Ouvrir une nouvelle voie pour la production d’hydrogène, c’est le pari de la start-up Sakowin, fondée à Fréjus en 2017 et qui vient de signer avec cinq premiers partenaires en 2021, dont quatre d’entre eux (Ponticelli Frères, groupe ADP, AES DANA et Saint-Gobain) sont entrés à son capital. "Cette opération nous permet d’asseoir notre crédibilité, de lever 1,05 million d’euros et d’enclencher le co-développement de solutions intégrant notre brique technologique", confie son fondateur et dirigeant Gérard Gatt.
De l’hydrogène en masse et compétitif
Cette brique technologique, mise au point par Sakowin, tente de répondre à l’équation suivante : produire sans émission de CO2 de l’hydrogène en masse, à un coût économique abordable. "Pour atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050, il faudra avoir remplacé 85 % de nos énergies actuelles par de l’hydrogène. L’enjeu est gigantesque, selon Gérard Gatt, qui chiffre les besoins en hydrogène à 10 milliards de tonnes." Convaincu que la solution de 2050 se trouve dans des solutions qui n’existent pas encore et soutenu par une quarantaine d’associés, il s’est tourné vers la molécule de méthane, "qui demande cinq fois moins d’énergie que la molécule d’eau pour produire la même quantité d’hydrogène." Par ailleurs, pour produire de l’énergie négative en CO2, Sakowin propose de se tourner vers le biométhane. Cette décomposition du méthane sans oxygène produit de l’hydrogène gazeux et du carbone sous forme solide, qui peut être utilisé dans "d’innombrables applications industrielles."
La start-up, qui réfléchit, depuis sa création, à l’étape d’après, a ainsi mis au point une technologie, utilisant la plasmalyse, un dérivé de la pyrolyse du méthane, qui permet de produire de l’hydrogène et du carbone en grande quantité. Cette technologie, protégée par trois brevets, tient dans une armoire de 8 m² équipée d’un réacteur de 100 kW, capable de produire environ 200 kilogrammes d’hydrogène par jour (un camion consomme 10 à 14 kg d’hydrogène aux 100 km, NDLR) et dont la mise sur le marché est annoncée pour 2025.
Des partenariats de co-développement
D’ici là, l’entrepreneur mise sur les partenariats industriels pour développer des applications avec des spécialistes de chaque secteur. "Ainsi, nous intervenons aux côtés du groupe ADP, anciennement Aéroport de Paris, dans le cadre du programme H2 Hub Airport, pour créer une station de recharge d’hydrogène pour le secteur aéroportuaire. Avec Saint-Gobain, nous étudions la possibilité de convertir des process industriels vers l’hydrogène tout en explorant de possibles innovations liées à l’utilisation du carbone. Enfin, avec le laboratoire suisse EMPA, l’équivalent de notre CEA, nous allons co-développer une solution de station de recharge hydrogène pour le transport routier", détaille Gerard Gatt, qui prévoit de nouer une vingtaine de partenariats similaires d’ici à 2025 et une quarantaine d’ici 2028. Entouré de 12 personnes (docteurs et ingénieurs) réparties entre Fréjus et le centre de R & D à Aix-en-Provence, le dirigeant prévoit de livrer les premiers prototypes issus de ces partenariats, en 2023 et de lancer la production de son armoire, "South Beach" en 2025. Gérard Gatt prévoit de lever 3 millions d’euros supplémentaires d’ici la fin de l’année 2022, puis 7 millions d’euros en 2024, pour financer l’industrialisation et la création d’une usine avec 70 à 80 emplois à la clé. En 2028, Sakowin devrait ainsi réaliser 43 millions d’euros de chiffre d’affaires et compter 110 personnes.
