Adie : «Amener à l'entrepreunariat les personnes exclues du crédit bancaire »
Interview # Réseaux d'accompagnement

Christophe Nicaud directeur régional de l'Adie en Occitanie Adie : «Amener à l'entrepreunariat les personnes exclues du crédit bancaire »

S'abonner

L'an dernier, l'Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) a accompagné en Occitanie près de 600 créateurs d'entreprises en situation de précarité. La structure, qui fête ses 25 ans dans la région, s'appuie notamment sur les expertises de dirigeants en activité ou en retraite. Son président, Christophe Nicaud, présente les résultats de l'association.

En juin dernier, bénévoles et entrepreneurs accompagnés par l'Adie ont reçu la visite du Premier ministre Edouard Philippe (à droite) en présence du maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc — Photo : © Adie

Le Journal des Entreprises : En 2017, l’Adie a financé près de 600 créateurs d’entreprise en Occitanie. Quels sont leurs profils ?

Christophe Nicaud : La moitié des personnes que nous accompagnons sont allocataires des minima sociaux, et 10 % ont moins de 30 ans. Le commerce représente plus de 50 % des projets, devant les services à la personne et le BTP.

Notre aide porte sur les démarches et surtout le financement : il s’agit d’amener à l’entrepreneuriat des personnes généralement dénuées d’apports et exclues du crédit bancaire. Les prêts peuvent atteindre jusqu’à 10 000 euros, mais se situent en moyenne à 3 500 euros, destinés à couvrir les besoins de démarrage (matériel, fonds de roulement).

Dans un premier temps, les trois quarts des créateurs choisissent le statut de micro-entrepreneur. Une fois l’activité lancée, nous pouvons leur conseiller d’autres statuts. Nous les suivons aussi dans leur développement : l’an dernier, nous avons financé près de 350 dossiers de ce type en Occitanie. Un projet sur cinq permet la création d’un second emploi en moins d’un an.

Quel est le taux de réussite des entrepreneurs que vous accompagnez ?

C.N. : Le taux de pérennité à trois ans se situe à 63 %, dans la moyenne nationale. Mais n’oublions pas que nous touchons un public précarisé ! Nous regardons aussi le taux d’insertion, qui inclut les personnes toujours à la tête de leur entreprise, mais aussi celles ayant trouvé un emploi salarié : le chiffre passe à 84 %. Nous y voyons la preuve que notre action favorise l’intégration économique et sociale de personnes parfois très éloignées du travail.

Ces résultats ne nous empêchent pas de faire évoluer notre accompagnement. L’Adie Occitanie a lancé en début d’année un dispositif destiné à une cinquantaine de jeunes de moins de 32 ans, « Je deviens entrepreneur ». Il s’agit d’un programme court et souple de formation : sur deux à quatre semaines, les porteurs de projets alternent modules collectifs et entretiens individuels. L’objectif est d’acquérir la méthodologie nécessaire pour créer et piloter son entreprise - le programme dispense d’ailleurs du stage de préparation à l’installation (SPI). Cet accompagnement à la carte ne pourrait pas se faire sans l’expertise des tuteurs bénévoles de l’Adie.

Vous avez d’ailleurs placé vos bénévoles au cœur de vos Rendez-vous de l’Adie organisées le mois dernier : qu’attendez-vous des acteurs du monde économique ?

C.N. : Nous comptons environ 80 tuteurs en Occitanie, un chiffre que nous aimerions porter à 100 en 2019. Il s’agit de dirigeants ou de cadres, en activité ou à la retraite. Leur expérience est essentielle dans les dossiers de créations, qu’il s’agisse de démarches administratives, de demande de financement ou de rédaction du projet d’entreprise.

De notre côté, nous formons ces bénévoles pour faciliter le dialogue avec nos publics les plus précarisés. Pour les dirigeants sensibles aux problématiques d’insertion, c’est une façon de contribuer au développement de leur territoire.

# Réseaux d'accompagnement