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Tournaire forme ses salariés au sein de sa propre école
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Tournaire forme ses salariés au sein de sa propre école

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Pour faire face à la pénurie de compétences, Tournaire (300 salariés, 70 M€ de CA) a lancé il y a 10 ans son école interne. Une offre de formation dont 74 salariés ont déjà bénéficié et que l’entreprise basée à Grasse, dans les Alpes-Maritimes, leader mondial des emballages techniques, entend aujourd’hui développer.

— Photo : Tournaire

À presque deux siècles d’existence, Tournaire (70 M€ de CA en 2017) est leader mondial des emballages techniques. Ses bidons en aluminium ou plastique sont utilisés dans le monde entier pour transporter huiles, essences naturelles, antibiotiques ou engrais. L’entreprise familiale compte 300 salariés. Mais les profils idoines sont difficiles à trouver. Tournaire a donc créé il y a 10 ans son école interne. Jusqu’alors consacrée à la seule production, elle prévoit aujourd’hui de l’étendre à d’autres pans de l’entreprise. « Il s’agissait de faire face à des départs à la retraite de salariés qui détenaient des savoirs très importants », explique Sabine Resenterra, responsable de la formation. « Certains y avaient passé toute leur carrière. Il fallait assurer la transmission de leurs connaissances. Nous avons travaillé avec l’AFPI, organisme de formation de l’IUMM, pour la mise en place de l’école. Les techniciens sur le départ ont suivi une formation de formateur pour être accompagnés à la fois dans la pédagogie et dans les supports. »

Plus de 80 métiers différents au sein de Tournaire

Une transmission d’autant plus capitale que nombre de ces métiers « ne sont plus enseignés », précise Sébastien Chesnel, directeur des ressources humaines de l’entreprise. « Avoir des connaissances mécaniques pour des ouvriers est de plus ne plus rare. Il n’y a plus de candidats formés à la base alors que ce sont des métiers très recherchés. Et ici, on compte plus de 80 métiers différents. » Depuis la création de l’école, chaque nouvel opérateur de production se voit dispenser des modules adaptés et créés spécifiquement. 74 salariés en ont bénéficié. « Il y a ensuite une montée en puissance sur les deux années qui suivent, jusqu’à l’examen du CQPM », le Certificat de Qualification Paritaire de la Métallurgie. Le taux de réussite des « élèves » de Tournaire est de 100 %.

700 heures de formation par an

Plus de 700 heures annuelles de formation sont dispensées. Depuis 2017, avec l’aide d’une agence de formation extérieure, ces modules « font peau neuve », précise Sabine Resenterra. Il s’agit de coller autant à l’évolution des machines (pour la plupart conçues en interne) qu’au profil des candidats. « Nous allons sans doute devoir faire face à de plus en plus de turn-over. C’est l’évolution des générations. Nous avons donc simplifié les modules afin que les salariés puissent se les approprier plus facilement. » Une nécessité d’autant plus forte que les candidats ne sont plus toujours issus du sérail. « L’an dernier, nous avons embauché un boulanger et un postier. D’autres ont travaillé dans les services à la personne ou la restauration », reprend la responsable formation. « Nos critères de recrutement sont davantage basés sur le savoir-être, la fiabilité, la ponctualité, sur leur envie d’apprendre. »
Tournaire consacre 5,2 % de sa masse salariale à la formation, dont 1 % à l’école interne. C’est plus du double que dans la moyenne des entreprises françaises (2,7 % en 2014 selon la Dares). L’industriel grassois n’a perçu jusqu’alors aucune subvention pour son école interne mais espère pouvoir en bénéficier dans le cadre la réforme de la formation professionnelle lancée il y a un an.

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