Quand les entreprises s'ouvrent au tourisme industriel
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Quand les entreprises s'ouvrent au tourisme industriel

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L’entreprise est un lieu touristique comme les autres, c’est en tout cas le crédo des sociétés locales qui ouvrent leurs portent aux visiteurs. Un moyen de générer des revenus à court terme, mais aussi de travailler la notoriété de la marque pour des projets plus ambitieux.

— Photo : Photo : D.Gz.

De la Bonne-Mère à la Promenade des Anglais en passant par les plages du Lavandou, les touristes se pressent en Paca, où le secteur pèse 13 % du PIB. Un potentiel qui n’a pas échappé aux entreprises de la région, désireuses d’attirer ces éventuels clients. « La région Sud est très active avec 153 entreprises et des acteurs très dynamiques », note Cécile Pierre, déléguée générale d’Entreprise & Découverte. L’association, qui fait la promotion de la visite d’entreprise, est à l’origine du guide du Routard dédié à ce thème, dont il existe une seule déclinaison régionale… celle de Paca. De son côté, Aix-en-Provence accueillera, les 18 et 19 octobre, la 3e Rencontre nationale de la visite d’entreprise.

« C’est un moyen de marquer les territoires avec des produits phares et, pour les entreprises, c’est un enjeu financier direct. Dans le Sud, elles sont 90 % à disposer d’une boutique », souligne Cécile Pierre. C’est le cas de la Verrerie de Biot (25 salariés), dont 75 % des 3 M€ de chiffre d’affaires proviennent de ses 540 000 visiteurs annuels. Un afflux qui fait de l’entreprise la plus visitée en France. Une politique menée dès 1973, lors du rachat de la verrerie par les parents de l’actuelle gérante, Anne Lechaczynski. « L’atelier a été conçu en fonction du cheminement touristique, pour que les visiteurs puissent voir la fabrication d’une pièce de bout en bout. Pour autant, ce n’est pas un show ou un démonstrateur, c’est un véritable atelier, la production n’a pas été adaptée au tourisme. L’authenticité est essentielle pour réussir », explique la PDG.

Anne Lechaczynski, PDG de la Verrerie de Biot — Photo : Norbert Huffschmitt2

Création d’une boutique au musée

Dans les Bouches-du-Rhône, la Confiserie du Roy René (80 salariés ; CA : 13 M€), basée à Aix-en-Provence, a depuis 2014 misé sur la visite de touristes dans son nouveau site, qui inclut boutique et musée avec vue sur la production. « C’était alors un musée de marque, mais depuis la reprise de l’entreprise en novembre 2014 par Olivier Baussan, nous en avons fait un musée du calisson », confie Alexis Bertucat, responsable tourisme et développement durable, au sein de la confiserie. « Cela nécessite un investissement conséquent mais la démarche a un impact financier. Notre boutique d’usine est aujourd’hui la meilleure de nos quinze magasins », ajoute-t-il. Dans le cadre de la confiserie, l’activité liée au musée (65 000 visiteurs à l’année) permet également de lisser le caractère saisonnier de l’entreprise.

Pour la Savonnerie du Midi (20 salariés ; CA : 6,5 M€), l’une des plus anciennes savonneries de Marseille, son tout nouveau musée doit avant tout contribuer à l’information du public sur la réalité de la fabrication du savon de Marseille. « Nous participons chaque année aux Journées du patrimoine et accueillons entre 800 et 900 personnes. Cela nous a incités à créer un musée au cœur même de l’usine. Pour le réaliser nous avons fait appel à un cabinet d’architecture, à un scénographe et à un historien en lien avec la CCI. Un musée est un métier différent et il faut faire appel à des professionnels. Cela ne s’improvise pas », confie Guillaume Fievet, qui dirige l’entreprise.

Pour financer son musée, la savonnerie a notamment eu recours au crowdfunding, via la plateforme Provence Booster, grâce à laquelle 15 000 € ont été récoltés. Une somme qui permettra d’équiper le site en bornes interactives.

Depuis 2014, la Confiserie du Roy René, basée à Aix-en-Provence, a créé un musée du calisson — Photo : Photo D.Gz.

Aménagements obligatoires

Dans le département voisin du Var, la Conserverie Au Bec Fin (CA : 8 M€ ; 50 salariés), a également dû procéder à des aménagements. « Avec le renforcement des critères sur l’hygiène, il devenait compliqué de réaliser des visites, nous avons donc cassé le mur de la boutique pour offrir une vision complète aux visiteurs » raconte Olivier Manière, directeur général de la société installée à Cogolin. La visite est gratuite et s’accompagne d’une vidéo explicative ainsi que d’une dégustation. Au-delà des infrastructures, cela demande également de la formation pour le personnel et de l’organisation pour gérer les flux, entre 20 000 et 30 000 visiteurs chaque année.

« Cela participe à la notoriété de la marque, nous voulons développer le concept pour l’année 2019 », annonce le dirigeant. De nouvelles boutiques devraient ainsi s’ouvrir en propre dans le Var, avant que des franchises voient le jour dans d’autres départements.

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« Profiter de la machine touristique qu’est la France »

Une croissance qu’a déjà connue Fragonard (45 salariés, CA 2016 : 52,7 M€), qui vend ses parfums via ses six musées et ses 20 boutiques, dans le Sud et en région parisienne. « Depuis 50 ans, nous profitons de la machine touristique qu’est la France, c’est un excellent outil de travail », précise Éric Fabre, directeur commercial du parfumeur. « Nous avons des projets d’ouverture à l’étranger, mais nous avons décidé de faire une pause car notre croissance est trop forte », ajoute-t-il.

Si la visite des usines de production de parfum de Fragonard, à Grasse et Eze, cette dernière étant créée en 1968 avec des couloirs vitrés de chaque côté de la production, est un grand classique du tourisme azuréen, la part du tourisme dans le chiffre d’affaires de l’entreprise est passée de 95 % à 65 % en 20 ans. L’enjeu du tourisme industriel est aujourd’hui de faire de Fragonard une marque reconnue en parfumerie. La PME fonde ainsi beaucoup d’espoir sur son dernier musée, Le Nouveau Musée du Parfum, ouvert à Paris en 2015.

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