Thierry Boucard (APRÈS) : « Notre association est une start-up de 400 salariés, au service du réemploi B2B »
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Thierry Boucard vice-président de l'association APRÈS et dirigeant d'Exatec Thierry Boucard (APRÈS) : « Notre association est une start-up de 400 salariés, au service du réemploi B2B »

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Quinze entreprises françaises se sont regroupées pour créer APRES, l’association des professionnels du réemploi des équipements et services. Pour ces PME spécialisées dans le reconditionnement d’appareils électroniques à destination des entreprises, il s’agit de valoriser le réemploi, un secteur à la fois viable et écologique. Thierry Boucaud en est le vice-président. Il dirige Exatec, à Menton, qui fournit pièces détachées et d’automates bancaires reconditionnés.

— Photo : APRÈS

Le Journal des Entreprises : Comment est née l’idée d’APRES, l’association des professionnels du réemploi des équipements et services ?

Thierry Boucaud : Nous avons lancé l’initiative au printemps 2018 et créé l’association fin septembre cette année. Elle est composée d’une quinzaine de PME des quatre coins de France, toutes indépendantes, qui produisent des équipements de reconditionnement, exclusivement en BtoB.

Près de la Roche-sur-Yon, Matmond (22 salariés, 7,2 M€ de CA) est leader européen dans le réemploi de photocopieurs. Près de Lyon, le groupe Codeo (150 salariés, 20 M€ de CA) dont le PDG, Tony Duburcq, est président de l’association, est l’un des experts en Europe du matériel reconditionné, des terminaux de paiement aux équipements médicaux. Dans l'Isère, Codeco System (1,4 M€ de CA, 10 salariés) propose des machines et des consommables dédiés à l’impression industrielle.

« Il y a mieux à faire que de détruire des équipements. Nous leur donnons une seconde vie. »

Il y a 20 ans, nous faisions du recyclage. Il y a 15 ans, du développement durable. Il y a 8 ans, de l’économie circulaire. Aujourd’hui, du réemploi. Il nous faut promouvoir ce secteur. Nous partageons les mêmes problématiques : nous ramons à contre-courant !

Le recyclage, l’économie circulaire… tout cela est pourtant dans l’air du temps. La loi (article L541-1 du Code l’environnement) incite d’ailleurs clairement à la réduction de la production de déchets. N’en profitez-vous pas ?

T.B. : L’essentiel des produits part dans le D3E, c’est-à-dire dans les déchets d’équipements électriques et électroniques. Alors oui, on détruit proprement ces équipements en fin de vie, mais il y a mieux à faire que de détruire une machine à laver. Ce que nous faisons, nous, à savoir donner une seconde vie, faire faire un nouveau tour de piste à ces appareils, quelle que soit l’obsolescence, c’est encore mieux ! Voilà ce qu’est le réemploi. Et il n’a que des avantages : bon pour la planète, pour le business, pour votre image. Le secteur est porteur.

Pourquoi alors ce besoin de se fédérer ?

T.B. : Nous manquons de visibilité. Sans doute car nous sommes toutes des PME de province, pas assez prises au sérieux. Toutefois, les choses évoluent, nous avons été reçus au ministère de la Transition écologique. Cette association est en fait une start-up de 400 salariés, qui pèse plus de 65 M€ de chiffre d’affaires. Nous sommes dans l’air du temps, mais nous devons encore faire beaucoup de pédagogie. Certains sont réticents à nous vendre. D’autres à acheter.

En 20 ans, mon entreprise, Exatec (3,3 M€ CA, 30 salariés), n’a jamais pu racheter des automates de la Banque Postale ! Nous réalisons 85 % de notre activité à l’export. En France, 80 % des automates bancaires partent à la destruction.

« Le marché de l’automobile d’occasion n’a pas tué le marché du neuf. C’est aussi valable pour la téléphonie ou l’informatique. »

Les entreprises ne pensent même pas au réemploi. Les prescripteurs sont les responsables RSE, mais il y a ici ou là une certaine hypocrisie. Le marché de l’automobile d’occasion n’a pas tué le marché du neuf. C’est valable pour la téléphonie, l’informatique, la bureautique, le matériel médical…

Nous souhaitons aussi promouvoir une charte d’éthique et de qualité, car il n’y a pas seulement de l’occasion dans le reconditionnement, il y a aussi de la qualité.

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