Ces PME qui créent leur école
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Ces PME qui créent leur école

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Les entreprises occitanes sont de plus en plus nombreuses à ouvrir leur propre centre de formation. Objectifs : répondre à un besoin de recrutement, mettre à jour les compétences des salariés en interne ou encore générer du business en proposant des formations externes.

— Photo : Recaero

Assystem, Recaero, WeAre, Scopelec, Very Well… On ne les compte déjà plus, et pourtant, la création par les PME régionales de leur école personnelle est un phénomène récent. Difficultés de recrutement ou nécessité d’une remise à niveau des salariés dans des métiers en constante évolution, les raisons qui poussent les entreprises à ouvrir leur centre de formation sont diverses.

Dans le cas du groupe de sous-traitance aéronautique Assystem (9 000 collaborateurs dont 1 800 à Toulouse ; CA 2017 : 700 M€), c’est une pénurie de compétences sur la chaîne d’assemblage des avions qui a déclenché la création du Skills Development Center (SDC). « Nous formons aujourd’hui 60% de techniciens d’examen de conformité et 25% de techniciens d’essai, des métiers pour lesquels il n’existe pas de parcours scolaire mais qui représentent 400 emplois chez Assystem à Toulouse », explique Éric Mayayo, responsable de l’activité du centre. Cet enseignement se matérialise depuis janvier 2017 par un bâtiment de 750 m2 à Saint-Martin-du-Touch. Un investissement de 1,5 M€. On y trouve sept salles, un espace de 150 m2 dédié aux travaux pratiques, un simulateur de vol et une salle de réalité virtuelle.

Un tremplin pour les demandeurs d’emploi

De plus, dix responsables d’unités sont devenus formateurs à plein temps, assistés par des vacataires. L’année dernière, plus de 1 000 personnes issues du monde de l’aéronautique et demandeurs d’emploi ont été formés au SDC, ce qui a rapporté 1 M€ à l’entreprise. « En 2018, l’objectif est de diversifier nos enseignements à travers notamment les activités système, l’ingénierie, la conception électronique et le développement logiciel et de bancs d’essai », s’enthousiasme Éric Mayayo.

De leur côté, trois membres d’Aerospace Valley se sont aussi lancés dans l’aventure. Tout d’abord, l’urgentiste pour avions, Recaero (600 collaborateurs dont 320 au siège à Verniolle ; CA 2016 : 42 M€). Spécialisé dans les demandes ponctuelles de pièces de rechange pour l’aéronautique, le groupe de métallurgie a ouvert son centre en 2015. L’école accueille 95% de demandeurs d’emploi dont les formations sont financées par Pôle emploi et l’Adefim Midi-Pyrénées, et 5 % de collaborateurs en interne.

« Les 400 m2 du centre sont équipés en machines et outils, mais les élèves se rendent souvent dans l’usine pour des travaux pratiques en situation réaliste, rapporte Christelle Pobeau, responsable de "Recaero formation". Les périodes d’enseignement ont lieu en fonction des besoins et sont assurées par des ouvriers très qualifiés de l’atelier, les plus pédagogues ». Après 400 heures de théorie avec stage, les élèves suivent des contrats de professionnalisation en entreprise.

Enfin, les futurs ajusteurs monteurs, chaudronniers, opérateurs de machine à commande numérique et soudeurs passent leur Certificat de qualification paritaire de la métallurgie (CQPM). En 2017, 30 personnes l’ont obtenu et aujourd’hui, 10 % des salariés en CDI sur le site de Verniolle sont issus de cette école.

D’étroites relations avec les lycées professionnels

Par ailleurs, le groupe WeAre (1 400 collaborateurs ; CA 2017 : 140 M€) a créé son centre de formation en juillet 2016. La WeAre Academy a d’abord été mise en place pour la montée en compétences des salariés, notamment dans le management. « Notre but est maintenant de faire progresser nos collaborateurs avec des formations techniques en usinage qui est notre cœur de métier, éclaire Franck Arakélian, directeur opérationnel de l’Academy. Enfin, à terme, nous souhaitons devenir une véritable université d’entreprise ». Pour ce faire, le groupe étoffe ses relations avec les lycées professionnels, comme l’IUT de Génie Mécanique de Rangueil dont 24 élèves suivent un cursus en alternance avec WeAre. En 2018, l’entreprise devrait aussi proposer ses premières formations en externe, sur l’impression additive professionnelle.

En outre, pour répondre à de forts besoins de recrutement, la PME Mecahers, membre d’Aerospace Valley, a créé son centre en 2013. À noter que d’autres secteurs sont tentés par le défi, comme l’agence de communication Verywell, qui a inauguré la Verywell School en septembre.

Inculquer les savoir-faire et les valeurs de l’entreprise

D’autre part, les membres du cluster DigitalPlace Makina Corpus, Keleo Solutions, Zebrys, Orme ou encore Hitech Software sont éditeurs de logiciels et proposent à leurs clients une formation aux outils numériques qu’ils conçoivent. Le groupe Nexio, lui, va plus loin. Dans son pôle formation créé en 2014, il forme ses salariés en interne aux métiers de l’électromagnétisme. De plus, Nexio intervient dans les écoles, comme à l’IUT de Grenoble où il est partenaire d’une licence pro. Cette activité leur a rapporté 35 000 € en 2017, une faible somme comparée aux 6 M€ de CA du groupe.

Ainsi, comme pour la plupart des entreprises qui choisissent d’ouvrir leur école, ce n’est pas la rentabilité du centre qui est importante, mais l’opportunité d’inculquer à ses futurs salariés potentiels les savoir-faire et les valeurs spécifiques à l’entreprise.

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