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Chérif Mili (Selfcity) : « Être une jeune pousse nous a permis de réagir vite à la crise »
Interview Toulouse # Artisanat

Chérif Mili président de la start-up Selfcity Chérif Mili (Selfcity) : « Être une jeune pousse nous a permis de réagir vite à la crise »

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Au cœur de la crise liée à l'épidémie de coronavirus, la jeune pousse toulousaine Selfcity, qui ambitionne de transformer le métier de plombier, a récolté des fonds et continué à asseoir sa notoriété. Son président Chérif Mili revient sur la crise et son impact positif sur l'activité de la start-up.

A la tête Selfcity, Chérif Mili estime avoir traversé la crise grâce à la réactivité et à l'adaptabilité inhérentes à une start-up — Photo : Selfcity

L’activité de votre start-up Selfcity a-t-elle été influencée par la crise liée à l’épidémie de Covid-19 ?

Chérif Mili : Chez Selfcity, nous avons l’ambition de révolutionner le métier de plombier. Nous salarions les plombiers à un revenu supérieur au montant moyen dans la profession, et leur permettons de digitaliser tout le processus d’intervention. Grâce à notre logiciel couplé d’une composante mobile, chaque artisan peut organiser sa journée en fonction du type d’intervention et ainsi transporter uniquement le matériel pertinent : outillage, pièces de rechange… L’itinéraire dans la ville est optimisé pour limiter le nombre de kilomètres parcourus et nous fournissons des scooters électriques pour limiter au maximum l’impact environnemental. Enfin, notre modèle économique est basé sur la facturation des interventions. Ainsi, dans le contexte de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, notre marché n’a pas été l’un des plus touchés puisque les artisans ont bénéficié des aides de l’État. Également à moyen terme, je pense que nous ne serons pas les plus vulnérables et nous pourrions même nous trouver parmi les privilégiés, car la plomberie est une activité pérenne où la demande est constante.

Avez-vous eu des difficultés à vous maintenir financièrement ?

Chérif Mili : Selfcity a réalisé un peu plus de 100 000 euros de chiffres d’affaires depuis sa création en mai 2019. Nous sommes huit collaborateurs dont trois plombiers salariés, qui ont pu bénéficier du chômage partiel. Juste avant la crise, nous étions en train de récolter des fonds auprès du Réseau Entreprendre Occitanie, du dispositif Créalia et d’IéS. Il est vrai que la période a secoué ces organismes de soutien aux sociétés innovantes et a modifié leur façon de travailler, notamment au mois de mars. Nous n’avons donc eu de cesse de les solliciter. Mais une fois la secousse absorbée, ils se sont remobilisés, en partie grâce à une volonté politique forte de la Région et de la métropole. Nous avons alors progressivement obtenu les fonds nécessaires à notre survie et à notre développement (montant confidentiel, NDLR).

Malgré le confinement et les mobilités restreintes, comment votre start-up a-t-elle pu continuer à gagner de nouveaux clients ?

Chérif Mili : Nous avons rapidement mis en place un service gratuit d’assistance plomberie par visioconférence. Plusieurs dizaines de consultations ont eu lieu pour des particuliers dans toute la France et nos plombiers sont parvenus à apporter une aide concrète pour un peu plus de 50 % des appels. Bien que Selfcity n’ait pas réalisé d’intervention physique payante, cette opération nous a permis de nous faire connaître davantage et de nous démarquer des autres artisans plombiers par un service après vente très fiable et complet. Plus les particuliers entendront parler de nous et plus ils nous choisiront pour leurs réparations, plus nous pourrons recruter de nouveaux artisans en CDI temps plein. L’objectif est d’ailleurs d’embaucher deux autres plombiers d’ici fin 2020.

Être une jeune pousse a-t-il été un atout ou un inconvénient pour traverser cette crise ?

Chérif Mili : En tant que startupper, nous sommes habitués à naviguer dans l’inconnu. Le principe même d’une jeune pousse est de trouver une solution à un problème qui n’était pas encore résolu. Comme c’est notre quotidien, la réaction à la situation et la mise en place d’éléments pour continuer à avancer ont peut-être été plus rapides que dans une PME classique. La mise en service de notre « plomberie en visio » a par exemple pris moins d’une semaine. Quand on est une PME qui maîtrise le même produit depuis plusieurs années et reproduit systématiquement le même schéma, la remise en cause, le réajustement ou le changement de modèle peuvent être plus difficiles.

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