Bouches-du-Rhône
Philippe Stefanini : "En 2022, nous avons modifié nos méthodes de prospection à l’international"
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"En 2022, nous avons modifié nos méthodes de prospection à l’international"

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L’agence de développement économique de la métropole Aix-Marseille-Provence, qui en 2021 a accueilli 83 projets d’investissements, a choisi de renforcer en 2022 ses méthodes de prospection à l’international afin de mieux séduire des entreprises susceptibles de venir s’installer sur le territoire d’Aix-Marseille. Philippe Stefanini, le directeur de l’agence, précise ses nouveaux axes de travail.

Philippe Stéfanini, directeur général de l’agence de développement économique Provence Promotion — Photo : Provence Promotion

Quels sont les métiers de l’agence de développement économique de la métropole Aix-Marseille-Provence ?

Au sein de Provence Promotion, nous avons trois métiers : la prospection, l’implantation et ce que j’appellerai l’influence collective. Nous modifions peu à peu notre manière de les aborder. Dans cette période de réindustrialisation, notre travail est de cibler nos prospects de façon plus fine. Nous travaillons aujourd’hui réellement sur les problématiques de souveraineté, industrielle et numérique, qui sont devenues des sujets cruciaux depuis la crise sanitaire du Covid.

Après une année record en 2021, vous avez choisi de modifier vos méthodes de prospection à l’international en 2022. Qu’avez-vous fait, concrètement ?

En termes de prospection, nous collaborons avec deux business school américaines (David Eckless et Jon Huntsman, dans l’Utah). Nous visons des entreprises, pas encore implantées en Europe qui désireraient s’y installer. Celles qui lèvent des fonds, celles qui innovent. Une des business school fait de la veille et l’autre travaille à la prise de contacts. Ce sont des opérations qui font partie de leurs programmes. Quand les entreprises contactées souhaitent nous rencontrer, nous prenons le relais. Nous avons commencé, en 2021, par nous intéresser aux entreprises du secteur industrialo-portuaire pouvant s’installer dans le domaine portuaire ou son hinterland. Et en 2022, nous avons lancé avec le Grand port maritime de Marseille (GPMM) un road show sur différents territoires portuaires américains : San Diego, New York…

Nous avons également choisi de cibler les entreprises dans le domaine de la santé. Dans le cadre du plan France 2030, le gouvernement a lancé un appel à manifestation, doté de 300 millions d’euros, pour la création de trois bioclusters de dimension mondiale, en France. Des espaces où se rencontreront des industriels, des spécialistes de la recherche, des acteurs des soins et de la formation. Aix-Marseille-Université et le pôle Eurobiomed sont candidats à cet appel à manifestation et nous sommes partenaires de leur démarche, car les Clusters doivent avoir une politique de prospection. Nous avons notamment travaillé sur le segment de l’immuno-oncologie avec nos deux business school américaines.

Enfin, le numérique et le besoin de transformation digitale des entreprises font également partie des sujets que nous étudions. Les grandes entreprises ont besoin d’être accompagnées dans leur transformation digitale et nous cherchons ainsi à implanter sur notre territoire les spécialistes du numérique ou des pépites.

Une fois les entreprises sélectionnées et intéressées par notre territoire, reste-t-il encore à concrétiser leur opération d’implantation ?

En effet. Dans ce cadre, pour optimiser les possibilités d’implantation des entreprises, nous travaillons en collaboration avec les investisseurs immobiliers afin qu’ils puissent se lancer sur des offres qui n’existaient pas. Il est essentiel d’éviter l’offre unique si l’on veut espérer intéresser les prospects. Certains vont vouloir du flexoffice, d’autres du coworking, pour d’autres encore il sera nécessaire de proposer des locaux dédiés aux biotechs… Nous travaillons actuellement sur les concepts de logistique à étage ou d’usine multi-utilisateurs. Nous connaissons les volumes potentiels, les besoins et les attentes de ceux qui veulent s’implanter. Ce sont des critères essentiels pour les investisseurs immobiliers. Nous avons notamment travaillé avec le pôle Eurobiomed afin de créer, avec l’opérateur immobilier DocCity LifeSciences, un futur biopole centré sur la recherche et l’innovation dans le domaine de la santé, de 8 000 m², sur le site qu’EDF devrait prochainement quitter avenue Viton à Marseille. Nous avons par ailleurs, réalisé un ouvrage qui brosse le portrait du futur des lieux de travail en nous appuyant sur des exemples tirés de notre territoire.

Afin de séduire les prospects potentiels, comment envisagez-vous la communication sur le territoire ?

Nous avons choisi de mener un travail " d’influence collective ". Pour cela, nous nous adressons à l’ensemble des acteurs liés à la décision de l’entreprise : les politiques, les cabinets d’avocat, de conseil, les universités… La décision d’implantation des entreprises, ne se gagne pas en direct avec la société prospect. Celle-ci va interroger l’écosystème. Il est donc essentiel que notre écosystème renvoie les bons signaux et les bonnes informations. Nous avons ainsi sélectionné une dizaine de personnes d’influence (président d’université, d’entreprises…) à qui nous avons présenté une dizaine de projets totem (l’extension de l’aéroport Marseille-Provence menée par Norman Foster dans le cadre d’un plan d’investissement de 500 millions d’euros sur dix ans, ou projet du Grand Port Maritime de Marseille et du hangar J1 par exemple) qu’ils vont pouvoir porter et dont ils vont pouvoir parler à certains de leurs interlocuteurs. Parmi les messages forts que nous voulons passer, nous souhaitons rappeler qu’Aix-Marseille est un territoire qui peut optimiser l’impact sociétal des investissements qui y sont réalisés, notamment en termes d’inclusion.

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