Spécialisée dans le développement de produits pharmaceutiques, notamment à partir de la réhabilitation de molécules "oubliées", de produits délaissés, comme le bleu de méthylène, la société Provepharm, basée dans le quartier de Château-Gombert, à Marseille, réalise 80 % de son activité aux États-Unis, où elle a racheté en 2020 la société Apollo Pharmaceuticals, basée en Floride. L’entreprise marseillaise a enregistré, en 2022, 77 millions d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 16 % par rapport à 2021. Une croissance que la PME de 125 salariés (dont trente aux États-Unis) maintient depuis maintenant cinq ans. Ayant créé il y a 25 ans Provepharm, le dirigeant Michel Féraud envisage par ailleurs de doubler le chiffre d’affaires de l’entreprise dans les cinq ans à venir.
Nouvelle stratégie à l’international
Pour cela, la société, qui revendique de s’avancer dans une troisième voie et trace ainsi son chemin entre le groupe pharmaceutique travaillant sur des médicaments génériques et la biotech partant de zéro pour parvenir après de longues années à un nouveau médicament, est aujourd’hui entrée dans une nouvelle phase de son développement. Comme l’explique Michel Féraud, Provepharm a désormais une approche mondiale du marché. "Il n’y a plus d’un côté la France et l’Europe et de l’autre les États-Unis, nous avons désormais une vision globale. Notre expertise sur les États-Unis, où nous avons décroché deux autorisations de mise sur le marché pour notre ProveBlue et pour le Bludigo, peut intéresser des laboratoires européens qui ont des produits non encore labellisés aux États-Unis. À l’inverse, nous pouvons également assister des laboratoires américains qui ne savent pas comment faire approuver leurs produits en Europe", poursuit le dirigeant dont l’entreprise a d’ores et déjà vendu 4,4 millions de traitements dans le monde. La production des principes actifs de l’entreprise, réalisée à Château-Gombert, a reçu les certificats de l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) et de la FDA (Food and Drug Administration). "Nous pouvons donc produire en interne des molécules qui vont être intégrées à nos médicaments pour l’Europe et les États-Unis, qui représentent notre marché le plus important".
Maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur
Petit à petit, la société qui a commencé en travaillant à 100 % en sous-traitance, a réintégré la production sur son site de Château-Gombert. "Nous avons repris en main la production car nous ne voulons pas dépendre des autres. Nous vendons des produits médicaux et nous ne pouvons pas nous permettre une rupture de la production. Nous avons aujourd’hui atteint une taille critique". Provepharm s’engage aujourd’hui dans la même logique pour la commercialisation de ses produits. La filiale américaine de la PME réalise de la R & D et dispose de ses équipes de commercialisation qui seront installées en juin 2023 dans des locaux à Newark, tout près de New York. "Avec nos propres équipes commerciales, nous augmentons forcément notre rentabilité. Par ailleurs, nos équipes sont au plus près des chirurgiens, des médecins et nous maîtrisons ainsi mieux les retours des utilisateurs".
En Europe, Provepharm est ainsi en cours d’installation de sa propre force commerciale. En Allemagne, l’entreprise vient de mettre en place une joint-venture avec la société Dr Franz Kohler Chemie, son partenaire depuis une dizaine d’années, et au Royaume-Uni, une filiale a été créée qui devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année. Chacune de ces entités comptera entre 5 et 6 salariés.
L’entreprise marseillaise qui a levé 120 millions d’euros en 2021 envisage toujours de nouvelles acquisitions, notamment afin d’élargir son portefeuille de produits. Dans le même temps, "nous poursuivons nos développements en interne et de prochaines autorisations de mise sur le marché sont à venir", confie Michel Féraud, qui projette de recruter une trentaine de salariés cette année.
