Provence-Alpes-Côte d’Azur : Une économie sur la bonne tendance
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Provence-Alpes-Côte d’Azur : Une économie sur la bonne tendance

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Le moral des chefs d’entreprises a beau fluctuer au gré des bouleversements internationaux, des évolutions législatives et des difficultés à trouver de la main d’œuvre. Il n’empêche : pour la Banque de France, leur état d’esprit demeure globalement optimiste !

Jeannine Roghe, direcctrice régionale de la Banque de France et Bernard Benitez, adjoint au responsable des affaires régionales — Photo : JCB

Toute nouvelle positive est bonne à prendre à chaque rentrée : pour la direction régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Banque de France, « la croissance de l’économie régionale reste toujours bien orientée ». L’institution interroge mensuellement un échantillon d’un millier d’entrepreneurs du territoire, représentant 155 000 salariés et près de 29 milliards d’euros de chiffre d’affaires. L’enquête de janvier cerne leurs perspectives (et espérances). Celle de septembre vérifie s’ils les confirment ou les corrigent à la hausse ou à la baisse. La directrice, Jeannine Roghe, et Bernard Benitez, adjoint au responsable des affaires régionales, ont procédé le 26 septembre à Marseille à l’état des lieux. « L’évolution depuis 2015 s’inscrit sur une tendance positive » se réjouissent-ils. Entre 2016 et 2019, la France a créé un million d’emplois, Provence-Alpes-Côte d’Azur 60 000.

Outil modernisé

L’ensemble des secteurs en témoigne à des degrés divers. Depuis 2015, l’industrie (9,2% de l’emploi régional) enregistre une progression cumulée des chiffres d’affaires de 13,6%. Par rapport à janvier 2019, la hausse attendue s’inscrit en retrait de 1,7 point, mais reste de 1,3%, tirée par la consommation intérieure plus que par l’export. En 2018, les investissements avaient grimpé de 17% afin de moderniser l’outil industriel. En 2019, ces dépenses devraient baisser de 4%. « Mais ce n’est pas étonnant puisqu’il faut maintenant capitaliser sur les capacités de production reconstituées » confie Bernard Benitez. L’emploi qui avait reculé constamment entre 2010 et 2017 affichait depuis une croissance de 2,6%. Il devrait s’éroder de 0,5% pour les entreprises interrogées. « La région crée des emplois, mais il faut développer la formation en raison des difficultés pour pourvoir les offres. C’est un vrai frein » se désole la directrice régionale.

Emploi en progrès

Cette pénurie de compétences frappe également les services marchands (50% des emplois), même si, toutes filières confondues, leurs acteurs prévoient une hausse de 1,3% (en 4 ans, elle atteint 9,3% !) mais aussi des dépenses d’investissement supérieures de 5,5% à leurs prévisions initiales (soit + 2,9% sur l’année) et des transactions à + 2,6%. Encouragée par une demande publique et privée jugée « plus active », la construction voit aussi la production (+ 3%) et l’emploi (+ 1,6%) progresser. Les investissements reculent, en revanche, de 8,7%, le bâtiment s’affirmant plus pessimiste que les travaux publics qui ont connu une reprise plus tardive et bénéficient d’un « rattrapage des budgets ». En net, sur quatre ans, les deux secteurs ont néanmoins progressé de 8,3% et leurs dépenses d’investissement ont crû de 4,4%. « Les carnets de commandes sont remontés, mais on peut craindre un retournement de tendance pour 2021 » glisse Bernard Benitez.

Incertitudes prégnantes

Selon la Banque de France, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et l’Europe, le ralentissement des économies allemande et italienne, le niveau d’endettement des Etats ou les incertitudes liées au Brexit pourraient impacter les performances française et régionale à venir. Les indicateurs du climat des affaires attestent de ces inquiétudes : s’ils affichent presque 20 points de progression entre août 2016 et août 2018, ils reculent de dix points entre mi-2018 et mi-2019 au vu d’un monde de plus en plus imprévisible.

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