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Pour Sofiane Benhabib, PDG de Synlab Provence, la France va voir du mal à réaliser un dépistage massif du coronavirus
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Pour Sofiane Benhabib, PDG de Synlab Provence, la France va voir du mal à réaliser un dépistage massif du coronavirus

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Sofiane Benhabib, PDG de Synlab Provence et vice-président du Syndicat de biologie libérale européenne, s’inquiète du manque de matériels, de consommables et de réactifs afin de pratiquer les tests massifs de dépistage du coronavirus. Le dirigeant dresse un état des lieux peu rassurant d’une profession appelée à jouer un rôle crucial dans les semaines à venir.

Sofiane Benhabib, biologiste médicale et PDG de Synlab Provence et vice-président du syndicat de Biologie libérale européenne — Photo : D.R.

Alors que la Direction générale de la santé a annoncé le passage à 100 000 tests de dépistage du coronavirus par jour pour la fin du mois de mai, puis un dépistage sérologique systématique et massif à la fin de l’épidémie, Sofiane Benhabib, PDG du laboratoire marseillais de biologie médicale Synlab Provence, estime que « la crise actuelle nous met face aux réalités. Les politiques à court ou moyen termes ont conduit à un système de soins en flux tendu, tout juste calibré pour répondre aux besoins habituels. Gardons à l’esprit que ces dix dernières années, le budget alloué à la biologie médicale par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) s’est réduit comme peau de chagrin alors même que les volumes d’actes sont en croissance constante ».

La France a donc du pain sur la planche pour réussir à dépister massivement sa population. Le problème, pour Sofiane Benhabib, c’est qu’elle n’a pas toutes les cartes en main pour atteindre cet objectif. « Sans appareil de production fort en France, sans stocks de matériels (les écouvillons pour les prélèvements, les réactifs nécessaires aux analyses, les machines pour la biologie moléculaire), et totalement dépendants d’approvisionnements extérieurs, nous sommes en difficulté pour augmenter le nombre de tests quotidien », assure le chef d’entreprise. Pour lui, l’appareil de production de diagnostic in vitro en France est trop largement dépendant d’industries implantées hors du territoire national.

Des laboratoires démunis face à la pandémie

« À l’exception de Biomérieux, il n’existe pas de géants du « gros » matériel médical français. Pour s’équiper en scanner, il y a le choix entre General Electric (USA), Siemens (Allemagne) ou Philips (États-Unis). Pour un système d’automation calibré pour traiter des volumes importants d’échantillons dans votre laboratoire de biologie médicale, il faut recourir à Beckman Coulter (États-Unis), Abott (États-Unis), Roche (Suisse) ou Siemens (Allemagne). Et il en va de même pour l’équipement de biologie moléculaire… », poursuit-il, rappelant toutefois qu’en France 4 200 sites de laboratoires de ville existent pour 67 millions d’habitants.

Ainsi, Synlab Provence, qui couvre trois départements de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (13, 04, 84) et reçoit chaque jour 5 000 à 6 000 patients à travers ses 65 sites est la plus importante filiale française du groupe Synlab, leader européen du diagnostic médical avec 1,7 milliard d’euros de chiffre d’affaires en Europe. « C’est une spécificité du modèle français, avec des sites qui maillent tous les territoires (ville et campagne). Nous pilotons donc des entreprises de plus en plus complexes sans pour autant pouvoir fixer le prix de notre « production », qui relève des choix de la CPAM. Nous sommes donc forcés à un jeu d’équilibriste permanent avec comme risque la diminution des capacités d’investissement pour une profession qui se retrouve démunie pour faire face à la pandémie ».

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