Alpes-Maritimes
Verrerie de Biot : "Impossible pour nous de payer 90 000 euros d’électricité par mois"
Témoignage Alpes-Maritimes # Production et distribution d'énergie # Artisanat

Verrerie de Biot : "Impossible pour nous de payer 90 000 euros d’électricité par mois"

S'abonner

La Verrerie de Biot, dans les Alpes-Maritimes pourrait temporairement devoir fermer ses portes. La PME, spécialisée dans les arts de la table, dit aujourd’hui ne pas pouvoir faire face à la flambée de ses factures d’électricité.

La Verrerie de Biot demande des aides pour supporter la flambée des prix de l'électricité — Photo : Olivia Oreggia

C’est ainsi depuis deux mille ans : avant de souffler le verre, celui-ci doit être en fusion. Après les fours à charbon d’antan, la Verrerie de Biot (21 salariés, 3 M€ de chiffre d’affaires) dispose aujourd’hui de deux fours électriques. Mais aujourd’hui, son activité est menacée par le coût de l’énergie. "Nous venons de recevoir un courrier nous annonçant une hausse de 800 % du tarif, c’est de l’ordre du scandale, vitupère Serge Lechaczynski, qui dirige l’entreprise artisanale familiale avec sa sœur, Anne. La facture d’électricité atteindrait alors 90 000 euros par mois, c’est impossible !"

Impossible à payer et tout aussi impossible de répercuter ces hausses sur les prix de vente des gobelets, carafes, vases et autres photophores. "Un verre qui coûte aujourd’hui 20 euros devrait alors être vendu 100 euros", illustre le dirigeant.

Impossible d’éteindre les fours

La Verrerie de Biot a été fondée en 1956. Labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, elle a inventé les créations en verre bullé. Avant le Covid, en 2019, elle était l’entreprise privée la plus visitée de France avec 580 000 visiteurs, étrangers et Français. Des inondations de l’automne 2015 à la pandémie, la Verrerie n’aura pas été épargnée ces dernières années. Aujourd’hui, c’est un nouveau coup dur qui la pousse à envisager une fermeture temporaire et une mise au chômage technique de ses salariés. "En 2008, nous avons été parmi les toutes premières verreries au monde à passer à l’électrique. Nos deux fours fonctionnent 24 heures sur 24, explique Serge Lechaczynski. Ils ne peuvent pas être éteints. Un four met quinze jours à refroidir et autant à remonter en température. Nous essayons de fusionner surtout la nuit, mais ce n’est pas toujours possible. S’il y avait des coupures d’électricité comme cela a été évoqué, ce sera une catastrophe. Et puis il faut plus de dix ans pour former un souffleur de verre donc, si nous devons nous séparer d’eux, nous ne les retrouverons pas."

44 tonnes de verre par an

La flambée des coûts énergétiques vient s’ajouter à celle des prix des matières premières. "Nous achetons 44 tonnes de verre par an, deux fois 22 tonnes. Là où les 22 tonnes nous coûtaient 36 000 euros, nous les avons payées 59 000 euros en juin et leur prix est passé aujourd’hui à 79 000 euros. Nous avions voulu prendre les devants et avons emprunté pour constituer du stock. Mais maintenant, si on nous prive d’électricité, c’est fini !", pose le dirigeant.

La Verrerie de Biot assure ne pas pouvoir répercuter la hausse du prix de l'électricité sur le prix de vente de ses produits — Photo : Olivia Oreggia

Serge Lechaczynski assure ne pas être alarmiste mais réaliste, citant les verreries de Venise dont certaines ont fermé, contraintes de rendre les armes face à la hausse du prix du gaz. "En France, le prix de l’électricité n’augmentera pas indéfiniment. En attendant, il faut trouver un consensus, pour toute la branche et toutes les professions concernées, que ce soit la suppression de la TVA ou un plan d’aide comme il y en a eu pendant le Covid, analyse le dirigeant azuréen. À la Verrerie de Biot, nous avons jusqu’à février. Après ça, soit on trouve une solution, soit on ferme."

Alpes-Maritimes # Production et distribution d'énergie # Artisanat # Conjoncture
Fiche entreprise
Retrouvez toutes les informations sur l’entreprise LA VERRERIE DE BIOT