Quel bilan tirez-vous de l’année 2021 en région Paca ?
L’année 2021 a été une année atypique, coupée en deux avec un premier semestre atone au niveau de l’activité économique, et un second semestre qui a enregistré une très forte augmentation des offres d’emploi. Au global, l’année a été plutôt bonne avec un chiffre, qui fait référence pour nous : 382 000 emplois ont été trouvés par nos conseillers pour 309 000 demandeurs d’emploi (dont 22 % de jeunes). Nous terminons ainsi l’année avec 470 000 demandeurs d’emploi inscrits et une baisse du chômage qui est réelle : le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A est en baisse de 12,9 % sur l’année en région Paca. Ce chiffre peut s’interpréter comme un rattrapage des effets de la crise et je n’ai pas souvenir d’avoir connu une correction aussi forte, sur une période aussi courte.
Un autre chiffre est à souligner, qui concerne la formation : 122 000 demandeurs d’emploi ont été formés en 2021 avec un taux de retour à l’emploi de 55 %. L’accent sera encore mis sur la formation en 2022 et en particulier pour répondre aux besoins en main-d’œuvre des secteurs en tension.
Quels seront les chantiers prioritaires de Pôle Emploi Paca pour l’année 2022 ?
Les hypothèses de croissance pour l’année 2022 sont encore fortes, de l’ordre de 3 %. Nous nous attendons donc à une tension persistante sur les offres. Nous comptions 72 000 offres disponibles la semaine dernière, un chiffre assez important pour un mois de janvier.
Pour permettre aux entreprises de trouver les candidats, les 4 600 collaborateurs de Pôle Emploi Paca vont s’attacher à déployer deux axes de travail. Le premier, le programme "Expertises d’avenir" est structuré autour de 12 filières économiques phares. En lien avec les acteurs de chaque secteur, il s’agit d’anticiper et définir les besoins en emplois et formations.
L’autre axe consiste à constituer un vivier de demandeurs d’emploi (environ 20 000 aujourd’hui), aptes à reprendre le travail immédiatement. Sur ce vivier, nous constatons un taux de retour à l’emploi de 40 %.
Comment allez-vous faire grandir ce vivier que vous comptez doubler cette année ?
Pour faire grandir ce vivier, nous nous appuyons sur différents outils. Ainsi, dans le cadre du programme "Passeport emploi", nous avons réalisé 300 000 entretiens avec 220 000 personnes inscrites sur six secteurs en tension en région : la santé et les services à la personne, l’hôtellerie/restauration, le transport et la logistique, le commerce, le BTP et l’industrie.
Nous mettons aussi en œuvre la méthode de recrutement par simulation (MRS), qui permet d’élargir la recherche de candidats en privilégiant le repérage des habiletés nécessaires au poste de travail proposé. Cette méthode permet de ne pas se limiter aux critères habituels de recrutement que sont le diplôme et l’expérience. Nous nous sommes fixés pour objectif de réaliser 20 000 tests suivant cette méthode pour orienter des demandeurs d’emploi vers des secteurs qui en ont besoin.
L’idée pour nos conseillers est d’aller chercher des chômeurs de longue durée, mais aussi le public, dit "invisible". Nous voulons aller au-devant des personnes pour leur montrer que nous disposons d’outils qui leur permettent de reprendre le chemin de l’emploi.
Comment les entreprises accueillent-elles ces publics éloignés de l’emploi ?
Actuellement, nous travaillons avec toutes les branches professionnelles sur le concept d’entreprise accueillante pour inciter les entreprises à être plus inclusives.
Nous avons aussi travaillé sur notre organisation interne pour faire en sorte que Pôle Emploi soit plus accessible.
"Nous voulons inciter les entreprises à être plus inclusives."
Nous avons nommé 12 experts régionaux par secteur d’activité (les secteurs en tension, et les secteurs d’avenir, comme le numérique) et un expert par département, car chaque secteur a des problématiques qui lui sont propres, qui demandent des réponses sur mesure. À titre d’exemple, le numérique, un secteur encore très masculin, doit développer son attractivité auprès des femmes.
Par ailleurs, 450 de nos collaborateurs sont dédiés à la relation entreprises. Leurs missions : diffuser le message sur les services proposés, repérer les besoins, faire preuve de pédagogie.
Nous constatons un bon accueil des employeurs, qui sont assez ouverts et sont prêts à revoir leurs méthodes de recrutement. Les représentants du monde de l’entreprise, comme les syndicats patronaux, ont bien compris que la lutte contre les difficultés de recrutement passait notamment par l’intégration de profils éloignés de l’emploi.
Aujourd’hui, 72,4 % des entreprises se disent satisfaites de la dernière opération de recrutement qu’elles ont pu nous confier. Ce taux a baissé par rapport à 2020 (80 %), une baisse principalement imputable aux difficultés rencontrées pour trouver des profils. Si nous trouvons des solutions aux tensions actuelles, et c’est l’objectif, la satisfaction remontera mécaniquement.
