Phenix Sport transforme le plastique en maillots et matériel de sport
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Phenix Sport transforme le plastique en maillots et matériel de sport

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Lancé il y a tout juste un an, Phenix Sport fabrique des maillots de sport à partir de bouteilles en plastique récupérées en Méditerranée. Le succès a été immédiat auprès des clubs. La start-up niçoise vise ainsi les 19 tonnes de textile recyclé en 2022. L’étape suivante est déjà amorcée : il s’agit cette fois de fabriquer du matériel sportif à partir des maillots usés. De quoi boucler la boucle dans un cercle vertueux infini.

Olivier Guigonis (à gauche) et Paul-Emmanuel Guinard ont créé Phenix Sport, acteur de l’économie circulaire qui recycle le plastique en maillots de sport et les vieux maillots en matériel de sport — Photo : Olivia Oreggia

Les créateurs

Olivier Guigonis et Paul-Emmanuel Guinard viennent tous deux de l’univers du sport. Le premier a œuvré ces dix dernières années dans le marketing sportif. Le second a travaillé pour Salomon et Intersport au développement de marques "outdoor" (plein air). Créer un équipementier écoresponsable était dans un coin de leur tête depuis des années. Le confinement de mars 2020 a accéléré les choses en accouchant à sa sortie de Phenix Sport. Le site internet est mis en ligne en juin et le succès quasi immédiat. "Sans publicité ni communication, des clubs nous ont très vite contactés et ont passé commande. Le design, les process, l’histoire ont plu. On n’a pas arrêté depuis", assurent les deux entrepreneurs.

Le concept

Le polyester est fabriqué à base de plastique et donc de pétrole. Tel l’oiseau mythique qui renaît de ses cendres, Phenix Sport fait revivre des bouteilles plastiques récupérées en mer sous forme de maillots de sport. Football, rugby, hockey sur gazon… la start-up fait du sur-mesure pour les clubs (principalement amateurs à ce jour) quant au design et aux couleurs, et sans encre chimique. Le tout fabriqué au Portugal. "Nous avons choisi entre le made in France et des tarifs situés en plein milieu de marché par rapport à la concurrence, soit vingt euros l’unité environ", explique Olivier Guigonis. "On arrive ainsi à batailler avec Nike, Adidas ou Puma là où habituellement, les marques textiles éco responsables sont beaucoup plus chères. Nous n’avons aucun coût marketing ou de publicité", ajoute Paul-Emmanuel Guinard. "On supprime les intermédiaires et on prend moins de marges. Et nous arrivons à entrer dans tous les appels d’offres des clubs professionnels qui pensaient d’abord que nos produits étaient obligatoirement trop chers puisque fabriqués en Europe." La pédagogie fait son chemin, portée par le bouche-à-oreille et le contexte sanitaire. "Les saisons sportives étant gelées par la pandémie, tout le monde a eu du temps pour réfléchir et se projeter, et tous veulent changer d’approche. Nous avons peut-être gagné trois ans avec la crise sanitaire, mais le besoin existait."

Les perspectives

Phenix Sport ne vend ses maillots qu’en B to B, canal lui permettant d’assurer une entière traçabilité et ainsi boucler la boucle. "On récupère des bouteilles plastiques en Méditerranée et on les recycle en maillots. Les clubs nous rendent ensuite leurs maillots usés qui sont triés à Vitrolles par la société d’insertion professionnelle Provence TLC. Ce qui n’est pas valorisable sera envoyé dans la Loire chez Mapea, entreprise qui a développé un brevet, central dans notre projet, qui permet de broyer et fondre du textile et d’en faire des granulés de plastique." Ces granulés donneront à leur tour naissance à des coupelles, ces petits plots en plastique colorés que l’on trouve sur tous les terrains d’entraînement de France et d’Europe. Baptisé R-Shape, ce projet a été récompensé par Refashion l’éco-organisme privé agréé qui lui a accordé 96 000 euros pour son développement. Le coût total du projet se situe entre 200 000 et 300 000 euros, et sera essentiellement financé par la vente des maillots pour laquelle Phenix Sport vise les 500 000 euros de chiffre d’affaires 2021. "Les coupelles en tant que telles ne nous permettront pas vraiment de gagner de l’argent mais elles nous permettront de recycler du textile. On ne peut pas parler de modèle circulaire si on n’a pas de produit de sortie", souligne le duo qui réfléchit aussi à intégrer une puce NFC dans ses maillots pour permettre aux clubs d’en connaître notamment la traçabilité. Mais comment recycler cette puce ? "On y travaille. Dès qu’on crée un produit il faut qu’il puisse être recyclé et recyclable sinon on ne le fait pas. C’est le socle de tout ce que nous mettons en place."

Le prototype des coupelles est attendu début 2022. D’ici là, Phenix Sport aura recruté au moins trois personnes. La start-up a déjà trouvé des distributeurs. "Le jour où la coupelle sort, on aura gagné, on aura vraiment réussi et on pourra réfléchir à d’autres produits. On aura prouvé la crédibilité de Phenix car on sera complètement circulaire."

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