois en un retour à la normale d’ici là qui nous permettra de faire face au surcroît de travail lié aux vendanges ». À ce jour, ce sont en moyenne 35 % des salariés des caves occitanes qui travaillent sur site, 11 % en télétravail, 32 % en activité partielle et 21 % qui sont en arrêt pour garde d’enfant, maladie, congés payés ou RTT.

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