Stan : "Les entreprises doivent se demander ce qu’elles apportent au territoire"
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Nicolas Barthe fondateur de Stan "Les entreprises doivent se demander ce qu’elles apportent au territoire"

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Né à Marseille il y a dix ans, le cabinet de conseil Stan (70 collaborateurs, CA : 8 M€) accompagne les grands groupes et des ETI dans leur ancrage territorial. Parier sur les territoires, loin de Paris, la stratégie est payante. Désormais présent dans dix métropoles françaises, le cabinet vient d’inaugurer ses nouveaux locaux à Nice où évoluent trois collaborateurs. Et ce n’est qu’un début.

Nicolas Barthe (à gauche), fondateur du cabinet Stan en 2013, et Jean de Mendiguren, directeur de Stan Côte d’Azur — Photo : Olivia Oreggia

Quel rôle joue Stan auprès des entreprises ?

Nicolas Barthe : Stan est là pour les accompagner dans leur ancrage territorial. Le territoire a de nouveau le vent en poupe. Or, les grands groupes n’y ont pas toujours une bonne image, ce qui est un peu de leur fait car ils ne s’en sont pas souciés pendant longtemps. Nous essayons de leur faire comprendre que si elles veulent que le territoire joue leur jeu, les accueille, les considère, il faut aussi qu’elles aient une empreinte territoriale positive, sur un plan social, sociétal, environnemental. Elles doivent se demander ce qu’elles apportent au territoire. C’est bien de venir avec une vision, une stratégie, mais ce n’est pas parce que cela aura fonctionné avec succès dans le Nord, que cela fonctionnera de la même façon sur la Côte d’Azur.

Jean de Mendiguren : Il faut bien connaître l’écosystème, son fonctionnement, son histoire, son actualité. Le décideur doit comprendre que dans la seule région Paca, il y a plusieurs écosystèmes, très différents. De même au sein des Alpes-Maritimes. Nous expliquons par exemple que le fleuve Var, qui traverse le département, est une limite historique, géographique mais aussi sociologique et économique. Développer son marché, c’est comme partir à la guerre, le premier devoir d’un militaire est de connaître le théâtre des opérations. Celui qui ne prend pas le temps de savoir où aller, comment, quels sont les interlocuteurs décisifs, d’où ils viennent, leur histoire, d’analyser les enjeux, va bâtir sa stratégie sur de faux postulats ou des clichés, et cela ne fonctionnera pas.

"Le décideur doit comprendre que dans la seule région Paca, il y a plusieurs écosystèmes, très différents."

Mais cela semble pourtant relever simplement du bon sens ?

N.B. : J’ai moi-même mis du temps à comprendre que c’est là-dessus que nous allions monter Stan (70 collaborateurs, CA : 8 M€). Il y a quelques années à Marseille, de grands patrons sont venus me voir car ils proposaient de superbes projets mais n’arrivaient pas à les concrétiser. Ainsi Marc Pietri, président de Constructa, ne comprenait pas le rejet de la Tour la Marseillaise. Il ne voyait que les 180 millions d’euros qui allaient être investis et la renommée mondiale de Jean Nouvel, son architecte, mais pas la perception négative qu’avait le territoire de ce projet. Nous avons alors rencontré tous les acteurs, mis en avant les 1 000 emplois générés par le chantier, lancé un parcours d’insertion avec des jeunes des quartiers, avec de vraies formations, nous nous sommes engagés à faire venir des sièges sociaux d’entreprise, nous avons créé une boucle d’eau de mer pour alimenter la climatisation et réduire les émissions de gaz à effet de serre… Finalement, cette tour s’est intégrée.

De même, à Cannes où nous avons accompagné récemment la rénovation du Carlton, un sujet délicat. Des investissements étaient attendus depuis vingt ans, il y avait eu plusieurs projets, et les fonds venaient finalement du Qatar (le palace a été racheté en 2014 par Katara Hospitality, contrôlé par le fonds souverain du Qatar, NDLR). Entre la collectivité, le fonds d’investissement, le constructeur, le personnel, les syndicats… on pouvait parler de choc des cultures mais il y avait une convergence d’intérêts. Nous avons pu établir là aussi une convention d’insertion pour l’emploi sur le chantier. L’impact sociétal est là. Et in fine, le lieu est magnifique et crée de l’activité.

Au-delà de ces exemples, qui sont vos clients ?

N.B. : Total Énergies, Veolia, Erilia, la Caisse d’Épargne Côte d’Azur, Audemard… Nous travaillons avec de grandes entreprises, privées uniquement, et des ETI, des sociétés qui ont des visions et des projets à moyen et long terme, tous secteurs confondus même si nous avons des limites. Je ne veux pas travailler par exemple pour des cigarettiers ou des fabricants d’alcool. Nous travaillons avec des industriels parfois un peu sulfureux comme Lafarge par exemple (le cimentier français est mis en examen pour "financement d’entreprise terroriste" et "mise en danger" de ses salariés en Syrie, NDLR) car le propriétaire a changé, les choses ont été reprises. De même avec Alteo à Marseille qui, pendant plus de trente ans, a déversé des boues rouges polluantes en mer. Nous travaillons avec le nouvel investisseur qui s’est engagé dans une démarche de développement durable.

"Nous vendons l'ancrage territorial au quotidien pour nos clients et nous l'appliquons à nous-mêmes."

Combien comptez-vous d’implantations en France ?

N.B. : Nous vendons l’ancrage territorial au quotidien pour nos clients et nous l’appliquons à nous-mêmes. Nous sommes désormais présents dans une dizaine de métropoles. Nous avons commencé à développer ce modèle il y a deux ans à Nice. Nous ne vendons pas des petits pois, mais du conseil, qui doit être incarné. Notre directeur Côte d’Azur ne reprend pas l’avion ou le TGV le soir pour rentrer à Paris. Nous sommes un tiers de confiance : nos équipes ne feront jamais rien qui n’irait pas dans un sens gagnant-gagnant pour le territoire. Les nouveaux locaux que nous venons d’ailleurs d’inaugurer à Nice, nous les avons achetés, cela montre bien que nous nous inscrivons dans la pérennité.

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